Une histoire musicale du 11 septembre
Dans un livre intitulé Ground Zero : Une histoire musicale du 11 septembre, le journaliste Jean-Marie Pottier s’intéresse à l’héritage musical de la catastrophe et à la symbolique des tours du World Trade Center, utilisée bien avant le 11 septembre dans la musique.
Il y a quinze ans, jour pour jour, New York se réveillait avec une vision cauchemardesque. Deux avions venaient de se fracasser dans les tours du World Trade Center. Un attentat qui allait faire plus de 3.000 morts. Cet événement a suscité bien des réactions à travers la planète et définit encore le monde tel qu'il est aujourd'hui.
World Trade Center, un symbole culturel avant les attentats
Le monde de la musique a lui aussi été bouleversé. De Bruce Springsteen à Jay Z, en passant par R.E.M ou Bob Dylan, le 11 septembre a marqué l'œuvre de nombreux artistes américains. Et c'est tout l'objet du livre Ground Zero : une histoire musicale du 11 septembre, paru aux éditions Le Mot et le Reste en août dernier. Son auteur, Jean-Marie Pottier, journaliste à Slate, s'est intéressé aux conséquences de l'attaque mais aussi à la représentation des tours jumelles dans la musique.
"Le Word Trade Center était une icône avant les attentats. Il figurait dans des clips, dans des chansons. Il y a même des artistes qui l'ont fait exploser sur des pochettes de disques avant les attentats et qui ensuite ont été vus comme des prophètes de ce qu'il s'est passé", explique Jean-Marie Pottier dont l'ambition du livre était aussi de "raconter l'histoire d'un symbole culturel à travers la musique", avant même sa destruction.
Vidéo : en mars 1990, le clip de Depeche Mode est tourné au sommet de la tour numéro 2 du World Trade Center.
Une production musicale marquée par le 11/09
Le mardi 11 septembre 2001 était aussi un jour de sortie de disques. Certains albums ont donc été à jamais marqués par les attaques contre les tours jumelles. Parmi eux, Love and Theft de Bob Dylan qui est "rempli de métaphores, de scènes de catastrophes, de scènes bibliques de destruction et où chacun a pu aller chercher ensuite des signes" des attentats qui viennent de se produire. Le même jour sort aussi The Blueprint de Jay Z, à l'époque son meilleur album, ce qui lui fera dire, dix jours après sur scène, qu'il est plus fort que les attentats.
Le 11 septembre a aussi beaucoup influencé la musique contemporaine moderne "parce que c’était un évènement qui avait aussi une charge symbolique visuelle ou sonore très forte", explique Jean-Marie Pottier. Des artistes ont ainsi essayé de recréer toute cette dimension sonore dans leurs compositions, à l’instar de Steve Reich qui, dans son album WTC 9/11 a récréé avec un violon le son d’un téléphone en dérangement. Au moment où il a vu à la télévision les avions s'écraser dans les tours, l'artiste était au téléphone avec son fils qui habitait en face du World Trade Center, redoutant que le téléphone ne s’interrompe.
La Country verse dans le bellicisme
La scène Country s’est elle emparée de l’événement pour en faire un support patriotique. "Il y a une chanson par exemple qui s’appelle Courtesy Of The Red, White, And Blue (The Angry American) dans laquelle le chanteur Toby Keith menace Ben Laden de venir lui foutre un coup de pied au cul. Ce sont des chansons de mobilisation générale qui sont faites pour motiver les soldats à aller faire la guerre là-bas. Il y a eu un côté très belliciste de la Country à l’époque", raconte Jean-Marie Pottier.
"Je ne suis pas sûr que la musique puisse aider à court terme, comme on dirait d’un médicament, mais je pense que l’art a une dimension plus forte que l’évènement. Plutôt que l’aide à court terme, c’est la façon dont on créé une mémoire autour de l’évènement", conclut l’auteur de Ground Zero : une histoire musicale du 11 septembre, dont vous pouvez retrouver la playlist complète sur le blog musique11septembre.tumblr.com
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