Solidays et Hellfest solidaires, un Printemps de Bourges numérique : les festivals au lendemain de l'annulation
Après l'annulation, la billetterie de Solidays est toujours ouverte en solidarité, Bourges prépare un Printemps imaginaire en ligne, le Hellfest soutient le CHU de Nantes
Les gros festivals d'été coupent le son, et après ? La billetterie de Solidays reste ouverte par solidarité à la demande de festivaliers, le Printemps de Bourges devient numérique, tandis que le Hellfest part au bras de fer avec son assureur.
Solidays n'est pas un festival comme les autres. Il sert à financer l'association Solidarité Sida, soutien en 2019 de 108 projets d'aide aux malades portés par près de 80 structures partenaires dans 22 pays. L'annulation de l'édition 2020 (19-21 juin) signifie 3 millions d'euros en moins pour ces programmes.
La billetterie de Solidays reste ouverte pour soutenir Solidarité Sida
Luc Barruet, directeur-fondateur du festival et de l'association, s'emploie à persuader partenaires publics et privés de maintenir subventions et soutiens. Il avait aussi demandé à ce que les détenteurs de billets ne sollicitent pas de remboursement. "Mais deux trois festivaliers m'ont dit : 'Et pourquoi ne pas laisser la billetterie ouverte pour aider ?'", raconte à l'AFP Luc Barruet. "J'ai dit 'c'est une blague ?'. J'en ai parlé autour de moi, fait un sondage sur les réseaux sociaux. Avec des retours positifs. On l'a fait, et mardi soir, 200 nouveaux billets ont été vendus !"
"Ils sont fous", rigole le patron de Solidarité Sida. "Ça raconte une belle histoire, cette période a le mérite de nous ramener à l'essentiel, nous rappelle que la priorité c'est l'humain." La billetterie reste donc ouverte jusqu'au 30 avril, et en mai, Solidays mettra en place un dispositif de remboursement pour ceux qui le veulent.
Le Printemps de Bourges prépare un "Printemps imaginaire" et numérique
Le Printemps de Bourges a été un des premiers à devoir annuler en raison de la crise sanitaire. Mais une version numérique se tiendra bien aux dates initiales (21-26 avril) avec "créations, reprises, textes, fantaisies" proposés notamment par les artistes programmés à l'origine, comme l'explique à l'AFP Boris Vedel, le directeur du festival. Une partie de l'affiche sera dévoilée jeudi 16 avril, la totalité lundi 20 avril.
"C'est une réaction à une édition qui nous a été volée, poursuit le responsable. Et puis, il ne faut pas oublier que 70% des artistes programmés sont émergents, ce festival est une plateforme essentielle pour leur développement, et c'est ce qui nous importe." Boris Vedel mise sur une "centaine de contributions" pour ce "Printemps imaginaire".
Le Hellfest en conflit avec son assureur, les métalleux soutiennent le CHU de Nantes
Les jours qui viennent pour le Hellfest, dédié à la scène metal et initialement prévu du 19 au 21 juin en Loire-Atlantique, sont plus terre à terre. Le festival et son assureur s'affrontent sur les termes du contrat qui les lie depuis l'annulation. "Ca va me forcer à aller au contentieux, à générer des frais, alors qu'on aura déjà du mal à se relever d'une année blanche puisque ce festival est notre seule activité", enrage auprès de l'AFP Ben Barbaud, patron du Hellfest.
A la tête d'un budget "au-delà de 22 millions d'euros" et de "22 salariés permanents", ce barbu tatoué jusqu'aux phalanges estime déjà les "pertes sèches à plus de 2 millions d'euros". Seule éclaircie dans son ciel, le succès de la cagnotte en ligne mise en place par le Hellfest pour soutenir le CHU de Nantes sur le front de la lutte contre le Covid-19. Le premier objectif de 66.666 euros - clin d'oeil au chiffre 666, à l'aura maléfique dont jouent les amateurs et groupes de metal ou hard rock - a déjà été atteint en 48h, le festival ayant fait un don de 20 000 euros (somme versée chaque année pour l'intervention de médecins urgentistes sur le Hellfest).
"C'est une belle générosité, ça va me permettre de faire un premier versement au CHU, se félicite Ben Barbaud. On va la laisser ouverte jusqu'au 11 mai (date possible du déconfinement) et peut-être qu'on pourra passer la barre des 100.000 euros." De quoi casser les stéréotypes associés au fan de metal ? "Oui, c'est un public très marqué, qui a une mauvaise image, et là, c'est l'occasion de le présenter sous un angle différent", dissèque Ben Barbaud.
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