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"The Pretenders - Chrissie Hynde ou la vie en rock" : portrait documentaire d’une chef de bande opiniâtre

Chrissie Hynde fait partie des rockeuses de légende aux tubes incontournables : ses Pretenders, elle les tient à bout de bras, à la guitare et aux micro, depuis plus de quarante ans. Arte.tv lui consacre un documentaire à voir jusqu'à l'été.
Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 5min
Chrissie Hynde, la chanteuse et guitariste des Pretenders, sur scène à Stuttgart (Allemagne) le 21 juin 2009. (MARIJAN MURAT / DPA / AFP)

Brass in pocket, Don’t Get Me Wrong, Message of Love, Middle of the road, I’ll Stand by You : The Pretenders ont aligné une sacrée brochette de tubes depuis la fin des années 70. Emmené par la chanteuse et guitariste américaine Chrissie Hynde, ce groupe de rock, né à Londres en 1978, s'est imposé en pleine explosion punk avec quelque chose de différent : un rock mélodique aux refrains obsédants et un hit (chipé aux Kinks, héros de Chrissie Hynde) dès le premier single, Stop Your Sobbing. Il sera suivi par Brass in pocket que la chanteuse détestait et qualifiait de "disco faiblard de chanteuse américaine de boite de nuit" et qui va se retrouver numéro un partout.

Cette ascension éclair a néanmoins eu une genèse et une suite compliquées que raconte le documentaire de Claire Laborey The Pretenders - Chrissie Hynde ou la vie en rock, à voir sur Arte.tv. Un film riche d’images d’archives et de concerts, et ponctué d’extraits de son autobiographie Reckless : My Life as a Pretender (non traduite en français).

Cinq ans de galère à se chercher, de Londres à Paris


Née en 1951 à Akron (Ohio, Etats-Unis), Chrissie Hynde est un garçon manqué à l’adolescence qui n'a qu'une passion, la musique. Elle commence à écrire des chansons à 14 ans, avec sa première guitare et fuit son midwest natal dès qu'elle le peut. Elle débarque à Londres en 1973, puis rejoint Paris où elle restera un an en compagnie du groupe The Frenchies, et retourne à Londres où, sans le sou, de squat en squat, elle se cherche. Rock critic pour le New Musical Express, elle massacre les groupes – "plus mes articles étaient mal écrits et dédaigneux, plus le magazine m’applaudissait", se souvient-elle. Puis Malcolm McLaren et sa compagne la styliste Vivienne Westwood lui proposent un job de vendeuse dans leur boutique SEX, épicentre londonien du mouvement punk où se formeront les Sex Pistols.

Après cinq ans d’errance et l’envie chevillée au corps de jouer dans un groupe, elle monte enfin The Pretenders en 1978, à l'âge de 27 ans, avec trois musiciens originaires d’Hereford : le guitariste James Honeyman-Scott, le bassiste Pete Farndon et le batteur Martin Chambers. Aussitôt, les planètes s’alignent. Elle est folle d’Iggy Pop, son guitariste est fan d’Abba, mais au lieu de tirer à hue et à dia, l’alchimie fonctionne parfaitement : elle le tire vers le rock, il l’attire vers la mélodie. Emmenée par sa voix si particulière, qui n'hésite pas à mordre à l'occasion, la formation tutoie les cîmes des charts et enchaine les concerts et les tournées, notamment aux Etats-Unis.

Double tragédie et renaissance

"J’étais passée de la fille dont on ne voulait pas, à la rebelle préférée de l’Amérique", résume-t-elle. Mais pas question de jouer le jeu de la chanteuse sex symbol qu’on attend d’elle. Chrissie Hynde, une des rares femmes à prendre le lead d'un groupe de rock à l'époque, refuse catégoriquement d’être prise en photo seule : "Les Pretenders, c’était nous quatre". Sauf que la drogue a raison coup sur coup de ce groupe pourtant soudé que Chrissie Hynde n’arrive bientôt plus à porter à bout de bras : le guitariste meurt d’une overdose de cocaïne en 1982 et l’année suivante c’est le bassiste qui succombe à une surdose.

D’autres auraient lâché l’affaire pour moins que ça. Mais avec son batteur Martin Chambers, Chrissie Hynde ne lâche rien. En véritable chef d’orchestre, elle va surmonter le double drame et aller de l’avant avec de nouveaux musiciens. Le groupe, qui a connu depuis de nombreuses refontes et changements de personnel, est devenu en quelque sorte "un hommage à ses musiciens d’origine", aime-t-elle à le définir. Et ce sans que le succès ne se démente à ce jour (le groupe est encore en activité, son dernier album est sorti en 2020).

Mettre à bas l'establishment


Pourtant, la chanteuse et musicienne américaine, qui a élevé deux filles entre temps, brûle d’un autre feu inextinguible. "J’ai un groupe qui déchire, mais je veux plus", expose-t-elle. "Je veux aussi changer le monde et mettre l’establishment à genoux. Je l’ai toujours voulu." Elle s’engage contre la fourrure et pour un traitement éthique des animaux aux côtés du PETA, et promeut le végétarisme. On la voit participer à des manifestations et se faire embarquer. "Je veux faire plier les multinationales, les humilier publiquement. C’est pour moi comme être dans un groupe de rock." Si elle n'était pas dans les clous du punk musicalement, l’esprit punk, lui, ne l’a visiblement jamais quittée.

The Pretenders - Chrissie Hynde ou la vie en rock, documentaire de Claire Laborey (France, 2021, 52mn) A voir sur arte.tv et sur YouTube jusqu’au 15 août 2023.

On peut prolonger le plaisir en regardant sur arte.tv le live The Pretenders – Decades Rock Live !, un concert enregistré à Atlantic City (Etats-Unis) le 11 août 2006, avec Iggy Pop, Kings of Leon, Shirley Manson de Garbage, disponible jusqu’au 31 juillet 2023.

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