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Radiohead a décroché la Lune lundi au Zénith de Paris
Au troisième concert de sa première tournée en quatre ans, Radiohead est apparu en grande forme lundi soir au Zénith de Paris, offrant un show riche en émotions et en surprises. Disséminés au milieu des titres de leur nouvel album, le somptueux "A Moon Shaped Pool", Thom Yorke et les siens ont offert une poignée de raretés au public parisien, au premier rang desquelles leur premier hit "Creep".
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Pas de section de cordes mais un batteur en renfort
Premier constat avec "Burn the Witch", le titre brûlant qui ouvre le show (et le nouvel album) depuis le début de la tournée : Radiohead n'a pas embarqué de section de cordes dans ses bagages. Dommage alors que le London Orchestra imprime en partie sa couleur à leur somptueux "A Moon Shaped Pool". OK, on fera sans. En revanche, ils ont recruté un batteur en renfort, Clive Deamer, une sorte de frère jumeau de Phil Selway (dont on fêtait l'anniversaire ce lundi), chauve lui aussi (de loin, on peine à les distinguer).Le début du show installe sa mélancolie délicate et mystérieuse avec les cinq titres du nouvel album qui semblent désormais immuables en ouverture : "Burn the Witch", "Daydreaming", "Decks Dark", "Desert Island Disk" et "Ful Stop".
La majorité du public est à peu près familiarisée avec ces petits bijoux, découverts il y a quinze jours tout au plus. Mais ces chansons (10 seront jouées sur les 11 de l'album, "Glass Eyes" en moins) n’ont pas encore le goût de l’intime et la patine que leur confèrera le temps. Accueillis dans un silence religieux et très applaudis, ils ne donnent pas lieu aux rugissements cathartiques qui prévaudront sur la fin.
Les nouvelles chansons brillent de mille feux
Pourtant, il y a déjà de quoi exulter. La version ultra dépouillée de "Daydreaming" est une pure merveille de délicatesse qui met en valeur la voix de Thom. La longue intro pluvieuse de "Decks Dark" flanque les frissons avant d’entrer lentement au pays de la défaite et des chœurs hantés.Pour "Desert Island Disk", Thom Yorke est quasi seul avec sa guitare acoustique, comme lorsqu’il avait dévoilé cette chanson en marge de la Cop 21 au Trianon en décembre. Puis "Ful Stop" flanque un coup de chaud, un coup de stress sur le Zénith, le rythme cardiaque s’accélère et l’air s’épaissit. On admire la capacité inouïe de Radiohead a densifier l’atmosphère avec autant d’aisance et de subtilité.
Le groupe, qui varie le coeur de la setlist chaque soir pour s'épargner la routine, entame alors sa digression bien dosée dans les titres de sa discographie passée avec "Lotus Flower", qui reste sur le même registre de densité. Thom Yorke a laissé tomber son perfecto, et, maracas en mains, ondule comme un serpent.
Petit passage à vide, matière à réflexion
Pourtant, en dépit de la rareté des exhumations suivantes, "The National Anthem", "My Iron Lung" et "No Surprise" (pas joué sur scène depuis 2009), le groupe nous perd peu à peu, momentanément.C’est le moment où se confirme l’excellence de leur dernière livraison. Exceptés les gros hits, certains titres passés de Radiohead peinent à soutenir la comparaison. Ils semblent décousus, inutilement alambiqués, et parlent davantage à la tête ou aux jambes qu’au cœur. Il faut se rendre à l’évidence: avec son neuvième album, la bande d’Oxford est parvenue à un sommet inégalé d’expressivité et d'hamonie dont il est à craindre qu’elle ne puisse plus que redescendre désormais.
Démonstration à nouveau lorsque la magie revient avec les récentes pépites "Identikit" et "The Numbers", que soutiendront au bras de fer le doublé de "Kid A" : "Everything in its right place" avec Thom en majesté aux claviers et "Idiotheque" où le génial Jonny Greenwood, cisaillant sa six cordes comme un damné, ne nous a jamais autant fait penser à un mélange de Murdoc et 2-D, les personnages virtuels de Gorillaz.
Deux beaux cadeaux au rappel
Le groupe a réservé ses plus belles surprises au rappel. D’abord "True Love Waits" jouée pour la première fois depuis 2006 dans une version au goût d’éternité, moins désespérée cependant que sur l’album (la preuve : on a retenu nos larmes). Ensuite le très bossa nova "Present tense" enchaîné avec une belle fluidité à "Paranoid Android" presque méconnaissable au début avec ses accents latins.Enfin, au second rappel, juste avant un plaintif "Pyramid Song" de clôture et alors que personne n’y croit plus depuis des lustres, survient le nirvana. Introduit par Thom Yorke avec un rire sardonique - "it’s just a laugh, just laugh" - résonne "Creep", leur tout premier hit, qui remonte à 1992 et n'avait pas été joué depuis sept ans. Liesse générale. Forêt de bras en l’air et chœurs de gosiers enfiévrés. On en a vu tomber à genoux quand d'autres braillaient "alleluia" ! Mardi matin, les voix cassées se comptaient par centaines à Paris...
Radiohead est à nouveau en concert mardi au Zénith de Paris avant de mettre le cap sur l'Angleterre et de revenir le 1er juin à Lyon aux Nuits de Fourvière.
La setlist du concert du 23 mai au Zénith de Paris
01 Burn The Witch
02 Daydreaming
03 Decks Dark
04 Desert Island Disk
05 Ful Stop
06 Lotus Flower
07 The National Anthem
08 My Iron Lung
09 No Surprises (jouée pour la première fois depuis 2009)
10 Bloom
11 Identikit
12 The Numbers
13 Separator
14 The Gloaming
15 Everything In Its Right Place
16 Idioteque
17 Bodysnatchers
Rappel
18 True Love Waits (pas jouée depuis 2006)
19 Present Tense
20 Paranoid Android
21 Tinker Tailor Soldier Sailor Rich Man Poor Man Beggar Man Thief
22 Weird Fishes/Arpeggi
Second rappel
23 Creep (pas jouée depuis 2009)
24 Pyramid Song
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