Cet article date de plus de sept ans.
Pour John Lydon alias Johnny Rotten, on reçoit aujourd'hui un "coup de pied aux fesses" prévisible
Du Brexit à Donald Trump, le monde a été secoué ces derniers mois, souvent à la plus grande surprise des spécialistes. Mais pas à la surprise de John Lydon, alias Johnny Rotten. L'ex-chanteur des Sex Pistols voit dans ces événements un "coup de pied aux fesses" prévisible.
Publié
Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Pour l'un des pères du punk, devenu célèbre sous son nom de scène Johnny Rotten, le tumulte actuel montre à quel point les plus jeunes générations sont devenues complaisantes.
Trump est "un coup de pied aux fesses dont les gens avaient besoin"
"Je crois que de temps en temps, le monde a besoin d'être secoué. La léthargie finit toujours par récolter ce qu'elle mérite", ironise-t-il dans un entretien téléphonique avec l'AFP. Pour lui, Trump est ce "genre de coup de pied aux fesses dont les gens avaient besoin". Le musicien n'est pourtant pas un supporteur du Brexit, ni du nouveau président américain. Il a critiqué Donald Trump notamment pour ses positions contre l'avortement, un sujet dont John Lydon parlait déjà avec les Sex Pistols il y a justement quarante ans, dans leur titre "Bodies" figurant sur leur célébrissime album "Never mind the bollocks" (1977).Mais John Lydon, né à Londres dans une famille ouvrière irlandaise, comprend le "désespoir" économique et partage un profond mépris pour les responsables politiques. "L'idée de continuer à faire de la politique sans rien changer, c'est fini maintenant", assure-t-il. "Ca fait maintenant deux ou trois générations qui se vautrent dans l'apathie, et les barbes absurdes et des bonnets idiots. Ils se ressemblent tous, parlent tous pareil", dénonce-t-il. "Il n'y a pas d'énergie, ça finit donc par être extraordinairement négatif et ça ouvre la porte au Donald" (Trump). Surgissant dans une Angleterre encore très guindée, les Sex Pistols avaient choqué dans les années 1970 en hurlant des paroles provocatrices sur une musique à vif. Mais s'il criait "Je suis un anarchiste" sur le célèbre titre "Anarchy in the UK", John Lydon assure qu'il n'en a jamais véritablement voulu. "J'ai toujours vu l'anarchie comme un jeu de l'esprit des classes moyennes, les quelques privilégiés, gâtés qui peuvent se permettre de s'adonner à ce genre de philosophie absurde". "Quelqu'un doit construire des routes et ça ne sera certainement pas les anarchistes", lance-t-il avant un long éclat de rire.
Un livre regroupant les paroles de nombre de ses chansons
Compositeur de nombreux titres marquants du punk, il publie un livre le 31 mars regroupant les paroles de 127 chansons des Sex Pistols et de son groupe de post-punk, Public Image Ltd. Présentant des photos de ses textes manuscrits accompagnées de ses dessins, l'ouvrage ne sortira qu'à 1.000 exemplaires, afin d'assurer une grande qualité d'édition, assure-t-il. L'idée lui est venue lorsqu'il a dû rassembler toutes ses paroles avant de jouer en Chine pour la première fois en 2013, avec Public Image Ltd. "Le gouvernement a insisté pour lire toute mes paroles de chansons. Nous nous attendions évidemment à ce que ce soit négatif. Mais non, ça a été brillamment positif, ce qui m'a surpris".Longtemps très difficile d'accès pour les artistes occidentaux, la Chine s'est ouverte ces dernières décennies, mais a renforcé à nouveau ses contrôles après un concert de l'Islandaise Bjork en 2008, qui avait lancé des slogans en faveur de l'indépendance du Tibet.
John Lydon assure pourtant avoir trouvé que la Chine était "un endroit merveilleux", où il a rencontré un public "fantastique". "Je suis désolé, je ne suis pas un de ces étudiants de gauche idiots qui se fait interdire d'entrée pour des raisons idiotes. Je me fais censurer pour de très bonnes raisons", ironise-t-il. Alors que le Royaume-Uni fête cette année le quarantième anniversaire du punk, John Lydon ne compte pas y participer. "Il y avait les Pistols et puis il y avait une tonne de choses nulles. Alors pourquoi voudrais-je m'attarder sur des trucs nuls ?"
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.