New Order en concert sur Culturebox samedi soir, en direct du Sónar
Le bras de fer "Hooky" vs New Order
New Order pourrait être mort. Pourtant, sur scène, le groupe n'a jamais été aussi vivant. Deux formations se réclament en effet aujourd'hui de l'héritage de la formation mancunienne. Le bassiste Peter Hook d'un côté, et tout le reste du groupe originel de l'autre.Alors à qui appartient New Order ? A "Hooky", qui tempête et montre le poing tel un capitaine crochet depuis bientôt dix ans contre ses anciens comparses ? Ou bien à ses complices de 30 ans Bernard Sumner (chant, guitare, claviers), Gillian Gilbert (claviers) et Stephen Morris (batterie), augmentés de Phil Cunningham (guitare depuis 2001) et Tom Chapman (basse depuis 2011) ?
Le premier voudrait priver les seconds de se produire sous le nom de New Order. "Ils prétendent être New Order", s'énerve-t-il, traitant Bernard Sumner de "connard" et son remplaçant Tom Chapman, de "musicien de session arrogant". "Hooky" ne se contente pas d'insultes : il les poursuit de sa vindicte jusque devant la justice pour obtenir une part plus importante des royalties engrangées depuis 2011 - un procès est en cours. En attendant, sous le nom de Peter Hook and the Light, il joue sur scène le répertoire de New Order et de sa matrice Joy Division.
La renaissance avec Gillian et Tom
Le reste de la troupe a fini par s'y faire. Et par s'en relever. Depuis son départ, le groupe a tourné sous le nom de Bad Lieutenant (avec Alex James le bassiste de Blur), avant de récupérer son nom en octobre 2011 à la faveur d'une poignée de concerts. Gillian Gilbert, qui avait quitté la formation en 2001 pour s'occuper de sa famille, est remontée à bord pour de bon à cette occasion, marquée également par le recrutement du bassiste Tom Chapman. Une tournée mondiale a suivi.C'est durant cette tournée qu'a germée l'idée du dernier album de New Order. Premier sans Peter Hook, produit en grande partie par le groupe avec l'aide de Tom des Chemical Brothers et de Stuart Price sur deux-trois chansons, cet inespéré "Music Complete" a vu le jour en septembre dernier. Eclectique et imparfait, multipliant les invités au micro (Iggy Pop, la chanteuse La Roux, le chanteur de The Killers etc), abusant de ficelles dancefloor discutables, c'est un album néanmoins plutôt réjouissant.
Un nouvel album imparfait mais plutôt réjouissant
D'abord parce qu'il renoue résolument avec l'électronique, en retrait sur les précédents disques – quatre synthétiseurs et un moog ont participé à cet album – sans oublier les guitares, mais aussi parce qu'on sent parfois le groupe s'amuser réellement, comme sur la joyeuse sarabande disco house (très madchester) de "People on the High Line".Ensuite parce qu'on n'est pas trompés sur la marchandise : même privé de la basse hautement distinctive de "Hooky", le groupe sonne toujours très New Order. Enfin, parce que l'envie de cet album leur étant venue en tournée - Bernard Sumner prenant note que le public était plus réceptif aux titres électroniques – il semble particulièrement adapté à la scène.
Le concert très attendu de samedi au Sónar
Ce qui nous amène au concert de samedi au Sónar. Sur cette petite tournée internationale des festivals qui ne passe pas par la France, le groupe de légende est acclamé par la critique partout où il passe. Il ne joue pas le dernier album en entier, seule une poignée de titres (notamment Singularity, Restless, Academic, Tutti Frutti...) et pioche dans le plus mémorable de sa discographie.
Attendez vous à replonger dans vos souvenirs des années 80 ("5 8 6" ou "Your silent face" par exemple) et bien entendu à vous rouler par terre sur "Blue Monday", le maxi le plus vendu de l'histoire.
Si tout se passe bien, vous aurez droit à un rappel – New Order fut longtemps un groupe anti-rappel - avec une petite madeleine de Proust signée Joy Division. On parie sur "Love Will Tear Us Apart", ce monument qu'ils avaient dédié sur scène mi novembre à Londres aux victimes des attentats de Paris.
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