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Les Eurockéennes fragilisées par un surcoût "exubérant" lié à la sécurité
Les organisateurs des Eurockéennes, dont la 30e édition démarre jeudi à Belfort, sont "extrêmement inquiets" pour l'avenir du festival. Ils ont dénoncé mercredi une augmentation "exubérante" des coûts liés à la sécurité, imposée par la préfecture. Vendredi, les ministres de l'Intérieur et de la Culture Gérard Collomb et Françoise Nyssen ont demandé aux préfets de "faire preuve de discernement".
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Augmentation de 800% des coûts liés au déploiement des forces de l'ordre
"Historiquement, les Eurockéennes ont toujours participé aux frais de sécurité, mais le montant demandé cette année est exubérant par rapport aux années précédentes", souligne Cédric Perrin, sénateur LR du Territoire de Belfort et vice-président des Eurockéennes. Selon l'Est Républicain, la prise en charge du service d'ordre pour les quatre jours de festivités passerait de 30.000 euros en 2017 à 254.000 euros cette année, des chiffres confirmés à l'AFP par un membre de l'organisation.
"La préfète du Territoire de Belfort applique avec discipline une circulaire du 15 mai du ministère de l'Intérieur et nous impose une augmentation de 800% des coûts liés à la mise à disposition des forces de l'ordre. Nous ne pouvons pas accepter", a ajouté M. Perrin, qui s'est dit "extrêmement inquiet" pour l'avenir du festival.
Cette année, 270 gendarmes, 30 militaires, 45 policiers, 210 pompiers et 80 secouristes sont mobilisés (contre environ 300 militaires, 200 policiers, 260 sapeurs-pompiers pour l'édition 2017).
"Cette mobilisation engendre des coûts conséquents pour les services de l'État", a indiqué la préfecture dans un communiqué. "Des consignes ont été adressées aux préfets pour que les règles posées par la loi en matière de tarification des services d'ordre soient appliquées avec discernement et de manière toujours progressive pour ne pas mettre en difficulté les festivals", a-t-elle ajouté.
"Le dialogue s'engage avec l'organisateur des Eurockéennes pour définir conjointement une juste mobilisation des forces de l'ordre indemnisée", selon elle.
Le festival en péril ?
"On a appris cette augmentation il y a quelques jours et le festival est un événement à but non lucratif avec un résultat final toujours serré. Comment voulez-vous que l'on s'organise ?", a déploré Cédric Perrin.
Si la 30e édition des Eurockéennes - qui doit recevoir un peu plus de 130.000 festivaliers de jeudi à dimanche - aura lieu comme prévu, cette augmentation "met en péril" l'avenir du festival, ont regretté les organisateurs.
Jack Lang avait alerté dès mardi
L'ancien ministre de la Culture Jack Lang a été le premier à dénoncer publiquement ce surcoût. "Le ministre de l'Intérieur, M. Collomb, fait payer aux festivals de France et de Navarre le remboursement de frais de sécurité de plus en plus hallucinants", a-t-il souligné dès mardi matin sur France Inter.
Il a également déploré un autre facteur de fragilisation des festivals français : "L'esprit de service public s'érode. Les compagnies financières, les multinationales prennent ici et là le pouvoir", a-t-il dénoncé, citant, à l'approche des festivals d'été, la "concurrence déloyale" d'événements "monstres" organisés par "l'entreprise multinationale Live Nation".
Collomb et Nyssen demandent aux préfets de faire preuve de discernement
Les frais facturés aux festivals par les préfectures, au nom des mesures de sécurité ne doivent pas plomber leurs finances, ont rappelé vendredi le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb et son homologue à la Culture Françoise Nyssen, évoquant des "difficultés localisées".Dans un communiqué publié vendredi, les deux ministres ont clarifié l'application de la circulaire du ministère de l'Intérieur citée par les Eurockéennes. "Chacune de ces manifestations doit donner lieu à la mise en place de mesures adaptées pour garantir la sécurité des manifestations culturelles et celle des festivaliers", mais cette circulaire ne fait que confirmer des règles déjà en vigueur, a rappelé le ministre de l'Intérieur.
"Des difficultés localisées ayant pu survenir dans l'interprétation du texte, le ministre de l'Intérieur a rappelé aux préfets la nécessité de faire preuve de discernement dans l'application de ces instructions". En outre, la Place Beauvau souligne que le coût facturé par les préfectures "doit toujours rester compatible avec l'équilibre économique des festivals", et que "toute éventuelle évolution du montant facturé doit être discutée suffisamment en amont" avec l'organisateur.
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