Le groupe Zebda repart en campagne "comme des Cherokees"
"Quand on était petits, on se disait qu'on était des John Wayne, des cow-boys... Mais à l'âge qu'on a aujourd'hui, on se dit que non, finalement, on est plutôt les Indiens", expliquent à l'AFP les chanteurs Magyd Cherfi, 51 ans, et Mustapha Amokrane (dit "Mouss"), 46 ans, au sujet du titre de leur nouvel album, "Comme des Cherokees" (Barclay/Universal), qui sort lundi.
Plutôt qu'un sixième album studio, les Toulousains considèrent ce nouveau disque comme le deuxième chapitre de leur "Second tour": l'album qui, en 2012, avait marqué le retour en forme du groupe après une pause de huit années nourrie de projets annexes.Désilusion politique
2012, année électorale qui avait aussi vu le groupe, depuis toujours engagé et citoyen, apporter son soutien explicite au candidat François Hollande. Celui-ci était venu les rencontrer dans l'entre-deux tours de la présidentielle au printemps de Bourges. "A ce moment-là, il ne restait que deux candidats. Pour nous le choix était évident. On voulait que Sarko parte", explique Mouss, précisant qu'il s'agissait d'un "geste de circonstance".
"Maintenant, on ne se faisait pas non plus d'illusions. On avait déjà été trahi quelques fois par les socialistes, sur le droit de vote des étrangers, la double peine, la égularisation des sans-papiers... Et aujourd'hui on constate qu'en effet, on avait raison de ne pas s'en faire, des illusions", ajoute le chanteur, dont le frère Hakim participe aussi des lyrics du groupe.
Une amertume partagée par Magyd: "En période d'élection, c'est toujours : 'Ah Zebda, ces beurs multicolores et républicains, c'est bon pour nous !' Et nous, on a toujours eu la faiblesse de dire, allez un petit soutien... Mais c'est un peu une humiliation de voir comment on est traité." Des prises de position, pas des meetings
Pas question pour autant de ruer dans les brancards avec des chansons-brûlots. C'est à sa façon, avec poésie, tendresse et humour, que Zebda mène sa campagne contre l'uniformisation contemporaine, à travers des portraits de la France d'aujourd'hui, vue de Toulouse.
"On n'a jamais été rentre-dedans, on joue plutôt avec les images, les métaphores. On essaie de penser juste: ne soyons pas plus coléreux que ce que l'on est, ne soyons pas plus acidulés que ce que l'on est", relève Magyd, auteur des textes.
"Une fois qu'on a fait 'Le bruit et l'odeur', en 1995, (une chanson dénonçant des propos de Jacques Chirac sur les immigrés), on ne va pas refaire une chanson identique", appuie Mouss. "On ne veut pas que nos chansons soient des discours comme on ne veut pas que nos concerts soient des meetings."
Les mots des Zebda sont aujourd'hui pour les "Chibanis", ces vieux immigrés venus en France pour travailler et désormais retraités modestes, pour les victimes des marchands de sommeil ("Fatou") ou pour cette ville de Toulouse perdant son accent ("L'accent tué"). La fête
Mais la France des Zebda reste d'abord un pays de fête et de danse. Un pays où le funk des "Petits pas", qui doit beaucoup au guitariste de FFF, Yarol Poupaud, réalisateur de l'album, côtoie le son plus rock du sportif "Essai", hommage au rugby.
De quoi ravir les fans de toujours, ceux qui ont maintes fois "tombé la chemise" en discothèque, et aussi séduire leurs enfants autour d'un disque voulu "familial".
Sur les routes depuis juin, avec notamment des concerts en Tunisie et en Egypte où ces Français d'origine algérienne n'avaient jamais joué, les Zebda sillonneront la France jusqu'à décembre. Avec un passage à Toulouse, le 12 octobre, et à Paris, le 4 novembre.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.