Cet article date de plus de six ans.

Le groupe anglais Shame ravive la flamme punk sur son premier album "Songs of Praise"

Il s'appelle "Songs of Praise" et c'est la première bonne nouvelle musicale rock de l'année. Avec ce premier album, les jeunes Londoniens de Shame réactivent l'esprit punk dans ce qu'il a de meilleur. Enfant de Clash et de The Fall, ce disque est urgent, politique, féroce et sans excuses. Le coup de pied aux fesses indispensable pour bien démarrer 2018.
Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 4min
Shame, le jeune gang post-punk indispensable émergé du Sud de Londres.
 (DR)

S'exprimer et se faire entendre, moteur de Shame

Shame est l'un des groupes rock les plus excitants du moment. D'abord, il a la fraîcheur de ses musiciens, 20 ans de moyenne d'âge et tous amis d'enfance. Ensuite, Shame a un trésor : Charlie Steen, chanteur charismatique et leader passionné. Enfin, "Songs of Praise", leur premier album, est plein à ras bord d'hymnes rock lestés de guitares incendiaires et de questionnements - en particulier comment se faire entendre, thème récurrent du disque, chanté et braillé sur tous les tons ("Je ne veux pas être entendu si tu es le seul à écouter", résume Charlie sur "The Lick").

Thèmes variés et influences multiples

On passe avec eux de l'ironie mordante ("Pourquoi ne télécharges-tu pas sur ton lecteur de MP3 le prochain meilleur morceau/Que t'a si sincèrement recommandé le New Musical Express?" sur "The Lick"), à la crudité glaçante ("Gold Hole" sur la prostitution adolescente), et du nonsense ("Donk") au romantisme juvénile ("Angie" parle d'une jeune suicidée aimée par delà la mort). 

S'ils citent The Fall et son chanteur Mark E.Smith comme influence première, on ne peut s'empêcher d'entendre aussi chez Shame l'intelligence aiguisée de Clash, la tension et la rigueur de Fugazi, mais aussi les refrains pop impeccables d'Oasis ("One Rizla" et surtout "Angie"), et même le groove des Happy Mondays ("Friction" qui rappelle "Kinky Afro"). 

Un groupe labellisé South London

Shame a émergé de South London (Sud de Londres) en compagnie d'une poignée d'autres groupes de la même génération comme HMLTD, Goat Girls ou Dead Pretties. Enfants de la débrouille, ils se sont agrégés au-dessus d'un pub de Brixton, le Queen's Head, qui leur a longtemps servi gracieusement de local de répétitions. Un lieu bouillonnant et fertile qui était accessoirement le QG des cinglés de Fat White Family, à qui Shame empruntait des instruments en douce.

On les a découverts en 2016, via leur première vidéo, celle de "The Lick", filmée par Mica Levi dans leur studio de répétitions aux Dropout Studios. A l'époque, nous écrivions nos fols espoirs pour ce "rock sans compromis, rageur mais stylé, mélodique et capable de subtilité, avec un chanteur à la fois cérébral et gouailleur." Nos espoirs n'ont pas été déçus.

Le quintet, composé de Charlie Steen (chant), Charlie Forbes (batterie), Eddie Green (guitare), Sean Coyle- Smith (guitare) et Josh Finerty (basse), a composé les 10 chansons de "Songs of Praise" ces trois dernières années. Une période durant laquelle, écumant les rades anglais et européens à la conquête d'un public plein de bière difficile à captiver, le groupe s'est forgé des griffes en béton pour la scène. 

Des concerts inflammables

Aujourd'hui, ce gang inflammable impressionne partout où il passe. Il faut dire que Charlie Steen donne de sa personne. Sur scène, le chanteur est capable de tout et finit régulièrement torse nu, éructant et couvert de sueur. La scène est non seulement pour lui le lieu du lâcher prise mais il se fait aussi un devoir de "faire le show" pour le public. Dans "Le grand journal" l'an passé, on se souvient de l'avoir vu vêtu d'un T-shirt bricolé main "Je suis Calais", lécher consciencieusement de haut en bas le visage d'un spectateur. 

Shame est aussi capable de composer des brûlots politiques dans l'urgence, comme la cinglante "Visa Vulture" sortie en février 2017,  qui fustigeait la Première ministre Theresa May pour ses positions sur le Brexit, l'immigration ou le mariage homosexuel. Une chanson qui ne figure pas sur l'album. Car si le quintet dit vouloir se dresser contre l'injustice avec des chansons volontiers "hargneuses", Shame refuse de se laisser résumer à un groupe en colère. Comptez sur ce gang d'idéalistes au regard acéré pour ne surtout pas faire ce qu'on attend d'eux.

L'album de Shame "Songs of Praise" (Dead Ocean) est sorti mi-janvier
Shame sera en concert le 23 avril 2018 à Paris (La Maroquinerie), le 17 mai à Bordeaux (Rock School Barbey) et le 20 mai à Lille (Aeronef).

Shame sur la pochette de leur album "Songs of Praise".
 (DR)

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.