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Le bel hommage de David Byrne à Radiohead au Rock and Roll Hall of Fame
Beaucoup l'ignorent et d'autres l'ont oublié : Radiohead s'est baptisé ainsi en référence à une chanson de Talking Heads, "Radio head" (sur l'album "True Stories" 1986). David Byrne, le leader de Talking Heads, avait donc été logiquement désigné pour prononcer le discours d'intronisation du groupe vendredi au Rock and Roll Hall of Fame. Il s'en est acquitté avec son humour et sa verve habituelle.
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Ni Thom Yorke ni Jonny Greenwood n'étaient présents vendredi. Seuls le batteur et le guitariste de Radiohead, Phil Selway et Ed O'Brien, avaient fait le déplacement jusqu'à Brooklyn (New York) pour accepter au nom du groupe cette intronisation au Rock and Roll Hall of Fame.
Pour David Byrne, Radiohead mérite doublement cet honneur
"J'ai été surpris et très flatté lorsque Radiohead a indiqué s'être appelé ainsi d'après une de mes chansons", a commencé David Byrne, dont on se souvient du discours d'intronisation exceptionnel pour David Bowie en 1996. "Je me suis demandé "pourquoi cette chanson ?". Je n'ai toujours pas compris et d'une certaine façon je ne veux pas savoir. C'était un genre de chanson Tex Mex amusante. Heureusement, je suis un gros fan du groupe.", a-t-il ajouté.David Byrne a ensuite détaillé les deux raisons pour lesquelles Radiohead méritait selon lui l'honneur d'entrer au panthéon du rock'n'roll.
D'une part pour "la qualité et l'innovation musicale constante", mais également "pour leurs innovations dans la façon de sortir leur travail et de le marketer - des choses qui ont changé entièrement le business musical", a-t-il souligné avant de se lancer dans un rappel historique drôlatique des innovations majeures du groupe, systématiquement décriées par l'industrie dans un premier temps.
Le manque de vision de l'industrie pointé du doigt
Ce fut d'abord la chanson "Creep", que Radio 1 (G-B) refusa de jouer au motif qu'elle était "trop déprimante", a-t-il rappelé, avant qu'elle ne devienne l'hymne maousse que l'on sait. Ensuite, "Capitol Record a estimé que ce que beaucoup considèrent comme leur chef d'oeuvre, "OK Computer", était un suicide pour leur carrière. L'album est finalement devenu numéro 1 au Royaume Uni", a-t-il taclé devant un parterre de personnalités de l'industrie musicale."Paranoid Android", extrait de cet album, était considéré comme le nouveau "Bohemian Rhapsody", quoi que cela signifie", a-t-il encore souligné. "J'attends de voir le film, et de voir qui jouera Thom", a-t-il plaisanté.
Mais c'est l'album "Kid A" qui l'a totalement converti, a confié David Byrne. "Je n'avais jamais rien entendu de tel. Il y a des éléments et des influences de Can et de la période électrique de Miles Davis, tout en étant différent. Ce qui était vraiment étrange et encourageant c'est que c'était populaire. C'était un hit ! Cela a prouvé que le risque artistique paye et que les fans de musique ne sont pas stupides.
Comment Radiohead a innové en terme de business
"En terme de business ils innovaient déjà" avec cet album, en 2000, a rappelé David Byrne. Radiohead proposait en effet une appli avec laquelle vous pouviez streamer la musique.David Byrne a ensuite remis en mémoire l'opération révolutionnaire en terme de marketing de "In Rainbows" (2007). Le groupe avait alors offert l'album en téléchargement et les internautes étaient invités à payer ce qu'ils voulaient, y compris rien. "C'était un truc incroyable", s'est enthousiasmé Byrne. Avec ce geste, "ils montraient leur foi dans leur public. Ils leur faisaient confiance pour évaluer la musique et leur disaient en substance : dites-nous si vous pensez que ça vaut la peine. (...) Ca a été une magnifique expérience sociale, pas juste une expérience dans le music business."
Le speech de Ed O'brien et Phil Selway de Radiohead
"C'est un véritable honneur", a remercié Phil Selway, en particulier d'avoir été intronisés par David Byrne. "Je voudrais juste en dire un peu sur ce que cela signifie pour moi d'être dans Radiohead. Cela peut-être bizarre ou difficile parfois. Mais je crois que c'est ce qui maintient l'intérêt depuis trente ans." (...) "Nous ne sommes pas les meilleurs musiciens" et "chaque nouvelle chanson a été une leçon", a-t-il dit aussi, concluant "Je n'ai jamais rien pris de tout cela pour acquis, alors merci, merci, beaucoup.""C'est un putain de truc important", a souligné de son côté Ed O'Brien. Le guitariste a remercié les familles des membres du groupe "qui nous ont encouragé dans ces aventures musicales" ainsi que leur public. "Mais mon plus grand remerciement va à mes frères, Thom, Collin et Jonny. Tous les musiciens et les fans le savent : c'est une aventure incroyable. (...) Nous le faisons depuis 34 ans et continuons de le faire.Je veux les remercier pour leur intégrité, leur authenticité et leur engagement."
"Je tiens aussi à les remercier en tant que musiciens. Ce truc quand nous jouons ensemble, ce son collectif que nous faisons. Certaines des nuits en studio de répétition sont des moments transcendants. Je les en remercie. Mais plus que tout je veux les remercier pour cette profonde amitié. Nous aurions pu faire ça sans cet amour entre nous mais ce lien si profond est quelque chose de très beau. Merci, je vous aime."
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