Cet article date de plus d'onze ans.

Laurent Garnier lance son festival, le Yeah !

Dj techno demandé aux 4 coins du monde, animateur radio (sur le Mouv’), compositeur de musiques de films et de ballets, Laurent Garnier n’a de cesse d’élargir le champ de ses activités. Cette fois, il monte un festival. Le Yeah ! se déroule du 7 au 9 juin à Lourmarin, le village provençal où il a posé ses bagages il y a 8 ans. Un festival qui lui ressemble, plein de potes, d’enfants et de bon son.
Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Pliés de rire, Laurent Garnier (au centre) entouré de ses deux acolytes dans le teaser #1 du Yeah !
 (Enkirama)
Famille, amis, musique, party
Oui, « Yeah ! » c’est le petit nom de ce festival plutôt rock indé que techno qui promet de grands moments. Et pas seulement musicaux. Anti-thèse des grands raouts estivaux qui alignent les gros noms à la pelle sans souci de cohérence, cette manifestation appelée à grandir (un peu) est avant tout le projet d’un trio de copains. Dingues de musique et gros fêtards, Laurent Garnier, Nicolas Galina (ancien patron du bar parisien le Pop In) et Arthur Durigon ont monté cette manifestation pour partager leurs découvertes et « se marrer » en compagnie de leurs semblables, pères de familles à la trentaine bien sonnée.

Au programme, une douzaine d’artistes, en majorité des amis et des groupes signés sur les labels chouchous du taulier (Versatile et Innovative Leisure notamment). Mais rien de tape à l’œil. Et, surprise, rien de purement électronique. Le free-rock de Zombie Zombie et la pop new-wave de Lescop sont en tête d’affiche devant H-Burns, Hushpuppies, OK Bonnie, Laetitia Sheriff et Lee Burton. Sans compter Laurent Garnier himself en dj set à l’ouverture, et une poignée de copains pour ambiancer aux platines, comme le Grolandais Moustic, fou de funk, et Luz, l’électron rock de Charlie Hebdo.

Les Allah-Las, rockers californiens aux accents délicieusement garage sixties, sont ceux qui viennent de plus loin. C’est une des fiertés de Laurent Garnier, star jamais blasée. «On est excités, pour la première édition on a un groupe de Los Angeles, c’est classe ! ».

La vie de château
« Dans la vie, il ne faut jamais se restreindre, jamais s’arrêter de rêver », explique Laurent Garnier, légende de la techno dont les fans connaissent la grande ouverture d’esprit musicale. L’idée de ce festival, qui lui a été inspirée en partie par celui de Rodoplphe Burger (« C’est dans la vallée » à Sainte-Marie-aux-Mines), c’est de « faire un truc de qualité mais simple, à l’opposé de beaucoup de festivals démesurés engagés dans une surenchère de bruits, de sons et de lumières.» En impliquant au passage tout son noyau dur de copains, une quarantaine de joyeux drilles avec lesquels il fait régulièrement la fête dans ce charmant coin de Provence situé à 35 km d’Aix en Provence.

Résultat, un festival associatif, « sur une toute petite économie » et où chacun a mis la main à la pâte, mais qui sait recevoir. Tout est parti du château de Lourmarin qui domine ce fleuron provençal labellisé « plus beau village de France ». Lorsque le trio a compris que les propriétaires de la vénérable bâtisse étaient disposés à leur louer pour des concerts, ils ont été voir le maire. Celui-ci leur a donné le feu vert à condition qu’ils ne « foutent pas le bordel ».

« Là on a dit Banco ! », se souvient Laurent Garnier. « Mais on a vite compris qu’il allait falloir faire preuve de diplomatie avec les habitants. Car même si ici, tout le monde me connaît, on a fait en sorte que tous puissent profiter du festival et soient contents. » D’autant que les organisateurs voient loin : si tout se passe bien, le festival prévoit déjà de doubler sa capacité l’an prochain grâce à un nouveau lieu en cours de construction.

« Boire des coups en écoutant un peu de bon son »
Pour cette première édition, la majorité des concerts, une dizaine au total, ont lieu tous les soirs au château, sur les terrasses, en plein air. C’est le seul lieu payant. La jauge n’est que de 500 places. Déjà complet depuis des semaines.

Mais le Yeah ! c’est aussi plein d’animations gratuites dispersées dans le village. «Sur la place centrale, il y a deux bars côte à côte. On va installer un soundsystem et une cabine de dj entre les deux et les gens pourront s’arrêter, boire un coup et écouter un peu de bon son », détaille Garnier. «En contrebas, il y a un temple protestant magnifique où auront lieu deux concerts acoustiques, dont un ciné-concert sur « Sa Majesté des Mouches » .

Plus loin, il y a un terrain de foot et de beach volley et un terrain de pétanque. Là on va installer un second sound-system et organiser des tournois. Le premier match de foot, c’est l’équipe du Yeah !, c'est-à-dire uniquement des gens qui ne savent pas jouer, contre les enfants. Grand moment en perspective ! Sur une autre place, les gamins pourront venir s’initier au dj’ing avec un type qui a mis au point un système alimenté par panneaux solaires».


Parchemins et cuvée du patron
On connaît l’enthousiasme naturel de Laurent Garnier, ce passeur sans œillères obsédé de musiques. Mais on sent cette fois chez lui un supplément de jubilation, un plaisir d’enfant à organiser cet évènement. Il a pensé à chaque détail. Les teasers vidéos sont drôlissimes. Mais ce n’est rien comparé aux contrats avec les artistes, qui ont été rédigés en vieux français et écrits à la façon des parchemins moyen-âgeux.

Les artistes y sont qualifiés de troubadours, qui se retrouvent après signature « pieds et mains liés à notre grande ribouldinguerie». En contrepartie de quoi le Yeah ! s’engage à les « choyer, les abreuver et les chouchouter ». Mieux, « si par mégarde la foule ne vous acclame point, les coupables seront gantés culs nus sur la place du village comme de vulgaires foultriquets » est-il écrit.

Les « abreuver » n’est pas un vain mot. « On a fait un deal avec une boîte de pinard (La Vieille Ferme), la cuvée Yeah ! est en bouteilles et on a déjà prévu que chaque groupe aura droit à trois bouteilles de vin », s’amuse encore Garnier, qui, en tant qu'artiste, connaît bien l’envers du décor. « C’est des petites choses, mais je pense que c’est ce qui fait la différence. L’idée c’est : venez chez nous, on vous reçoit comme à la maison. Du coup, j’ai des agents d’artistes qui sont à donf. Ils m’écrivent « c’est génial, on arrive avec nos épées, on va jouer à donjons et dragons !». Yeah !

Yeah ! Festival
du 7 au 9 juin à Lourmarin

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.