Jeudi, 17h30. Les Clash sont à Paris !
Ont-ils vraiment changé depuis la dernière fois qu'on les a vus "en vrai" ? Oh, c'était il y à peine 32 ans, un 9 mai 1981, au Palais Saint Sauveur de Lille. Joe Strummer était incroyablement charismatique, Paul Simonon jouait les ténébreux, Mick Jones était dans sa période treillis et Topper Headon tapait comme un sourd sur ses fûts.
Lorsque le rideau rouge du Palais des Glaces se lève, les trois rescapés de l'ex-plus grand groupe de rock du monde s'offrent au regard. Costume trois pièces, chemise, cravate et pochette blanche, Mick Jones a un petit côté propriétaire de cottage dans le Sussex. Paul Simonon joue toujours les mafieux, costume rayé et panama. Seul Topper le batteur a pris des allures de Monsieur tout le monde, jean's et veste grise. Dans la salle, une centaine de privilégiés : les journalistes, au milieu desquels s'est faufilé Louis Bertignac. Et les fans, qui ont gagné leur place à cette conférence de presse, parmi lesquels beaucoup d'adolescents ! On peut démarrer.
"Où sont les rebelles aujourd’hui ?" demande un confrère. "Oh, répond Mick Jones, plus personne ne fait ce que nous faisions à l’époque. Moi, j’aime bien Jay-Z, mais est-il vraiment un rebelle ?". Paul Simonon renchérit : "En sortant ce coffret, certains vont dire que nous sommes des vendus, mais, vous savez, on a toujours refusé de se reformer malgré les millions qu’on nous proposait…". Alors, plus d’espoir de les revoir tous les trois sur une même scène ? "Rejouer ensemble, tous les trois, pourquoi pas, dit le bassiste. Mais certainement pas sous le nom des Clash. C’est le passé. On ne retrouvera jamais ce qu’on a fait. Et Joe n’est plus là !". Et tout ces grands groupes qui se reforment ? Mick Jones, visionnaire : "Dans le futur, tous les groupes vont devenir des hologrammes ! Et on leur remettra des Hologrammy !".
Perdu en mission
Louis Bertignac tire doucement sur sa cigarette électronique, Mick Jones le repère : "On peut fumer ?". La salle acquiesce, et les Clash s’en grillent une petite, sauf Topper Headon, fier de répéter qu’il est désormais "clean et sobre, après avoir mis un sacré bordel dans (sa) vie, s’être perdu en mission après son départ du groupe". Une autre question ? "Pourquoi le dernier album, "Cut the Crap", ne figure-t-il pas dans le coffret ?". Paul Simonon se dévoue : "Vous savez, Mick et Topper n’étaient pas sur ce disque. C’était notre manager de l’époque, Bernie Rhodes, qui avait pris le contrôle… Il était devenu le groupe". "C’est vrai, ajoute Topper. Quand on pense à Clash, c’est au grand Clash, nous quatre quoi…". "Qui s’oppose au Clash foireux, se marre Mick. Au Clash Village People !".
Projeter Clash dans le futur
Alors, ce coffret, pour quoi faire exactement ? "L’idée, ce n’était pas d’y mettre toutes les chutes, les faces B pourries, etc…, explique Mick Jones. Nous avions l’opportunité de refaire un bon mastering, une sorte d’enregistrement patrimonial qui projette Clash dans le futur ! On a mis là dedans tout ce qu’on a fait d’important".
Un gamin se lève et ose une question : "Vous n’auriez pas un putain de souvenir à Paris ?". Oh si. Il y a la Fête de l’Huma, le public qui balance des lacrymos. Ou Joe qui casse sa guitare sur la tête d’un agent. Ou un déjeuner avec Vince Taylor au "Pied de Cochon"… Mais celui qui surgit en premier, c’est celui là : "C’était notre première fois à Paris, raconte Topper. On était avec Marc Zermati et on s’est retrouvés entourés par un gang. Ils nous ont bloqués contre un mur, une voiture est arrivée… A l’intérieur, le mec avait vraiment l’air d’un gangster. Zermati va le voir et lui explique qu’on est les Clash, pas un gang. Il nous a laissés partir". "Oh oui, se marre Mick, en plus, ce type ressemblait à De Gaulle !".
Souvenirs, souvenirs. On arrête les questions et les trois ex se rapprochent du bord de scène pour signer les pochettes, les affiches, avec le sourire et une immense disponibilité. On était venu regarder notre jeunesse. Elle a pris un petit coup de vieux et nous avec. Mais l’esprit Clash n’a pas pris une ride.
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