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Il y a 50 ans, David Bowie créait son double Ziggy Stardust

Il y a cinquante ans sortait à Londres l'album "The Rise and Fall of Ziggy Stardust and The Spiders From Mars" de David Bowie, dont le personnage aux cheveux orange et aux tenues futuristes et androgynes marquera à jamais l'histoire du rock.

Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
David Bowie en Ziggy Stardust sur la tournée de 1972 (lieu non précisé). (MICHAEL OCHS ARCHIVES / GETTY IMAGES)

De tous les personnages que David Bowie a inventés et incarnés au fil du temps, Ziggy Stardust, créé il y a cinquante ans, est sans doute celui qui a le plus durablement marqué les esprits.

Ziggy Stardust voit officiellement le jour le 28 avril 1972, lors de la sortie du single Starman/Suffragette City, en prélude à l'album qui sort le 16 juin de la même année sous un titre à rallonge The Rise and Fall of Ziggy Stardust and The Spiders From Mars. Un album accessible, archétype du glam rock, qui met en relief les riffs du guitariste Mark Ronson, et reste aujourd'hui encore un joli concentré de hits, de Starman à Suffragette CityZiggy Stardust ou Rock'n'Roll Suicide.

Un double de Bowie spectaculaire

Cet alter-ego, qui le fit enfin accéder à la notoriété après des années à tenter de percer sans succès durable, est spectaculaire. Bowie se teint les cheveux en orange, se maquille et arbore des tenues moulantes futuristes et androgynes, jamais vues à l'époque. Fasciné de longue date par la science-fiction et les voyages spatiaux (déjà abordés sur son single Space Oddity), Bowie présente ce double de lui-même comme une rock star extraterrestre venue sur Terre porteuse d’un message d’espoir, car l’humanité n’a plus que cinq ans à vivre.

Comme si cette théâtralité ne suffisait pas, il jette de façon très avant-gardiste du trouble dans le genre en affirmant dans la presse musicale au même moment qu'il est "gay", alors qu'il vit avec sa femme Angie et leur enfant. Le chanteur "fréquente les lieux de nuit associés à la culture gay, sans l'être fondamentalement lui-même, il en aime l'imagerie", assure Jérôme Soligny, auteur de David Bowie Rainbow Man, un ouvrage de référence paru en deux tomes chez Gallimard.

Apparition déterminante à l'émission Top of the Pops

Pour peaufiner son plan, David Bowie a élaboré avec ses musiciens, rebaptisés les Spiders from Mars (les Araignées de Mars), un véritable show inspiré du mime et du kabuki, plutôt qu'un simple concert. Il passe des mois à créer les tenues et l'image de ce groupe avec lequel il veut surpasser Marc Bolan et Alice Cooper. Jackpot. Les médias s'intéressent à lui, sans parvenir à le cerner, entretenant son aura mystérieuse.

L'artiste s'impose médiatiquement en star alors qu'il ne l'est pas encore. Les premiers concerts de Ziggy en banlieue de Londres n'attirent pas les foules. Sa performance à l'émission de la BBC Top of The Pops en juillet 1972 (ci-dessus) va tout changer : il joue Starman et électrise des millions de téléspectateurs britanniques, et surtout les jeunes. Dès lors, il va symboliser la modernité. Son album explose.

Bowie fait l'objet d'une telle adulation que les frontières se brouillent entre Bowie et Ziggy. Tout le monde le traite comme s'il était le personnage d'extra-terrestre puissant qu'il a créé. Il va y mettre un terme de façon radicale. 

Ziggy est mort, vive Bowie!

A l'été 1973, dans la salle londonienne de l'Hammersmith Odeon, alors que les caméras du réalisateur D.A. Pennebaker filment le concert, dernier d'une tournée internationale triomphale, Bowie tue symboliquement son personnage : il annonce qu'il s'agit du dernier show de Ziggy Stardust, comme l'annonçait Rock'n'Roll Suicide, le dernier titre de l'album.

Les fans sont dévastés : ils craignent de ne plus jamais revoir leur idole. Ziggy mettra encore un moment avant de "mourir", puisque Bowie en garde la coiffure et les accoutrements sur les deux albums suivants, Aladdin Sane (1973), avec son fameux éclair sur le visage, puis Pin Ups (1973), un album de reprises enregistré au Château d'Hérouville près de Paris. C'est avec Diamond Dogs (1974), où seule subsiste encore la crinière de feu sur la pochette, que Bowie rompt définitivement avec Ziggy Stardust. Désormais, il est Bowie, bientôt considéré comme "le caméléon du rock".

A l'occasion des 50 ans de cet album culte, Parlophone publie une édition vinyle limitée remasterisée en half speed et picture disc à partir des masters d'origine de The Rise and Fall Of Ziggy Stardust And The Spiders From Mars. Le picture disc est accompagné d'une reproduction du poster promotionnel annonçant l'album.

La réédition vinyle limitée remasterisée en half speed et picture disc à partir des masters d'origine de The Rise and Fall Of Ziggy Stardust And The Spiders From Mars, à l'occasion des 50 ans de cet album majeur du rock'n'roll. (PARLOPHONE)

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