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Rock en Seine 2022 : avec sa pop acidulée, le groupe australien Parcels transforme le festival en dance club à ciel ouvert

Interrompu en pleine ascension par le Covid, le quintet australien aux musiques colorées reprend du service et propose un show aux accents techno, spécialement pensé pour Rock en Seine. 

Article rédigé par franceinfo Culture - Camille Bigot
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Quatre des membres de Parcels, le 28 août, à Rock en Seine.  (Christophe Crenel)

Le plus gros concert qu’ils aient jamais fait. Les cinq garçons de Byron Bay (le point le plus à l’Est de l’Australie) attendaient leur passage à Rock en Seine avec excitation. Il y a quatre ans, le groupe pop-électro teinté d'influences funk et disco avait déjà fait le show sur l’une des scènes du festival. "C’est presque une sensation familière d’être là, comme un retour à la maison", se réjouit Jules Crommelin, le guitariste. Les musiciens, qui ont établi leurs quartiers à Berlin après avoir terminé le lycée en 2014, multiplient depuis les allers-retours à Paris. Et pour cause, leur label n’est autre que Because Music, le même que Charlotte Gainsbourg.

French connection 

"Les Français ont une connexion avec nous", déclare le jeune blond à la coupe au bol, Louie Swain. Un brin prétentieux ? Pas tellement, puisque le band semble en effet attirer irrésistiblement l'attention de nos concitoyens. Et pas de n'importe qui. Les célébrissimes robots de la French Touch, les Daft Punk, pour commencer. En 2017, le duo cosigne et produit, Overnight, devenu l’un des singles phares de Parcels.

Installés sur la scène principale de Rock en Seine ce dimanche 28 août à partir 19h35, le groupe ne manque évidemment pas de reprendre la chanson devant l'enthousiasme des fans. Sur les planches, les jeunes hommes se positionnent en formation resserrée : batterie, claviers et basses se faisant plus ou moins face. De quoi faciliter les échanges de regards et une certaine communion.

Patrick Hetherington danse sur l'un des tracks de Parcels, le 28 août, à Rock en Seine.  (Christophe Crenel)

Un lien nécessaire puisque l'improvisation est l’une des règles d’or du groupe sur leurs différents sets. "Nous voulons transformer le festival en dance club géant le temps de notre prestation, nous explique Jules Crommelin, quelques heures avant de monter sur scène. Sur chacun de nos concerts, on change nos compilations. On observe les réactions de la foule et on réarrange."

Du sur mesure

Au programme donc, très peu de chansons enregistrées en studio telles quelles. Pour chacune d’elles, les artistes gardent l’essence de leurs mélodies pop et acidulées pour en extraire un suc davantage électro. "Je ne m’attendais pas à ces envolées techno, confie Anne-Sophie, 20 ans, chamboulée par le spectacle. Mais comme c’est un style musical que j’écoute beaucoup, j’étais ravie !"

Fanny, qui suit le groupe depuis ses débuts, est perplexe face à ce revirement résolument électronique. Pour elle, Parcels perd momentanément une part de son identité. "Par moments, j’ai presque eu l’impression d’assister à un concert de David Guetta", regrette-t-elle. La fan avait déjà vu les Australiens dans une salle plus intimiste en 2017. Une autre époque. Depuis, le groupe a sorti deux albums, Parcels en 2018 et Day/Night en 2021. Il s’agit pour eux de s’adapter au format festival et de faire danser des milliers de spectateurs déchaînés. Pari réussi : à l'unisson le rythme est tapé dans un nuage de poussière géant. 

Les membres de Parcels à l'unisson, le 28 août, pour Rock en Seine.  (Christophe Crenel)

Reprises et remixes 

Beats endiablés, spotlight clignotants : le groupe éclairé par des flash orangés dignes d’une golden hour australienne reprend même l’iconique chanson de Likke Ly, I follow the river. Remixer est l’un des péchés mignons du quintet. En 2020, pendant la pandémie de Covid-19, ils réenregistrent entièrement leur premier album, Parcels, dans des conditions live, au sein du studio berlinois Hansa. Celui-là même qui a accueilli les monstres sacrés de la musique David Bowie, Iggy Pop, ou encore Indochine. "C’est comme ça que nous appréhendons notre musique et nos performances en live. On prend des chansons, on les joue et ça change naturellement. C’est toujours fluide et parfois c’est difficile de se souvenir de ce à quoi ressemblait la musique d’origine", s’amuse Louie Swain.

Un état d’esprit vintage. Tout comme leur style vestimentaire. Dans leurs clips - notamment Famous - ils portent des costumes bariolés, des motifs cobra pour les uns, du rose satiné pour les autres. Sur scène, rien de tout ça. Patrick Hetherington (claviers) est vêtu d’un tee-shirt bleu et rouge des plus classiques, celui qu’il a porté durant l’après-midi face aux caméras des différents médias qui ont défilé devant la loge des stars. Résultat, sur scène l'ambiance est décontractée et donne l’impression de retrouver les garçons lors de leurs premières répétitions dans le garage du café - dénommé Parcels - de leurs parents.

Jules Crommelin et Louie Swain, membres du groupe Parcels.  (Mathilde Collet)

Aux quatre coins de la France

Pour sa tenue, Louie Swain n’avait plus vraiment le choix non plus : "ce sera ce qui me reste de propre dans ma valise !" Car depuis plusieurs jours déjà, les jeunes hommes sont sur les routes françaises : Rock en Seine est leur troisième concert du week-end. Quand on leur demande dans quel état ils sont à quelques minutes de leur entrée en scène, Jules Crommelin répond depuis son transat, lunettes de soleil sur le nez : "on a va étonnamment bien malgré le peu de sommeil qu’on a eu. On est juste excités par le show, c’est un moment important pour nous. L’adrénaline nous fait tenir."

On les imagine se livrer une dernière fois à leur rituel habituel avant de s'emparer de leurs instruments : une grande respiration collective. Le calme avant une bonne heure de tempête. Emportés par une musique galopante, ils ne ménagent pas les mouvements de tête qui font tournoyer leurs cheveux de surfeurs. Patrick Hetherington (claviers) se fend même d'un pas de danse, quelque peu robotique mais particulièrement touchant. C'est d'un seul homme que les cinq garçons quittent la scène, après un salut final tremblotant d'émotion. Prêts pour de nouvelles aventures, dont quelques scènes françaises en d'octobre, puis des projets encore tenus secrets que Jules Crommelin promet "très excitants !"

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