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Snoop Dogg de retour en cabot funky sur son nouvel album "Bush"

On l'avait quitté il y a deux ans en Snoop Lion, nouvelle incarnation rastafari et reggae assortie d'un message positif, il revient aujourd'hui tel qu'en lui-même avec "Bush", un treizième album funky, lubrique et souriant entièrement produit par Pharrell Williams. Prêt à arracher à pleins crocs sa part du gâteau des meilleures playlists de l'été.
Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Snoop Dogg sur l'une des affiches vivantes du clip "So Many Pros" (2015)
 (saisie écran)

Il fume toujours autant, des spliffs plus gros que des cigares - ne vient-il pas d'investir dans une start-up californienne spécialisée dans la livraison de cannabis à domicile ? Et il a toujours des fourmis dans le pantalon : en guise de programme, "Bush", allusion à peine voilée aux minous, est un retour clair aux fondamentaux du cabot lubrique pour son premier album en tant que Snoop Dogg depuis "Doggumentary" en 2011.

Snoop Lion, avec lequel Calvin Broadus, 43 ans, souhaitait montrer une facette plus positive et engagée, notamment contre les armes à feu, n’aura été qu’une parenthèse dans la carrière de Snoop Dogg, synonyme depuis ses débuts de fête, funk, insouciance et rimes salaces (avec une bonne dose de misogynie et de gangstérisme assumés).


Pharrell aux commandes


Retour à la niche donc, avec toujours pléthore d’invités – Stevie Wonder, Gwen Stefani, Kendrick Lamar, Rick Ross, Bootsy Collins, T.I., Charlie Wilson - mais cette fois un seul producteur aux commandes, et pas des moindres, Pharrell Williams himself.

Le choix tombait sous le sens. D'abord, les deux ont biberonné aux mêmes mamelles soul et funky qu'ils siphonnent depuis 20 ans avec un talent certain. Ensuite, les deux artistes se connaissent bien, Pharrell ayant déjà produit plusieurs titres pour Snoop par le passé, et en particulier l’inusable "Drop it Like It’s Hot" (2004) basé sur le bruit d'une bombe de peinture, un de ses plus gros hits.

C’est une bonne nouvelle car cela donne une unité à ce disque qu’on n’avait plus eu l’occasion d’expérimenter chez Snoop Dogg depuis la grande époque de Dr Dre, à peu près seul aux manettes sur "Doggystyle" en 1993 - depuis, tous les albums de Snoop ont aligné une liste de producteurs longue comme le bras.

Pharrell apporte en outre une orientation plus consensuelle, moins menaçante, au phrasé trainant et unique de Snoop. Mieux : il le fait chanter. Oui, Snoop, qui confirme avoir été poussé par son producteur, chante ici presque plus qu’il ne rappe et cela fond très agréablement dans les casques.



Trois hits et trois "feel good" songs


L'auteur de "Happy" use avec Snoop de la recette éprouvée ces dix dernières années dans toutes ses productions, mélange d’organique (claquements de doigts, halètements, basse funky) et de synthétique (nappes house, auto-tune…), un montage habile de gimmicks empruntés au meilleur du funk et de la soul et de breaks qui font grimper aux rideaux.

Cette formule magique ne marche pas à tous les coups mais elle fonctionne ici à plein sur trois titres absolument irrésistibles. Il y a d'abord "California Roll", le titre d'ouverture doté du merveilleux harmonica et des choeurs de Stevie Wonder,  qui a donné lieu à une séance en studio rocambolesque rapportée par Snoop (ici à partir de 3:15 trop drôle si vous parlez anglais) : ayant trop fumé, les deux artistes s'étaient mués en ados en panique face au monument Stevie Wonder, ultra-professionnel. Egalement très réussi : le premier single "Peaches N Cream" (ci-dessus) et son gros clin d'oeil à Funkadelic, et, contre toute attente l'ultra-efficace "Run Away" en duo avec Gwen Stefani.

Outre ce trio gagnant de "feel good" songs, on se laisse embarquer par le très house "This City", le funky "So Many Pros" dont le clip jubilatoire parodie les affiches de films de l'ère Blaxploitation, et à la rigueur "Edibles", taillé pour les chorégraphies bien réglées ("à droite, à gauche"). Six chansons qui promettent en tout cas d'accompagner des milliers de fêtes et de barbecues ensoleillés cet été.

Le revers de la médaille c'est que Pharrell, machine à tubes en surchauffe, commence à s'essouffler. Car ce ne sont que six chansons sur dix. Les autres sont moins convaincantes, y compris la dernière "I'm Your Dogg" avec Kendrick Lamar en invité. Rien de désagréable pour autant, juste des chansons un peu flemmardes, dénuées de trouvailles, ou bien déjà vues, entendues, lessivées avant même de sortir des enceintes. Pharrell, le magicien du Rap et du R&B de la décennie va devoir apprendre à se méfier de lui-même, de ses facilités et de ses tics. Il ne faudrait pas que la rivière de lait et miel se mue en robinet d'eau tiède. En attendant, on guettera si la prophétie de Pharrell se réalise : il a promis à Snoop que cet album lui vaudrait son premier Grammy.

Snoop Dogg "Bush" (Columbia/Sony) est sorti Lundi 11 mai

 


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