Le collectif rap Hocus Pocus boucle une tournée de reformation "à la recherche de sensations perdues"
Pris par différents projets solo ces dix dernières années, le collectif hip-hop nantais Hocus Pocus s'est reformé cet été pour une tournée qui passait par La Fiesta des Suds à Marseille samedi soir. L'occasion d'une discussion avec son leader 20Syl.
Dix ans après son dernier album 16 pieces, le collectif de rap nantais s'est reformé cette année, dès le mois de juin, pour une tournée. "On était à la recherche de sensations perdues", confie Sylvain Richard, alias 20syl, le leader d'Hocus Pocus.
Les traits visiblement fatigués par cette tournée estivale "intense", 20Syl, qui se produisait samedi soir à la Fiesta des Suds à Marseille, la décrit comme "une parenthèse" pour tous les membres du collectif, tous pris par des projets personnels.
Des moments "magiques" sur scène avec un public de fidèles et de jeunes conquis
L'idée de cette tournée "anniversaire" est née après un concert à Nantes d'Hocus Pocus. Lors des premières dates, reconnaît 20Syl, "il a fallu éliminer toute la partie cérébrale pour garder le côté le plus organique et instinctif, et vraiment profiter". "Ca a été de super retrouvailles, entre nous et avec le public, avec des moments sur scène vraiment magiques", conclut 20Syl, vêtu de bleu marine, du jean au pull serré, sneakers rose et turquoise aux pieds.
"Le public, il a clairement pris 10 piges!", s'amuse-t-il. "Ils sont un peu comme nous, pas mal d'entre eux, j'imagine, sont devenus parents donc ça change les perspectives, ça change le rythme de vie, donc forcément c'est un public moins dynamique, moins énervé, mais qui apprécie tout autant de retrouver des morceaux qu'il a aimés".
Hocus Pocus, né en 1995, s'est aussi découvert avec "surprise" un public jeune, "comme si nos chansons s'étaient transmises", et a pu conquérir des néophytes: "En Vendée on a joué devant un public très jeune avec Columbine (collectif de rap rennais), c'était surréaliste, c'était pas du tout les mêmes codes", raconte-t-il, "mais au final il y a eu une alchimie".
Certains titres font sourire, d'autres n'ont pas pris une ride
Le tour 2019 sonne comme un retour aux sources pour le groupe, dont le duo leader (20Syl et DJ Greem) est depuis devenu champion de "turntablism" (ndlr: qui consiste à utiliser la platine et les vinyles comme des instruments de musique) avec C2C.
Avec Hocus Pocus, les six musiciens (outre 20Syl et DJ Greem, Antoine Saint-Jean à la batterie, Mathieu Lelièvre au clavier, Hervé Godard à la basse et David Le Deunff à la guitare) ont retrouvé l'essence du collectif: les textes de 20Syl, engagés mais teintés d'autodérision, et une instrumentale jazzy, mâtinée d'influences soul.
"Il y a des morceaux qu'on interprète avec un trait d'humour qui n'était pas présent à l'époque", sourit 20Syl, comme Hip-Hop, qu'il chantait en 2005: "Hip-Hop! Les diamants énormes sur les lobes, Bullshit! Les tasses-pé qu'ont oublié leurs robes (...) J'me dis qu'avec nos styles ridicules, dans 10 ans on risque de s'marrer quand on s'reverra avec du recul".
D'autres textes comme Quitte à t'aimer, qui dénoncent le racisme et la montée de l'extrême droite en France, n'ont pas pris une ride. "Le texte parle de la société de 2009 avec des événements très précis et pourtant j'ai l'impression de parler d'aujourd'hui, ça met un coup", se désole 20Syl.
Une tournée peut-être sans suite
Aujourd'hui plus beatmaker qu'auteur, il n'écrit plus, et ne promet donc pas de suite à cette tournée: "Je suis passé plus à la composition et à la production. Ca bloque le processus créatif d'Hocus Pocus car ça tourne autour de mon écriture... mais on ne s'interdit rien".
Le quadragénaire ne ressent pas "le besoin d'écrire car la nouvelle génération est plus culottée que nous, avec des partis pris assez radicaux". "Un truc qui me brancherait vraiment, comme producteur, c'est d'aller chercher un Romeo Elvis ou Lomepal et de les faire rapper avec des mecs de ma génération", lance-t-il.
Hocus Pocus est en tournée jusqu'en décembre, au Havre et à Grenoble avec une date à Paris au Bataclan le 1er décembre.
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