"It's a Teenager Dream" : Dominique Blanc-Francard publie un disque de reprises de tubes des années 60
Pour l'album "It's a Teenager Dream", le producteur et ingénieur du son Dominique Blanc-Francard a demandé à Benjamin Biolay, Camille, Stephan Eicher, Françoise Hardy, Carla Bruni, Jean-Louis Aubert, Salvatore Adamo de reprendre les chansons qui lui ont donné envie de faire ce métier. Ainsi, Adamo reprend "Stand By Me", Stephan Eicher chante "My Funny Valentine", Benjamin Biolay offre une nouvelle version de "That's All Right".
Non content d'être musicien (il a enregistré un album solo en 1972), ce fils d'un ingénieur de la Radiodiffusion-télévision française maîtrise aussi bien le fer à souder que la guitare. Au milieu des studios encore rudimentaires des années 1960, celui que le métier surnomme DBF a appris à bricoler amplis et micros. Un apprentissage qu'il a parfait au prestigieux studio du Château d'Hérouville dans les années 1970.
Depuis 1995, il officie avec sa femme dans son propre studio, le Labomatic, dans le sous-sol parisien. Avec toujours le fer à souder à portée de main : "Pour le prix d'un microphone de marque, on peut parfois en construire quatre ou cinq soi-même !"
"Il faut injecter de la bonne humeur dans un enregistrement"
"Pour être ingénieur du son, il faut bien sûr bien connaître ses machines, mais il faut aussi des nerfs d'acier, comme un pilote d'avion j'imagine", explique DBF, assis derrière une imposante console de mixage. S'il a connu quelques moments douloureux, comme l'effacement par erreur d'une bande en plein enregistrement, il jure qu'un peu d'organisation et de "sang-froid" permettent de s'en sortir. Sans oublier de précieux disques durs : ses projets en cours sont toujours stockés sur deux serveurs distincts pour éviter d'autres mauvaises surprises.Domnique Blanc-Francard en est convaincu : "Il faut injecter de la bonne humeur dans un enregistrement, c'est quelque chose qu'on capte avec les micros". "Amusement" et "spontanéité", ces mots guident son projet "It's a teenager dream", pour lequel il a repris les arrangements et les instruments originaux de vieilles chansons pour les enregistrer avec les moyens d'aujourd'hui.
Pour "Be My Baby", titre de 1964 des Ronettes, il a par exemple "entassé plein de musiciens" dans son petit studio pour retrouver le "son de l'époque, qui était dû à l'empilement de musiciens dans une pièce trop petite!"
Se méfier de la technologie "illimitée"
Dans ce métier, il faut aussi se méfier d'une technologie désormais "illimitée" qui permet de "tout faire" : "La sagesse est de ne pas abuser de la technique. Quand la musique est trop produite, trop façonnée, au fur et à mesure on perd une émotion", estime celui qui a supervisé des dizaines d'albums à succès de la variété française, comme "Carcassonne" d'Eicher ou "Le fil" de Camille."La vraie tâche du réalisateur, c'est de ne pas abîmer les moments de magie dans le studio... Et quand il y a moins de magie, il doit magnifier le peu qui existe dans une prise", sourit-il.
A 71 ans et désormais 50 ans de carrière, Dominique Blanc-Francard ne pense pas à la retraite. "Ce qui m'amuse toujours ? Voir arriver quelqu'un dans le studio, se mettre derrière le micro et me mettre une claque ! Il y a vraiment des gens qui vous obligent à les écouter", souligne le producteur, qui a notamment été récemment touché par Slimane, le vainqueur de l'émission "The Voice".
"Ce n'est pas un métier qu'on fait ! Pourquoi s'arrêter?", conclut ce père de deux musiciens, Hubert du groupe électro Cassius et Mathieu connu sous le pseudonyme de Sinclair. Le parcours de DBF est également raconté dans une biographie attendue le 16 juin ("It's a Teenager Dream", Le Mot et Le Reste).
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