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Vidéo Que cherche Indochine avec son très violent clip "College Boy" ?

Réalisée par le jeune cinéaste québécois Xavier Dolan, la vidéo entend dénoncer le harcèlement à l'école. 

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Nicola Sirkis, chanteur du groupe Indochine, en concert au Zénith de Nantes (Loire-Atlantique), le 14 octobre 2010. (MAXPPP)

A peine révélé, College Boy, le nouveau clip du groupe de rock français Indochine, suscite des réactions pour le moins tranchées. Choquant, scandaleux, réaliste, éducatif, esthétique... Sur le thème de la violence à l'école, la vidéo progresse graduellement dans l'horreur, montrant un élève insulté, humilié, agressé puis tabassé et tué. Réalisé par le jeune cinéaste québécois Xavier Dolan, le clip a été révélé jeudi 2 mai par le site du Parisien. 

Francetv info décrypte les intentions réelles et supposées du groupe. 

Eduquer ?

"On constate juste que la violence est présente à l’école", a expliqué Nicola Sirkis, le leader d'Indochine, interviewé par le quotidien belge Le Soir. Pour lui, le choix d'une vidéo aussi crue se justifie par la réalité de cette violence : "Continuera-t-on à voir, dans les médias, des scènes atroces qui se passent à l’école, sans réagir ?", demande le chanteur, pour qui le clip a "un caractère éducatif""Pour moi, c’est la même démarche que lorsque la sécurité routière réalise un clip choc pour sensibiliser aux accidents de la route", a-t-il poursuivi, interrogé par Le Parisien. 

Pour le chanteur, le message du film est d'autant plus pertinent qu'il s'inscrit dans l'actualité : "Au départ, c’était une chanson sur l’indifférence, l’intolérance au sens large. Ensuite, elle a été rattrapée par l’actualité avec toutes les manifestations qui ont eu lieu contre le mariage gay, les discours homophobes", a-t-il dénoncé. 

"La question n’est pas de se demander pourquoi suis-je allé aussi loin mais qu’est-ce qui empêcherait un groupe d’adolescents d’aller aussi loin alors que le lobbying des armes aux Etats-Unis est très puissant", a expliqué pour sa part le réalisateur canadien de 24 ans, à qui l'on doit notamment Les Amours imaginaires.

Capture d'écran du clip de "College Boy", d'Indochine, mis en ligne jeudi 2 mai 2013 par LeParisien.fr.  (INDOCHINE / LE PARISIEN.COM)
 

Interrogé sur France Info dans la matinée, l'ancien ministre de l'Education Luc Chatel a rappelé que le "fléau du harcèlement à l'école [touchait] environ 10% des élèves". Sur la démarche d'Indochine, il a tranché ainsi : "Oui à la dénonciation de ce phénomène, non à la banalisation."

Banaliser la violence ? 

Tous les internautes ne sont pas convaincus par l'argument pédagogique défendu par Indochine.

Mais le groupe et le réalisateur se défendent de vouloir choquer. Dans une note publiée sur son site officiel, Nicola Sirkis met d'ailleurs en garde sur la violence des images"Je voudrais juste m’adresser aux parents fans qui ont des enfants de moins de 14 ans, et j’en vois beaucoup lors de nos concerts. Ce clip est fort mais violent et en tant que parent moi-même je ne pourrais le faire visionner à des enfants jeunes et sensibles", prévient-il. 

Choquer ?

"Je voulais aller jusqu’au bout non pas pour choquer, mais pour montrer que cette situation est possible parce rien ne l’empêche", a pour sa part martelé Xaver Dolan dans les colonnes du Parisien. "Dire que ça encourage la violence, c’est complètement stupide."

Sur un forum d'Indochine, les fans concèdent à leur tour une brutalité étonnante : "C'est la première fois que je pleure en voyant un clip, je ne le regarderai pas à nouveau pour le plaisir parce qu'il est vraiment dur mais il est vraiment superbe", explique Pica, tandis que chuppa note que "ce clip est terrible de réalisme." Pour hma71, "c'est risible d'entendre les média se dire choqués par ce clip, alors que lorsqu'il s'agit de rappeurs type Booba qui insulte ouvertement les femmes dans ses clips, personne ne trouve ça choquant".

"Buzzer" ou polémiquer ? 

Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), "garant des images diffusées à la télévision", n'a pas encore rendu sa décision mais "il est peu probable que 'College Boy' soit diffusé dans la journée sur les chaînes de clips", prédit Le Parisien, qui s'interroge : "Provocation, coup marketing, buzz outrancier ?" 

"Quand c'est extrêmement violent, ça ne peut pas être diffusé sur les antennes, donc a priori, un document comme celui-ci sera étudié en groupe de travail et il devrait y avoir au minimum une interdiction aux moins de 16 ans, peut-être même 18 ans", a estimé Françoise Laborde, présidente du groupe de protection du jeune public au sein du CSA. 

Capture d'écran du clip de "College Boy", d'Indochine, mis en ligne jeudi 2 mai 2013 par LeParisien.fr. (INDOCHINE / LE PARISIEN )

Couplée à l'image soignée, signature de Xavier Dolan, et au noir et blanc, la violence est ici jugée comme un sujet esthétique par la journaliste, qui s'en offusque sur Europe 1 "La mort, ce n'est pas esthétique. La violence ce n'est pas esthétique. La torture ce n'est pas esthétique", a-t-elle déclaré. 

Comme anticipé par les médias, College Boy suscite la polémique : "Certains journalistes français nous ont demandé si nous voulions ouvrir une polémique. Je répondais que s’il y en avait une, ce serait grave justement", avait pourtant estimé Nicola Sirkis, sur Le Soir.be.

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