Prix Pulitzer 2018 : Kendrick Lamar en musique, le New York Times et The New Yorker en journalisme
Kendrick Lamar salué pour "la virtuosité" de son dernier album
Le rappeur américain Kendrick Lamar a obtenu le Pulitzer 2018 pour son album "DAMN.". Il s'agit d'une première pour un artiste hip-hop et plus largement pour la musique populaire moderne. C'est aussi nouvelle reconnaissance pour celui qui, à 30 ans, a déjà glané 12 Grammy Awards dont 5 pour "DAMN." lors de la dernière cérémonie.Le conseil du Pulitzer l'a désigné sur la base de son dernier album, "une collection de morceaux plein de virtuosité, unifiée par l'authenticité de sa langue et une dynamique rythmique qui proposent des photos marquantes, capturant la complexité de la vie moderne des Afro-Américains".
"DAMN." a atteint la première place du classement des ventes de disque aux Etats-Unis début mai 2017. Ses deux albums précédents avaient été numéro un. Adepte d'un phrasé très fluide, Kendrick Lamar est considéré comme un rappeur politique, qui évoque régulièrement des sujets de société dans ses titres. Il est originaire du quartier déshérité de Compton à Los Angeles.
Son titre "Alright", issu de son album précédent, "To Pimp a Butterfly", est devenu l'hymne non-officiel du mouvement protestataire Black Lives Matter qui dénonce les violences policières contre les Noirs. "DAMN." est encore l'occasion de parler de la condition des Noirs aux Etats-Unis, notamment dans le morceau "XXX", avec U2 en invité mais l'album est très personnel. Kendrick Lamar y évoque les conséquences de sa célébrité nouvelle sur son existence.
Affaire Weinstein : un prix Pulitzer pour le New York Times et le New Yorker
Ronan Farrow est le fils de Woody Allen et Mia Farrow. Depuis son travail sur Harvey Weinstein, il a publié plusieurs articles, dans le "New Yorker", sur des scandales liés à Donald Trump. "Très, très, très fière de @RonanFarrow", a tweeté l'actrice après l'annonce du palmarès. Le premier article du New York Times consacré aux agissements d'Harvey Weinstein, publié le 5 octobre, avait fait l'effet d'une bombe. Il citait les témoignages de plusieurs femmes affirmant avoir été harcelées par le producteur hollywoodien, créateur du studio Miramax, notamment celui de l'actrice Ashley Judd.
Ces révélations ont libéré la parole des anciennes victimes présumées d'Harvey Weinstein et l'affaire a déclenché faisant tomber au passage des dizaines d'hommes de pouvoir dans le cinéma, la télévision, les médias et la politique. L'un d'entre eux a été le candidat républicain au Sénat dans l'Etat de l'Alabama, Roy Moore, rattrapé par des accusations d'agressions sexuelles sur mineures. Le Washington Post a été le premier à publier le témoignage de quatre femmes se présentant comme des victimes présumées de cet ancien magistrat ultra-conservateur.
Le prix Pulitzer dans la catégorie journalisme d'investigation a été attribué au quotidien pour cette série d'articles sur le passé de l'ex-juge. "Dans la catégorie journalisme, cette année encore, les lauréats incarnent les valeurs d'une presse libre et indépendante, même dans les périodes les plus difficiles", a commenté l'administratrice du Pulitzer, Dana Canedy. Les médias sont confrontés "à des attaques continues ces derniers temps" mais "demeurent un élément central dans une démocratie en bonne santé".
Le New York Times et le Washington Post ont également reçu le prix du journalisme national pour récompenser leur "couverture continue (...) qui a permis d'approfondir sensiblement la compréhension qu'avait le pays des interférences russes dans la campagne présidentielle de 2016 et ses liens avec la campagne Trump, l'équipe de transition et l'administration actuelle". C'est la quatrième fois d'affilée que le Washington Post est honoré dans cette catégorie.
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