Pour ses 40 ans, l'album "Exodus" de Bob Marley revisité par son fils Ziggy
Lorsque sort "Exodus" en 1977, Bob Marley est déjà connu, mais pas encore la star internationale et le plus célèbre représentant du reggae qu'il va devenir. Certes, la reprise de "I shot the sheriff" par Eric Clapton en 1974 sur son album 461 Ocean Boulevard, a propulsé sur le devant de la scène cette musique venue de jamaïque. De même, le mouvement punk n'hesite pas à injecter de fortes doses de ska dans sa musique, notamment avec Clash, Police, ou Elvis Costello. Mais c'est vraiment avec "Exodus" que le mouvement va prendre de l'ampleur et ériger Bob Marley en véritable légende vivante, prophète universel, et ambassadeur musical du tiers-monde.
Contrairement aux précédents, ce disque a été enregistré à Londres. En effet, suite à une tentative d'assassinat le 3 décembre 1976, Bob Marley a quité la Jamaïque pour s'installer dans la capitale anglaise.
Il en ressort un disque qui mèle habilement le militantisme politique (le morceau titre, "So much things to say") ou religieux ("Natural mystic") sur la face A, et des chansons plus légères sur la face B qui regorge de tubes : "Jamming", "One love", "Three little birds", "Waiting in vain". Il reste encore aujoud'hui l'album le plus célèbre de Bob Marley ("Legend" n'étant qu'une compilation). Il aborde tous les sujets chers au chanteur, que ce soit l'exode de migrants ("Exodus") comme la fraternité entre humains et la nécessité de l'union des peuples ("One love"). Des thèmes universels qui font évidemment toujours résonance aujourd'hui.
Le mouvement continue...
Pour célébrer les 40 ans de cet album, le label Def Jam (Universal) sort le 2 juin une réédition intitulée "Exodus, The Movement continues..."En effet, c'est bien dans la continuité que cette réédition a été pensée : outre la version d'origine, les différents coffrets (4LP, 2CD, 3CD) béneficient d'une nouvelle version remixée par Ziggy Marley, l'un des onze enfants de Bob Marley, et dont la carrière musicale a toujours suivi les pas de son illustre géniteur. En recherchant dans les archives de studio, il a retrouvé des prises de voix, et des parties instrumentales non retenues à l'époque. Il les a utilisées pour en faire de nouvelles versions et propose ainsi sa relecture de la musique et du message de son père. En témoigne notamment cette nouvelle version audio et vidéo de "One Love", hymne à la fraternité universelle :
Vous pouvez comparer avec la version d'origine de 1977 :
Les différences sont parfois subtiles mais clairement audibles. Dans "One Love" on entend tout de suite le changement mélodique dès la première phrase, puis des intonations, tout au long de la chanson, jusqu'au final qui surprend quand on connaît la version originale. Et sutout cet echo sur la voix de Bob Marley qui lui donne une dimension céleste, comme pour nous dire qu'il est encore là parmi nous, et que son message continue de vivre. Oui, "The movement continues..."
Des nouvelles versions qui s'inscrivent dans la modernité
Le remix a bien sûr bénéficié des nouvelles techniques de studio, et le rendu sonore s'en ressent : plus de présence, de basses, et en même temps plus de clarté. Un son plus actuel issu pourtant des enregistrements de l'époque.La nouvelle version du morceau titre "Exodus" symbolise bien cette modernité : alors que le morceau original prenait son temps pour installer une ambiance avant de monter en puissance, la version 2017, plus courte que l'originale (5' au lieu de 7'40), rentre tout de suite dans le vif du sujet. Un peu comme si le message s'était intensifié : la situation des migrants devient encore plus urgente aujourd'hui qu'il y a 40 ans, semble nous dire Ziggy Marley.
Autre exemple, "Turn your lights down low" dévoile de nouvelles parties de guitare qui mettent en valeur le jeu limpide et étincelant de Junior Marvin, nouvellement recruté en 1977 après le départ de Peter Tosh, puis de Earl Smith et Donald Kinsey. Cette chanson a été écrite par Bob Marley pour Cindy Breakspeare, Miss Monde 1976, avec qui le chanteur a eu une liaison, et un fils Damian Marley. Le groove habituel du reggae s'efface au profit d'une soul sexy et langoureuse.
Les concerts au Rainbow Theatre de juin 1977 en bonus
La musique de Bob Marley & The Wailers prenait une tout autre dimension sur scène, parvenant à une véritable communion avec le public. Les concerts de la première semaine de juin 1977 qui ont suivi la sortie d'"Exodus" sont très prisés par les fans, et la Chaine YouTube Officielle en a récemment publié des extraits :Pour compléter toujours plus, les editions Super Deluxe 4LP (Vinyls) et Deluxe 3CD offrent pas moins de 8 titres live enregistrés au Rainbow Théâtre en juin 1977, comme cette version de "Jamming" :
Ces enregistrements publics nous rappellent la chaleur humaine de Bob Marley, sa musique toujours actuelle, et combien son message semble plus que jamais vivant.
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