Mylène Farmer: "Se faire connaître outre-Atlantique, ce n'est pas un but en soi"
Se faire connaître outre-Atlantique, "ce n'est pas un but en soi", assure la chanteuse rousse, dans un palace parisien entourée d'un Sting barbu et de l'Américain Martin Kierszenbaum, co-compositeur du disque sorti vendredi, mais aussi patron d'un label, Cherrytree Records, qui va le distribuer en Amérique du nord. "J'écris en français et le marché américain reste malgré tout extrêmement difficile, comme le marché britannique. Parlons simplement d'une jolie surprise et pas d'un enjeu ou d'un mouvement de carrière. Tout ça n'est pas réfléchi", précise Mylène Farmer.
Connue pour une relation très forte avec ses fans depuis ses débuts, il y a 30 ans, ainsi que pour une rareté calculée dans les médias et des clips au romantisme sombre, la chanteuse a vendu à ce jour "plus de 11 millions d'albums dans le monde", selon Cherrytree Records. Le marché américain, que tentent aussi de séduire ces temps-ci Stromae ou Christine and the Queens, reste toutefois une gageure pour les artistes francophones.
Des chansons universelles
"On a découvert qu'il y a déjà de nombreux fans de musique, aux États-Unis, qui connaissent bien le travail de Mylène", assure Martin Kierszenbaum, lui-même "fan" de la rousse depuis longtemps. Pour Sting, "les chansons de Mylène sont compréhensibles que vous soyez Français ou non". "Ça sonne sexy, ça sonne sensuel", estime le Britannique, présent sur l'album avec le duo "Stolen car", reprise d'une chanson de 2003 de l'ex-leader de Police réadaptée avec des paroles mêlant anglais et français."Il y a douze ans, cette chanson n'avait pas eu de succès parce qu'il manquait un ingrédient magique. Mylène est devenue cet ingrédient. Cette voix féminine, ces mots en français, c'était exactement ce dont la chanson avait besoin", ajoute Sting. Dévoilé fin août sur les radios en avant-goût de l'album, ce duo parlant de voiture volée et d'adultère n'est pas vraiment représentatif d'un album qui regarde davantage du côté des étoiles et de l'espace.
Dans la chanson titre "Interstellaires", ouverte par quelques notes rock rappelant la Mylène Farmer du début des années 1990, elle rêve de "mettre les voiles" vers des "amas d'étoiles". Dans la sautillante "Voie lactée", elle aspire à "déposer armes et fracas" pour se plonger dans "les mystères" de l'espace. Des paroles globalement plus contemplatives et moins subversives et sulfureuses que les tubes "Libertine", "Sans contrefaçon" ou "Pourvu qu'elles soient douces" qui l'ont fait connaître dans les années 1980.
Bowie, la référence
"J'ai toujours du mal à parler de ce que j'écris, éventuellement de ce je suis. On me parle d'une forme d'apaisement. Ça fait 30 ans que je fais ce métier, forcément on évolue", souligne Mylène Farmer, 54 ans depuis septembre. Sans se comparer à David Bowie, la référence incontournable en matière de chanson "spatiale", la chanteuse confesse une simple "envie de lever la tête et de s'échapper un peu du monde environnant". "J'ai besoin d'imaginer un ailleurs, j'ai besoin de m'accrocher à cette idée, même si c'est évidemment métaphorique", sourit la chanteuse, qui vient d'illustrer un conte philosophique de Michel Onfray.Quant à la scène, Mylène Farmer indique ne pas encore avoir décidé quand elle la retrouverait. Immobilisée près de six mois suite à une fracture tibia-péroné en mars, elle souhaite désormais "prendre (son) temps pour essayer de réinventer quelque chose, ne pas se précipiter". "Mais je vais le faire, parce que j'ai très envie de le faire", promet celle qui reste la seule chanteuse française à avoir rempli le Stade de France deux soirs de suite, en septembre 2009.
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