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Avec "Villa Rosa", Da Silva offre un nouvel album moins noir

Lassé du "repli sur soi" et de son penchant "pathologique à voir le verre à moitié vide", Da Silva a voulu "ouvrir les fenêtres" pour "Villa Rosa", son cinquième album publié lundi.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Manu Da Silva
 (Richard Dumas)
"Moi, je suis un peu courbé. Quand je marche, j'ai la tête dans les épaules. Je me suis dit : +Eh Manu, sur cet album, j'aimerais bien que tu lèves la tête+", dit le musicien. "J'ai pensé +ça suffit le repli sur soi, le trip un peu égocentrique!+ J'avais envie d'air, que ce disque fasse du bien", raconte-t-il.
Depuis son premier album solo "Décembre en été" (2005), salué par la critique et par un succès public (110.000 exemplaires vendus), Da Silva avait creusé le sillon de l'intime. Il a exploré, souvent avec pessimisme et mélancolie, les motifs de l'amour, de l'absence ou encore de la crise, comme sur son dernier album, "La Distance" (2010).
"On me voyait comme le chanteur mystique avec sa guitare folk en train de jouer des chansons désespérées, de rupture. Je n'avais plus droit à rien d'autre. Un jour, j'ai tout foutu en l'air. Je ne suis pas ça, pas que ça, c'est une partie de moi", explique-t-il.
Pour "Villa Rosa", un travail avec deux réalisateurs
Mais pour se réinventer, "tu as besoin des autres", juge-t-il. Pour "Villa Rosa", Da Silva a pour la première fois décidé de travailler avec deux réalisateurs. "J'ai fait des maquettes très sommaires en guitare-voix car je voulais qu'ils me disent ce que leur évoquaient mes mélodies. A leur tour, leurs préproductions m'évoquaient une manière de chanter différente", raconte-t-il. "Sans eux, je n'aurais jamais pensé à faire un album comme ça. Je ne me serais jamais lancé dans l'aventure d'un morceau néo-disco boiteux", le surprenant "Gin Fizz", confie-t-il.  
10 titres enregistrés en 10 jours
Pop et aérien, "Villa Rosa" est traversé par des sonorités subtilement inspirées des années 80, sur un rythme soutenu qui évoque une course de fond. "J'avais envie d'un album qui passe très vite, de vignettes très ramassées", confirme le chanteur. Contrairement à l'habitude qui veut qu'un musicien arrive en studio avec plus de chansons que celles qui finiront sur le disque afin de se donner de la marge, Da Silva n'a écrit que les dix titres qui figurent sur l'album et s'est donné dix jours pour les enregistrer.

"Je ne suis pas quelqu'un qui a besoin d'être rassuré. Je manque bien d'assurance et ça me convient de douter, s'amuse-t-il. On s'est dit +On a dix titres et dix jours. Il faut tout réussir, on ne peut pas se dire cette chanson est moins bien, on ne peut pas avoir de coups de mou". Du coup, l'enregistrement a été "affreux". "Il y a eu des clashs, des moments très difficiles, d'autant qu'on travaillait entre amis donc sans distance", confie-t-il. "Je suis sorti de ce studio fatigué mais content de l'aventure humaine, sûr d'avoir des potes et d'avoir réussi à faire un disque qui me plaisait", ajoute-t-il.

Des textes moins noirs
Si les textes de Da Silva ne sont pas apaisés, ils sont moins catégoriquement noirs que par le passé. "Je vais avoir 40 ans. C'est un âge où il faut que tu te demandes si tu as réussi deux-trois trucs ou s'il faut y retourner, que tu regardes ce que tu as raté mais aussi ce que tu as gagné. J'ai un peu équilibré les choses, je n'ai pas fait que regarder le verre à moitié vide. Ce qui était assez pathologique chez moi", sourit-il.

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