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"Percujam", l'aventure musicale de jeunes autistes racontée au cinéma

"Percujam", c’est le titre d’un documentaire signé Alexandre Messina qui sort sur les écrans le 4 avril. C’est aussi le nom d’un groupe de musique atypique composé de jeunes adultes autistes et de leurs éducateurs. Pendant cinq ans, le réalisateur a suivi le travail de cette troupe à l'énergie communicative. Le film a reçu le Prix du public du Festival francophone d'Albi 2017.
Article rédigé par Chrystel Chabert
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Une troupe unique qui rappelle qu'entre "autiste et artiste, il n'y a qu'une petite lettre de différence".
 (Jour2fête)

Scénariste et réalisateur, ("La storia di B", "Les marais criminels"), c’est par hasard qu’Alexandre Messina a été mis en relation avec une des éducatrices du groupe Percujam. Invité à une répétition, il a passé vingt minutes à se demander qui étaient les artistes autistes tant l’osmose du groupe gommait des pathologies que le cinéaste a perçu une fois la session terminée. "Je me suis dit qu’il y avait vraiment matière à creuser. Très vite l’idée d’un film s’est imposée, parce qu’avant toute chose il y avait des personnages. Récurrents. Ils s’imposaient naturellement."

"Filmer la joie"

Mais Alexandre Messina (et Alexandra Lederman et Alain Miro, ses deux co-auteurs qui sont aussi coproducteurs du film) veut faire un film différent, en s'immergeant dans l’équipe et en se faisant oublier. Le réalisateur a choisi de ne pas interviewer les éducateurs et les parents, ni même de mettre une voix off. Le but était de montrer le travail des éducateurs au quotidien et de voir comment ils laissent vivre ces jeunes. "Je voulais filmer leur joie lorsqu’ils font de la musique", explique Alexandre Messina. "L’endroit où ils nous emmènent, qui semble si pur, si naturel. Pour autant le film ne sombre jamais dans l’angélisme. On y parle de la vie, de sexe… Il était important de montrer qu’ils ont les mêmes préoccupations que nous. Etre beaux, être désirés…"

Et il suffit de voir l'enthousiasme des spectateurs, venus assister à une projection du documentaire suivi d'un mini-concert, pour se rendre compte de la fabuleuse énergie et du talent de ces jeunes artistes.

Reportage : P. Deschamps / J-M. Lequertier / B. Poulain / E. Brouillard / J. Bignon / V. Christophe 
L’aventure Percujam a commencé en 1999 quand Laurent Milhem devient éducateur spécialisé auprès d’autistes au centre Alternance de Bourg-la-Reine (92). Musicien amateur, batteur et percussionniste, il propose  de créer un atelier musical dans cet institut médico-éducatif où existait déjà un petit groupe composé de 3 éducateurs et 3 jeunes. "Je ne suis que batteur et pour construire des morceaux, j’ai besoin de mélodies. Les jeunes autistes du groupe ont commencé à me proposer des accords, je trouvais un air avec eux et peu à peu un morceau se composait. Au fur et à mesure, le groupe s’est étoffé. Vers 2004 nous étions déjà plus d’une dizaine", raconte Laurent Wilhem. 

C’est aussi en partie grâce à lui que le groupe a pu donner des concerts et avoir une vraie visibilité. Par le biais de relations, il entre en contact avec Guizmo, le chanteur du groupe Tryo. Après avoir assisté à une répétition, il propose à Percujam de faire la première partie de leur concert au Cabaret Sauvage (une salle de spectacle située dans le parc de la Villette à Paris).
  (Jour2fête)

Une légitimité musicale

A partir de là, les concerts s'enchainent, à la fois dans des institutions et des foyers mais plusieurs fois par an, le groupe joue hors du champ du handicap dans les premières parties de Sergent Garcia, Grand Corps Malade, -M-, Ben l'Oncle Soul ou Yvan le Bolloc'h...En 2015, Percujam est tête d’affiche au Théâtre des variétés à Paris puis, consécration en 2016, à L’Olympia.
Depuis, un nouveau foyer dédié à la musique pour de jeunes adultes autistes a ouvert ses portes en septembre à Antony (92). Baptisé Alternote, c’est là que l’équipe de Percujam a élu domicile.

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