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Van Hove, Sellars ou Jaroussky, stars de la saison 2017-2018 à l'Opéra de Paris

C'était la présentation de la saison 2017-2018 de l'Opéra de Paris par Stéphane Lissner et son directeur musical, Philippe Jordan. Devant quelques invités associés, les metteurs en scène Ivo Van Hove et Claus Guth ou la compositrice Kaija Saariaho.
Article rédigé par franceinfo - Bertrand Renard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 6min
L'allégorie de la poèsie sur le toit de l'Opéra Garnier
 (Manuel Cohen/AFP)

Des Résultats brillants 

Stéphane Lissner n'est jamais avare de compliments, d'abord adressés à lui-même, mais il a quelque raison pour cela. Il ne manque d'ailleurs pas en préambule de rendre hommage aux "1500 salariés" qui maintiennent haut le panache  de la grande maison "en un temps où les budgets s'effondrent, en Europe mais surtout aux Etats-Unis" Les chiffres lui donnent d'ailleurs raison: augmentation du public de 12 pour cent sur un an, baisse de la moyenne d'âge dudit public (46 ans pour l'opéra, 42 ans pour le ballet) avec une augmentation spectaculaire chez les moins de 28 ans, augmentation du mécénat (sans qui l'Opéra ne pourrait vivre) de 70%. Pour la prochaine saison, 405 représentations pensent accueillir un million de spectateurs. Qui a dit (levez le doigt, chers politiques!) que l'opéra était pour une élite?

Puccini par Dudamel 

L'autre travail de Lissner, et il y réussit plutôt bien, c'est de faire revenir: des metteurs en scène, des chanteurs, des chefs. Parfois le "faire revenir" s'appelle simplement "faire venir" (un Gustavo Dudamel, par exemple, qui n'a encore que 35 ans, pour "La bohème" de Puccini) Quant à la programmation, idéal mélange de nouveautés et de reprises, elle est excitante même si pas toujours comme la présentent nos deux directeurs. Expliquons

Jonas Kaufmann chante Verdi 

Philippe Jordan prend la parole, nous vante la "suite du cycle grand opéra français du XIXe siècle" et nous annonce... Verdi. C'est-à-dire, "pour les 150 ans de sa création, la version française de Don Carlos, spécialement réécrite et réorchestrée par le maître italien dans l'esprit français et jamais jouée depuis". Et mise en scène par Warlikowski, avec une distribution haut-de-gamme, Jonas Kaufmann dans le rôle-titre, Sonia Yoncheva en Elisabeth, Elena Garança en Eboli, Ludovic Tezier en Posa. L'autre opéra français (même le compositeur l'est, cette fois...), ce sera "Benvenuto Cellini" de Berlioz mise en scène par... Terry Gilliam, l'inoubliable metteur en scène de "Brazil" et ex-membre des Monty Pythons. Avec l'exquise Pretty Yende en Teresa.

Le "Boris Godounov" d'Ivo van Hove

Comme promis on aura notre opéra russe et ce sera... "Boris Godounov". Pas très révolutionnaire! Ce qui le sera plus, c'est qu'Ivo van Hove mettra en scène le chef-d'oeuvre de Moussorgsky "dans sa première version, plus intime, plus politique (dit-il), moi qui suis passionné par la question du pouvoir" Une seule oeuvre baroque, "Jephté" de Haendel (avec le retour de William Christie dirigeant Ian Bostridge et Marie-Nicole Lemieux)  "Jephté" qui est d'ailleurs un oratorio,  sera mis en scène par Claus Guth (dont on voit en ce moment le "Lohengrin"). Guth fera aussi cette "Bohème" de Puccini dirigée par Dudamel (en Mimi, Sonia Yoncheva) .

Jaroussky en ange pour Kaija Saariaho 

Pour le contemporain, on aura donc la très attendue création de Saariaho, d'après des nôs japonais transcrits en anglais par le grand poète américain (et tout aussi "grand" fasciste) Ezra Pound. Ce "Only the sound remains" verra les débuts à l'Opéra de Paris de... Philippe Jaroussky, dans une mise en scène de Peter Sellars. Un autre opéra contemporain, "La ronde" de Philippe Boesmans sera représenté à l'Amphithéâtre par l'Atelier d'art lyrique.

Le mise en scène de Patrice Chéreau de "De la maison des morts" 

Le Wagner annuel sera "Parsifal" (le père de Lohengrin!) On terminera la saison avec "Don Pasquale" de Donizetti. Et en novembra Esa-Pekka Salonen viendra diriger "De la maison des morts" de Janacek, reprise de l'exceptionnelle mise en scène de Patrice Chéreau pour Aix-en-Provence en 2007. C'est Pierre Boulez qui dirigeait à l'époque, Boulez avec qui Salonen était allé travailler. La distribution sera sensiblement la même, dans cet opéra strictement masculin, qu'il y a dix ans.

Des reprises brillantes 

Stéphane Lissner insiste sur les reprises, citant son lointain prédécesseur, Rolf Liebermann: "On reconnait la qualité d'une maison d'opéra à la qualité de ses reprises". Et insistant d'abord sur le fait que les metteurs en scène reviennent désormais pour faire travailler des distributions entièrement renouvelées: "Walikowski vient de le faire pour "Iphigénie en Tauride", Carsen pour "Les contes d'Hoffmann". Mais la qualité passera aussi par de superbes distributions.

Van Dam dans "La veuve joyeuse", Netrebko et Domingo dans "Traviata" 

On ouvrira donc Bastille par l'ancienne mise en scène de Jorge Lavelli pour "La veuve joyeuse" Quel plaisir (c'est peut-être cela, la vraie révolution) de programmer une opérette pour ouvrir une saison d'opéra! Et donc distribution de prestige: José Van Dam(oui, oui!), Thomas Hampson en Danilo, Véronique Gens en veuve. "Pelléas et Mélisande" y verra le Pelléas du jeune Etienne Dupuis (applaudi en Oreste d'"Iphigénie en Tauride") et la Mélisande d'Elena Tsallagova, qui fut en janvier une charmante Sophie dans "Werther". Le "Falstaff" de Verdi sera Bryn Terfel, avec madame Alagna, Aleksandra Kurzak, en Ford et Julie Fuchs en Nanetta. "La clémence de Titus" de Mozart verra de nouveau Kurzak en Vitellia et, en Sesto, soit Stéphanie d'Oustrac soit Marianne Crebassa. L'Amelia d' "Un bal masqué" sera Anja Harteros (si elle n'annule pas) au côté de Marcelo Alvarez. Anna Netrebko sera Traviata pour trois dates en février (21, 25 et 28) où elle aura en Germont... Placido Domingo. Enfin, dans une même soirée, le jeune et brillant Stanislas de Barbeyrac sera Gonzalve dans "L'heure espagnole" de Ravel et Vittorio Grigolo le Rinuccio du "Gianni Schicchi" de Puccini.
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