Restrictions budgétaires : un syndicat professionnel du spectacle vivant alerte sur une "saison fantôme" en 2023-2024
Touché par des restrictions budgétaires, le spectacle vivant va vivre une "saison fantôme" en 2023-2024, avec quelque 150 000 spectateurs privés d'opéra ou de concert du fait de productions déprogrammées ou réduites, estime un syndicat du secteur. "C'est l'équivalent (du public, ndlr) de deux de nos maisons", déplore Aline Sam-Giao, présidente du syndicat professionnel Les Forces musicales, qui regroupe 51 opéras et orchestres. Cette organisation considère que "près de 200 000 spectateurs ont été perdus" l'année dernière. Si bien que, "si rien ne change dans les prochains mois", ce seront au total "500 000 spectateurs perdus d'ici à 2025", sur trois saisons cumulées.
"De Carmen à La Flûte Enchantée en passant par Les Nocturnes de Debussy, le nombre de spectacles annulés équivaut à la programmation d’une saison entière pour un opéra ou un orchestre de premier plan. Au-delà des spectateurs perdus, la chute de l’emploi artistique est tout aussi importante. Un véritable coup d’arrêt pour les territoires, qui s’appuient sur l’activité de ces établissements pour faire valoir leur attractivité".
Les Forces musicalesCommuniqué
L'emploi en danger
En outre, "2 000 emplois artistiques (seront) supprimés" sur la saison 2023-2024, affirme le syndicat. Il ne s'agit pas d'emplois permanents à temps plein mais "2 000 personnes (...) n'auront pas un emploi sur la durée prévue d'un spectacle (période allant d'une semaine à un mois et demi, NDLR)", a précisé Aline Sam-Giao. Pour appuyer son alerte, Les Forces musicales a donné l'exemple d'une vingtaine de productions subissant les effets de cette crise.
Ainsi, l'opéra Don Giovanni de Mozart ne sera plus présenté qu'en version concert, dans un établissement du quart nord-ouest de la France et des pièces orchestrales de Rachmaninov et Stravinski seront jouées à une seule date, au lieu de deux, dans le nord-est du pays. Autres exemples : l'annulation d'un opéra-oratorio de Haendel (prévu dans le sud-est) ou l'annulation d'une tournée de cinq dates au Royaume-Uni d'un ensemble orchestral.
"Crise structurelle"
Au-delà des causes conjoncturelles, crise sanitaire, coût de l'énergie, Aline Sam-Giao insiste sur la "crise structurelle" qui touche le secteur, à savoir "la non-augmentation des subventions, depuis parfois 20 ans, dans nos maisons". "Nous n'avons plus les moyens de financer les missions qui nous sont demandées." D'où, selon elle, "la nécessité pour les pouvoirs publics de prendre des décisions fortes et de moyen terme". "Que l'Etat mobilise des financements pour faire effet de levier auprès des collectivités territoriales", jouant le rôle de "chef de file de l'aménagement du territoire", réclame-t-elle.
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