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"Nabucco" de Verdi à Lille : l'actualité s'invite dans le drame biblique

Peut-on faire un parallèle entre "Nabucco" de Verdi et l’actualité autour de la Syrie et des migrants ? C’est en tout cas le parti-pris de Marie-Eve Signeyrole qui met en scène le célèbre opéra, présenté à Lille jusqu’au 6 juin. Le spectacle sera également retransmis en direct sur grand écran le samedi 26 mai à 18h dans 28 villes des Hauts-de-France et sur Culturebox.
Article rédigé par Chrystel Chabert
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Une version revisitée de "Nabucco" de Verdi qui fait écho à la situation actuelle.
 (PHOTOPQR/VOIX DU NORD/MAXPPP)

En mars 1842, quand le jeune Guiseppe Verdi présente "Nabucco" à la Scala de Milan (il a à peine 29 ans, c’est son troisième opéra mais son premier vrai succès), les Italiens sous le joug des Autrichiens. Ils se reconnaissent immédiatement dans ce drame biblique, celui de ce peuple hébreu, que Nabuchodonosor roi de Babylone a vaincu et qui menace leur temple de Jérusalem.

En 2018, l’histoire peut à nouveau résonner au regard de l’actualité internationale à savoir le conflit en Syrie et l’afflux de réfugiés en Europe. Sans faire directement référence à ces drames, la metteure en scène Marie-Eve Signeyrole a choisi de transposer l’intrigue de Nabucco dans une zone de conflit contemporaine. "Nabucco" dit-elle, "c’est l’histoire éternelle de tous les exils, de tous les asservissements, de tous les espoirs d’une liberté à reconquérir."

Reportage : France 3 Nord Pas-de-Calais - A. Benbournane / J. Vasco / E. Rattenni / E. Beauge

Un foisonnement d'images

Intégrant la vidéo (des images de bombardements captés par une chaine d’infos en continue) et des textes  d'Elias Sanbar, ambassadeur de Palestine à l'Unesco, sa mise en scène dépoussière ce grand classique de l’art lyrique mais déroute aussi un peu le public. "Ce mélange d’images, c’est chargé mais ça me plaît" ; "Ca choque un peu mais j’ai trouvé ça assez fort" confiaient des spectateurs à l’issue du spectacle.
  (PHOTOPQR/VOIX DU NORD/MAXPPP)
Sur scène, on retrouve dans les rôles principaux Nikoloz Lagvilava (Nabucco), Mary Elizabeth Williams (Abigaille), Simon Lim (Zaccaria),  Robert Watson (Ismaele) et Victoria Yarovaya (Fenena). Spécialiste de Verdi, c’est le chef italien Roberto Rizzi Brignoli qui dirige l’Orchestre National de Lille.

Deux choeurs pour un célèbre hymne

Quant aux choeurs de l’Opéra de Lille, ils s'uniront à ceux de l'opéra de Dijon (qui reprendra le spectacle en novembre prochain) pour interpréter le célèbre choeur des esclaves, le "Va, pensiero" ("Va pensiero sull’ali dorante... traduisez "Va, pensée sur tes ailes dorées…Vole vers la patrie si belle que j’ai perdue"), un chant qui est devenu un véritable hymne. Pour la petite histoire, au moment de sa création, ce chant faillit devenir l’hymne national italien tant il était populaire et apprécié. Et s’il a fallu attendre 1951 pour que l’opéra entier fasse l’objet d’un disque, "Va pensiero" lui, a été enregistré un nombre incalculable de fois !  
  (PHOTOPQR/VOIX DU NORD/MAXPPP)
Au total, ce sont 62 choristes qui seront donc sur scène pour faire vibrer les spectateurs. Et pas seulement ceux de l'opéra de Lille. Le 26 mai à 18h, une représentation exceptionnelle sera retransmise en vidéo et en direct sur la Place du Théâtre à Lille et dans 28 salles de la région Hauts-de-France. Salles de théâtres, de cinémas, salles des fêtes, espaces en plein air, église, grange... ont été réquisitionnés pour permettre au plus grand nombre de profiter gratuitement de ce chef d’œuvre de l’art lyrique qui sera également visible sur Culturebox.

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