Macbeth à l’opéra de Lyon: les Indignés envahissent la scène
Le drame moyenâgeux inspiré de Shakespeare et adapté par Verdi au milieu du XIXe siècle se retrouve catapulté en pleine salle des marchés boursiers d’une mégapole qui pourrait être New York. Ecrans vidéo indiquant l’évolution des cours de la bourse tout autour de la scène, téléphones portables, tablettes, pour le décor et les accessoires. Costumes cravates, tailleurs stricts pour les chanteurs, bienvenue dans l’univers impitoyable de la finance. Ivo van Hove transpose ainsi radicalement les complots et meurtres du couple Macbeth et entraine les chanteurs à entrer totalement et avec talent dans ces personnages revisités.
Evez Abdulla en Macbeth tout en retenue développe une belle voix de baryton, Iano Tamar en Lady Macbeth se révèle une mezzo tragédienne et machiavélique, sans oublier le ténor Dmytro Popov en Macduff et la basse Riccardo Zanellato en Banco.
Banco, c’est le cas de dire pour cette combinaison gagnante d’un plateau vocal, une fois n’est pas coutume, sans faille. Le chœur impeccable vient ajouter toute la puissance à cette œuvre de Verdi peu entendue sur la scène lyonnaise.
Kazushi Ono à la tête de l’orchestre de l’opéra adopte une direction rude, sans lyrisme excessif, tentation fréquente des orchestres sur la musique verdien.
Cette âpreté convient parfaitement à la prise de partie proposée par l’équipe du metteur en scène flamand, Ivo van Hove. Les images nourries de cinéma, clin d’œil à Matrix ou aux sorcières des dessins animés, enferment et dominent l’action par des vidéos géantes projetées sur le haut des trois côtés de la scène. Elles nous montrent aussi en noir et blanc, les meurtres censés être hors champ selon le livret de l’opéra.
De la volupté du pouvoir dans laquelle se vautre Lady Macbeth, au royaume devenu un repaire de brigands, l’action va faire pénétrer l’actualité avec à-propos sur la scène. Le peuple triomphe de ces luttes de pouvoir au travers de ces manifestants d’Occupy Wall Street, ces « indignés à l’américaine» qui envahissent la salle des marchés de la bourse. Elle donne ainsi à réfléchir à l’exercice des pouvoirs d’aujourd’hui. Un spectacle d’anthologie.
« Macbeth » de Verdi à l’opéra de Lyon jusqu’au 27 octobre.
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