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Le Messie de Haendel à l'Opéra de Lyon : que c'est beau !

Le Messie de Haendel est un monument du patrimoine musical mondial. En cette fin d'année, l'Opéra de Lyon en propose une version originale. Le célèbre oratorio est mis en scène, comme un opéra, par la britannique Deborah Warner. A la baguette un grand chef du baroque Laurence Cummings. Un pari audacieux et plutôt réussi pour un spectacle de 3 heures, qui a enthousiasmé les spectateurs de la première, ce lundi 3 décembre, impressionnés par la qualité des Choeurs de l'Opéra de Lyon.
Article rédigé par franceinfo - Jean-Michel Ogier
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Andrew Foster Williams et l'Enfant
 (Stofleth)

A ceux qui s'interrogent sur la nécessité de mettre en scène une oeuvre traditionnellement jouée dans des églises, partitions à la main, Deborah Warner a une réponse imparable: "Haendel créait des opéras depuis 25 ans lorsqu'il a écrit Le Messie...C'est une oeuvre débordante qu'il voulait voir jouer, pas réciter". De plus Haendel en parlait lui-même comme d'un "divertissement"

Deborah Warner a donc pris le Maître au mot, quitte à choquer les puristes. Et elle a bien fait. 

Elle s'est attaquée à un monument, rien de moins que l'histoire de Dieu en 3 parties, la Nativité, la Passion et la Résurrection.

Le Messie s'ouvre sur un décor dépouillé avec des écrans géants qui s'animent d'images en accélérées de circulation et de gare. Elles transposent l'oeuvre dans l'ère moderne, pour mieux nous montrer l'universalité et l'intemporalité du Messie.

L'ouverture du spectacle
 (Stofleth)

Puis, alors que le ténor Andrew Kennedy plante le décor de l'histoire, on voit apparaître les deux bonnes idées de la mise en scène. Un petit garçon, qui ne dit pas un mot, va et vient sur la scène, du ténor aux danseurs, d'un élément de décor au choeur. Il sera le lien, le fil rouge (très applaudi) du spectacle.

Et puis les choristes, habituellement figés pour ce Messie dans des tenues de soirée, sont cette fois chanteurs en mouvement. Ils deviennent acteurs, accompagnent dans le mouvement les danseurs. Ils participent activement à l'histoire, sans que leurs voix perdent de leur force.

Pour illustrer la Nativité dans cette première partie, Deborah Warner mélange le moderne et l'imagerie ancienne. Ainsi le Messie arrive au milieu d'enfants bergers, des rois mages, dans une joyeuse cohue photographiée par une nuée de reporters et de curieux munis de smartphones.

L'arrivée du messie
 (Stofleth)

La deuxième partie, parce qu'elle narre la Passion est d'abord plus sombre et c'est logique, mais aussi plus lourde, comme si Deborah Warner hésitait entre un traitement contemporain ou un traitement plus classique. Mais aussi parce que, britannique élevée dans une famille Quaker qui revendique une éducation pacifiste, elle ne supporte certainement pas cette violence faite au Messie. 

Scène de la Passion
 (Stofleth)
Puis l'enfant revient, débarrasse la scène des objets qui rappellent la mort du Christ.

L'enfant et le ténor
 (Stofleth)

Et l'on voit les choeurs sourire à nouveau au pied d'un olivier doré. La tension monte en un crescendo qui nous amène au sommet de l'oeuvre, le célèbre Alleluiah. Choristes et solistes occupent alors toute la scène. La ferveur monte irrésistiblement. Le décor est dépouillé et tellement lumineux. Le public frissonne. Enorme.

La troisième partie débute sur un lit d'hôpital. L'excellente soprano, Sophie Bevan se meurt, avant de ressusciter pour ce triomphe de la Rédemption. L'Enfant revient, va d'un lit à l'autre pour redonner vie aux gisants. C'est bien le signe que la metteur en scène a voulu faire de cette histoire de Dieu, une histoire à hauteur d'homme.

L'Amen final rassemble tout le monde sur scène et comme l'Alleluiah déclenche des tonnerres d'applaudissement (pendant 10 minutes) d'un public conquis.

Une scène de la résurrection
 (Stofleth)

Le Messie de Georg-Friedrich Haendel à l'Opéra de Lyon

Représentations les  6, 8, 9, 11, 13 et 14 décembre.
Prix des places de 10 à 94 Euros

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