L'opéra de Montpellier étrillé par les juges financiers pour mauvaise gestion
Signe de la gravité des critiques adressées à l'association qui gère l'opéra et à l'orchestre national de la ville, et dont le fonctionnement n'est pas "conforme à ses statuts", la juridiction financière (qui a étudié la période 2009-2014) renonce "exceptionnellement" à formuler des "recommandations", ce qu'elle fait en général après chaque rapport.
Le conseil d'administration devenu simple chambre d'enregistrement
Vivant à 90% de fonds publics, principalement des subventions de la communauté d'agglomération, l'opéra et l'orchestre national, gérés sous statut associatif, disposent de "recettes propres extrêmement faibles", relèvent les magistrats financiers. La Chambre régionale des comptes critique "les modalités de recrutement, de licenciement ou de mises à la retraite, pourtant particulièrement coûteuses des cadres dirigeants, (qui) n'ont pas fait l'objet d'une information précise et préalable du conseil d'administration". Cette instance est "trop souvent une chambre d'enregistrement".Entre 2009 et 2014, les départs à la retraite et les licenciements ont représenté un coût total de 1,7 million d'euros, selon le rapport. Dans un contexte de baisse des subventions publiques, le budget annuel de l'opéra et de l'orchestre est de quelque 23 millions d'euros. Un budget qui sert "aujourd'hui principalement à financer les dépenses de personnel ainsi que le loyer des salles de spectacle dont la faiblesse du taux de remplissage est pourtant inquiétante, le taux moyen de fréquentation des représentations ne dépassant pas 73 % en 2014".
L'association ne remplit plus son objet social
Résultat, l'association "ne remplit plus véritablement son objet social qui est de promouvoir l'opéra et l'orchestre de Montpellier, notamment par la création et la production" d'oeuvres. Au niveau du personnel, l'effectif est "surdimensionné", selon les magistrats : "le sous-emploi des musiciens l'illustre, les heures effectuées sur la dernière saison dépassant à peine 50% du temps de travail, ce qui leur laisse une grande latitude pour réaliser des prestations extérieures rémunérées".La chambre régionale des comptes souligne toutefois l'adoption d'un plan de redressement sur 2016-2018, mais basé sur des projections qu'elle juge "ambitieuses". Dans sa réponse, annexée au rapport, l'association explique avoir entrepris de gros efforts de restructuration et de "normalisation" depuis le passage de la chambre régionale des comptes, et explique une partie de ses difficultés par les "querelles politiques" et les déchirements de la gauche montpelliéraine depuis la mort de l'ancien président de région Georges Frêche.
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