Festival de Salzbourg : "La Flûte Enchantée" interprétée sur instruments anciens
Le ténor suisse Bernard Richter, à la voix souple et puissante, a suscité un vif enthousiasme de la part du public dans le rôle de Tamino, le beau prince parti à la recherche de Pamina, la soprano allemande Julia Kleiter, dont il s'est épris en voyant son portrait.
Sarastro, incarné par la basse allemande Georg Zeppenfeld, qui retient Pamina hors de l'influence de sa mère, la Reine de la Nuit, a également séduit les auditeurs, comme cette dernière, la soprano allemande Mandy Fredrich, parfaitement à l'aise dans les vocalises périlleuses qui caractérisent sa partition.
Seul personnage dont la simplicité rassure et amuse les spectateurs, l'oiseleur Papageno a bénéficié des talents d'acteur du baryton autrichien Markus Werba.
Le dernier opéra de Mozart
"La Flûte Enchantée" est le dernier opéra composé par Mozart peu avant sa mort, en 1791, sur un livret de l'acteur et metteur en scène Emmanuel Schikaneder, qui avait joué avec brio le rôle de Papageno lors de la création de l'oeuvre, dans les faubourgs de Vienne.
Dans cet ouvrage mystérieux et complexe, s'affrontent deux mondes, celui lumineux et rationnel de Sarastro et celui de la Reine de la Nuit, où s'épanouissent fantasmes et sensualité. "La Flûte Enchantée" et sa quête initiatique a suscité de nombreuses interprétations, notamment du fait de l'appartenance de Mozart à la franc-maçonnerie.
Jens-Daniel Herzog, qui le met en scène à Salzbourg, entend faire de l'opéra "un message pour ici et maintenant". Sur la scène, six portes surmontées chacune de lettres de l'alphabet. Au-dessus, une terrasse, d'où l'on peut observer les astres grâce à des télescopes. Par un jeu d'emboîtements, ce décor se modifie au gré des besoins.
Un décor pour plusieurs époques
Il s'apparente à un labyrinthe, illustrant le parcours initiatique auquel Tamino, Papageno et Pamina sont soumis. Mais il laisse aussi place au surgissement d'un espace onirique, comme lorsque les trois enfants chargés de guider Tamino apparaissent, chacun d'une taille différente, tout de noir vêtus, semblables à des vieillards. Ou lorsque des loups aux yeux rouges suivent, comme envoûtés, le jeune prince qui joue de la flûte.
Les époques se mêlent au travers des costumes. L'oiseleur vaque à ses occupations grâce à une voiturette estampillée "Papageno's" dans laquelle sont pendus des oiseaux morts.
Pamina, vêtue d'une robe bleu marine à col blanc, est retenue prisonnière dans un collège où des étudiants portent l'uniforme de rigueur, culottes courtes et chaussettes montantes.
En blouse blanche, le crâne rasé, Sarastro a sur sa poitrine le cercle solaire lui conférant son pouvoir qui clignote à l'image d'un coeur battant. Un épais cordon noir le relie à l'arrière de son crâne.
Son univers rationnel et glacé est celui de la science où les règles prennent le pas sur les individus. Dans ce monde, seul Manostatos, "le Maure", monstrueux et grotesque, est soumis à son désir irrépressible pour Pamina.
Retransmission en direct le 30 juillet
Cet opéra sera retransmis en direct du Festival de Salzbourg le 30 juillet à 20H15 sur la chaîne de télévision franco-allemande Arte.
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