Noël, une période cruciale pour l'industrie de la musique
Alors qu'aux Etats-Unis, la musique numérique est désormais majoritaire, les ventes physiques (cd, vinyles, dvd...) représentaient encore les deux-tiers du chiffre d'affaires du secteur en France au premier semestre 2014. Mais ces ventes, après une année 2013 portée par le phénomène Stromae, sont reparties à la baisse cette année, signe que la crise que connaît le secteur depuis le début des années 2000 reste d'actualité.
"C'est une période où on vend quatre fois plus de disques que le reste de l'année", rappelle à l'AFP Thierry Chassagne, président de Warner Music France. "C'est le moment où on touche les gens qui n'achètent qu'un ou deux disques dans l'année. On fait attention à avoir à ce moment-là un panel d'offre très large", ajoute-t-il. Selon les années et le calendrier des sorties, cette période représente entre 30 et 50% du chiffre d'affaires annuel, estime-t-on aussi chez les majors Sony et Universal.
Des noms "rassurants"
A Noël, près de quatre CD achetés sur cinq sont offerts, estime Olivier Nusse, patron du label Mercury chez Universal. C'est pourquoi les maisons de disques mettent particulièrement en avant les artistes "rassurants", ceux qui font les beaux cadeaux. En novembre sont ainsi sortis les albums de Julien Clerc, Alain Souchon & Laurent Voulzy (leur premier en duo), David Guetta, Pink Floyd et évidemment de Johnny Hallyday (son 49e...).
Chez Sony, on mise sur les derniers AC/DC (écoulé à près de 100.000 exemplaires en France pour sa première semaine), One Direction et Hubert-Félix Thiéfaine ainsi que sur les live d'Indochine et de Patrick Bruel. Chez Universal, plusieurs live sont aussi mis en tête de gondole - Vanessa Paradis, Etienne Daho, Nolwenn Leroy ou Détroit - mais également des albums récents de reprises d'Aznavour ou de Renaud. Au-delà des nouveautés, la période de Noël offre souvent une seconde jeunesse pour les succès de l'année. C'était le cas de Stromae l'an dernier et cela pourrait concerner cette fois Black M, Kendji Girac, Calogero ou Christine & The Queens.
Des coffrets par milliers
L'un des succès des fêtes pourrait concerner l'intégrale remastérisée de Maria Callas, coffret de 69 cd qui, malgré son prix (199 euros), suscite une importante demande, selon Warner. Noël est "la" période des coffrets. Une façon de compléter une discothèque avec plusieurs albums d'un même artiste réunis ou de se replonger dans un album-culte, réédité avec des compléments et parfois un emballage "spectaculaire". On peut citer la publication en vinyles de l'album "Alive 2007" de Daft Punk, jusqu'ici seulement disponible en CD. Les fans se voient même proposer (pour 85 euros) une édition limitée comprenant notamment un vinyle bonus, une réédition d'un autre live de 1997 et un luxueux livre de photos.
Autres beaux objets: l'étonnant film-concert "Biophilia Live" de la diva islandaise Bjork, l'intégrale Aznavour (60 cd, 150 euros) ou la nouvelle compilation de David Bowie.
Les disques restent encore chargés "d'une valeur émotionnelle", rappelle Stéphane Le Tavernier, président de Sony France. Ce qui explique sans doute pourquoi le cd, sous le sapin, n'est pas encore trop concurrencé par les produits dématérialisés, comme des abonnements à des sites de streaming ou des "pass" pour les futurs festivals d'été.
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