Cet article date de plus d'onze ans.
Un groupe ukrainien aux Trans pour expliquer le soulèvement de Kiev
Invités des Trans Musicales, les musiciens ukrainiens de DakhaBrakha étaient encore il y a quelques jours avec les manifestants de Kiev. "En jouant ici, nous voulons expliquer aux Européens ce
qui se passe chez nous", disent-ils à l'AFP.
Publié
Mis à jour
Temps de lecture : 3min
"Ca a été vraiment difficile pour nous de quitter notre pays en ce moment. On se disait qu'on devait peut-être rester là-bas pour agir", raconte le chanteur et multi-instrumentiste Marko Halanevych.
Une culture sous influence russe
Le quatuor, dans lequel il est accompagnée de trois chanteuses et musiciennes, vient tout juste d'achever le premier de ses deux concerts aux Trans Musicales de Rennes.
Porté par la chaleur du public breton, le groupe est heureux. Mais les visages restent graves. "Nous espérons que notre présence ici va aider les Européens à mieux
comprendre ce qui se passe en Ukraine, c'est pourquoi nous sommes venus quand même", explique Marko Halanevych.
"Beaucoup de gens en Ukraine ne veulent pas revenir à l'URSS, c'est pourquoi ils manifestent et essayent de se battre pour leurs droits et leur liberté", ajoute-t-il.
Depuis deux semaines, des milliers de manifestants protestent contre la suspension de la signature d'un accord d'association avec l'Union européenne, au profit de la Russie, et réclament le départ du gouvernement et du président Viktor Ianoukovitch.
DakhaBrakha est une illustration culturelle de cette volonté de s'émanciper de l'influence russe. Fondé en 2004, le groupe reprend des chansons traditionnelles issues du
folklore ukrainien et leur donne une dimension nouvelle en leur ajoutant des instrumentations tirées d'autres musiques du monde ou d'autres genres musicaux.
"Notre culture officielle est très influencée par la culture de masse russe. A la télévision, dans les grandes salles de concerts, il y a beaucoup de musique russe et pas de grande qualité, mais comme ça passe à la télévision, c'est ce que les gens aiment", note Marko Halanevych.
Les Trans musicales de Rennes jusqu'au 8 décembre 2013"Les médias ont peur de la Russie. Nous essayons de nous battre contre ça, car il y a beaucoup de bons musiciens ukrainiens qui ont envie de faire connaître leur musique aux Ukrainiens", ajoute-t-il.
S'approprier le folklore ukrainien, chanter dans les dialectes locaux "est une façon de préserver notre culture, car les grands-mères qui connaissent ces chants sont en train de disparaître", poursuit-il.
"Notre message s'adresse aux générations futures. Nous voulons que nos enfants et leurs propres enfants connaissent ces chants. Par ce biais, nous voulons aussi parler de l'Ukraine aux Européens, au reste du monde, et aux Ukrainiens eux-mêmes", dit-il.
Les trois chanteuses du groupe, spécialisées dans la musique folklorique, font un travail quasi "ethnologique", parcourant les campagnes pour rencontrer les vieilles Ukrainiennes détentrices de cette tradition et les enregistrer.
"La plupart de ces chansons sont des chants de femmes, elles racontent des destinées difficiles, de femmes dont les maris sont morts à la guerre et qui se retrouvent seules à s'occuper des enfants", raconte Marko Halanevych. "D'autres sont des chants rituels pour la récolte, l'arrivée du printemps ou de la nouvelle année", poursuit-il.
Toutes ont un élément de transe en elles, magnifiquement amplifié par les orchestrations modernes de DakhaBrakha et par un chant polyphonique très spécifique des pays de l'Est.
"Ces chants étaient utilisés pour méditer, pour être en connection avec la nature. Apparemment, cette façon de chanter est utilisée en Ukraine depuis des milliers d'années, c'est pourquoi c'est un lien si important entre les générations", souligne le chanteur.
Pendant toute la durée des Trans Musicales suivez en direct une sélection de concerts sur Culturebox Live
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.