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M. Mo Rodgers & Baba Sissoko : "Griot blues", retour aux sources africaines

On l'oublie parfois, mais le blues est d'abord né en Afrique avant d'atteindre les champs de coton en Louisiane et les rives du Mississippi. Le bluesman américain Mighty Mo Rodgers et le musicien malien Baba Sissoko ont réuni leurs talents pour nous conter cette histoire dans leur album "Griot Blues", véritable "histoire d'amour musicale" entre les deux artistes. Dans les bacs ce 13 octobre.
Article rédigé par Jean-François Convert
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Mighty Mo Rodgers (à gauche) et Baba Sissoko (à droite)
 (OneRootMusic)

En Afrique occidentale, un "Griot" est un "historien oral", celui qui transmet les traditions et l'histoire de son peuple. C'est cette démarche que Mighty Mo Rodgers, bluesman de Chicago et théoricien du blues a entrepris en invitant Baba Sissoko, lui-même issu d'une ancienne dynastie de Griots du Mali. Leur rencontre s'est faite en 2015 en Italie, lors de festivals où ils étaient tous deux programmés. Puis, par des joutes d'improvisation sur scène lors d'un concert en Lituanie, et ensuite en studio, vont naitre les bases du projet "Griot blues". Le morceau titre lui-même raconte cette rencontre et cette "histoire d'amour musicale" ("musical love affair").

La musique comme langage universel

Le premier ne parle ni français ni italien, et le deuxième ne parle pas anglais. Qu'importe, la musique va leur permettre de communiquer et d'échanger sur leur cultures, finalement pas si différentes que ça. En effet, le blues, mère de quasiment toutes les musiques actuelles, trouve ses racines à la fois en Afrique et en Amérique. Cet album raconte le voyage "allez-retour" entre les deux continents, et l'apport mutuel des deux influences musicales.
  (Olga Bash)
Ainsi, plusieurs morceaux sont titrés à la fois en malien et en américain : "Nalu / Mother", "Demisenu / Children", "Djeli / Griot /Storyteller". Et les instruments se marient à merveille : le tamani (percussion de l'Afrique de l'ouest) et le ngoni (luth malien) de Baba Sissoko répondent aux claviers de Mighty Mo Rodgers et à la guitare électrique de Luca Giordano. La musique rompt littéralement les frontières, à l'instar de ce "Mali to Mississipi" qui résume l'esprit du projet, et mèle un shuffle typiquement Chicago-blues (avec guitare et harmonica) à des choeurs que n'aurait pas renié Johnny Clegg par exemple.
Plus que du blues, on peut parler de "World music", au vrai sens du terme. L'album s'ouvre sur "Shake 'em up Charlie" avec rythme reggae et solo de ngoni. Certains morceaux sont musicalement plus accentués américains comme paradoxalement "The blues went to Africa" et le blues lent "Drunk as a skunk" où les deux chanteurs dialoguent en anglais et français avec humour sur les méfaits de l'alcool suite à une déception amoureuse. Inversement, d'autres titres sonnent plus africains comme  "Djeli / Griot /Storyteller" ou "Donke / Dance".
Soutenu par des guitares inspirées, une rythmique basse-batterie inventive, ainsi que des invités à l'harmonica et à la flute, le duo nous livre un "message international fort qui parle de la solidarité, des rencontres, du respect, des cultures, de l'amour de la musique" comme l'explique Baba Sissoko. Mighty Mo Rodgers renchérit : "Nous sommes deux griots en route vers la vérité, et je crois que vous allez aimer ce voyage musical à travers le temps".
Baba Sissoko (au centre) et Mighty Mo Rodgers (à droite) sur scène le 24 mai 2017
 (DR)
Avant une tournée annoncée pour le printemps-été 2018, ils assurent la clôture du 20e Avignon Blues Festival, le 14 octobre 2017, lendemain de la sortie de l'album.

Mighty Mo Rodgers & Baba Sissoko - "Griot blues" - One Root Music - sortie le 13 octobre 2017

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