L'élégant hommage de Gilberto Gil à João Gilberto
Quatre ans se sont écoulés entre "Fé na festa", le précédent album studio de Gilberto Gil, et "Gilbertos Samba". Dans l'intervalle, le confondateur du Tropicalisme a franchi le cap des 70 ans (il a fêté ses 72 printemps fin juin), sorti des albums live et participé à un disque de sa compatriote Eliane Elias.
Après plus d'un demi-siècle de carrière, d'engagements politiques et une bonne cinquantaine d'albums, Gilberto Gil a eu envie de rendre hommage à son illustre aîné João Gilberto, originaire de la région de Bahia comme lui. Or, quel meilleur moyen de le faire que de reprendre certains de ses plus grands succès, des classiques signés Tom Jobim, Caetano Veloso, Dorival Caymmi, ou Gilberto Gil en personne ?
Dans son recueil, Gilberto Gil a réuni dix sambas - certaines étant assimilées depuis toujours au répertoire historique de la bossa nova - auxquelles il a ajouté deux compositions personnelles adressées à l'illustre maître (et ses pairs, pour l'une d'elles) : un instrumental intitulé "Um abraço no João" et une ultime chanson en épilogue, "Gilbertos". João Gilberto, le mythe
João Gilberto, chanteur et guitariste de légende, est essentiellement connu en tant qu'interprète des grands compositeurs brésiliens. Son phrasé et son jeu inimitables ont fait de lui la figure archétypale de la bossa nova. Il a chanté les plus grands standards de Tom Jobim comme "Desafinado", paru dans le mythique album "Getz/Gilberto" (1964) - avec le saxophoniste Stan Getz - qui a connu un succès mondial. Gilberto Gil ne pouvait faire l'impasse de ce monument. Il a su en offrir une version personnelle et délicate, enrichie d'ornementations électro, comme il l'a fait avec d'autres titres du recueil. Gilberto Gil reprend surtout des succès de João Gilberto enregistrés entre la fin des années 50 et la première partie des années 70, comme le malicieux "O Pato", l'un des morceaux emblématiques du "Mito" ("le mythe"). L'album abrite d'autres merveilles intemporelles, comme "Desde que o samba é samba", chanson de Caetano Veloso, vieux complice de Gilberto Gil avec lequel il a lancé le mouvement tropicaliste, résistance musicale à la dictature militaire, dans la seconde moitié des années 60. L'ancien ministre de la Culture reprend également deux perles de Dorival Caymmi, autre Bahianais de légende, et un standard signé Carlos Lyra et Vinícius de Moraes. Une histoire de famille
L'album "Gilbertos Samba" est une histoire de famille et d'amitié, tant par son répertoire que par ses protagonistes. Il a été produit par le propre fils de Gilberto Gil, Bem, qui travaille régulièrement à ses côtés, et par le fils de Caetano Veloso, Moreno. Deux fils de Dorival Caymmi -Danilo à la flûte, Dori à la guitare-, musiciens très connus au Brésil, y font des apparitions. Le chanteur Rodrigo Amarante (Los Hermanos) a également participé à ce disque, ainsi que Nicolas Krassik, violoniste français installé à Rio.
De cet album au répertoire ultra connu des amateurs, il n'émane aucune nostalgie pesante. Juste de la joie et de la chaleur. Les arrangements et le jeu de guitare de Gilberto Gil cachent une discrète sophistication. La voix du chanteur bahianais s'est feutrée avec le temps, qu'à cela ne tienne. Il donne à son chant un ton confidentiel et malicieux qui sied à ravir à ce répertoire.
Avant de partir en tournée, au Brésil, puis à l'étranger, Gilberto Gil a prévu d'enregistrer un DVD live du projet "Gilbertos Samba", ce 1er septembre ainsi que le mardi 2, au théâtre de Niterói, en face de Rio de Janeiro. Il est attendu en France en octobre. Ce serait bien dommage de le rater.
Gilberto Gil en concert en France
> 6 octobre 2014 à Lyon, à l'Auditorium
> 11 octobre à Lille, au Théâtre Sébastopol
> 13 octobre à Paris, au Théâtre du Châtelet
> 18 octobre au festival Nancy Jazz Pulsations
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