Antonio Zambujo à la "Folle journée", le fado au-delà des mers
Depuis la retraite et la mort de la diva (en 1999), un fado rénové a émergé mais plutôt représenté (pour ce que nous en savons, nous, non-Portugais) par des femmes, Misia, Cristina Branco. Voici un homme. Rareté. Nourri d’ailleurs, il le dit, au lait d’Amalia, il avait 24 ans le jour de sa mort, il a pleuré. Est-ce de ce jour-là qu’il a décidé de se consacrer au fado ?
Mais de l’eau, depuis, a passé sous les hauts ponts du Tage. Et si Zambujo se présente comme « fadiste» il est loin de n’être que cela. Fadiste, certes, il l’est. Le chant d’une grande douceur, voix blanche superbe dans les aigus, beau vibrato, trémolos bien placés, toute l’essence vocale du fado sans le sens de la tragédie qu’y mettait Rodrigues. Car on n’en est plus là. Le Portugal de la dictature n’existe plus, ni le tragique d’une existence entre pauvreté et religion qui ne laissait de place qu’aux mauvais coups du destin.
Le fado est aujourd’hui l’expression d’une mélancolie secrète, celle d’un pays arrimé à l’Europe, fier de ses racines et de ses grands explorateurs mais qui se sent encore parfois au bout de la terre –au bout du contin.
Mais on le préfère évidemment à nu, s’accompagnant simplement de sa guitare et de celle, magique, à résonance, de Bernardo Couto, dans de vrais fados d’une ligne musicale toute simple, qu’il distille d’une diction parfaite et d’une voix craquante, comme il doit les chanter dans les vieux cafés lisboètes, sous la grande ombre d’Amalia.
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