Mort de Jacques Higelin : il était "le chaînon manquant entre Charles Trenet et Alain Bashung", selon Bertrand Dicale
Le spécialiste de la chanson française à franceinfo rend hommage à l'artiste décédé vendredi, à la fois pionnier de la poésie et du rock français.
Le chanteur, comédien et poète, Jacques Higelin, mort à 77 ans, vendredi 6 avril était "le chaînon manquant entre Charles Trenet et Alain Bashung", selon Bertrand Dicale, le spécialiste de la chanson française à franceinfo. L'artiste, auteur d'une vingtaine d'albums, avait, dit-il, "une furie rock et rebelle" inspirée de Mai 68.
franceinfo : Jacques Higelin était-il un pionnier du rock ?
Bertrand Dicale : C'est un des pionniers du rock français. C'est un pionnier de la chanson française. C'est un pionnier de la poésie de la France et c'est même un pionnier d'une certaine manière de vivre tous ensemble la poésie, la chanson, la musique, le plaisir, le bonheur. Tous les gens qui ont connu Jacques Higelin ont le souvenir d'une personnalité solaire, imprévisible, totalement folle. C'est peut-être le chaînon manquant entre Charles Trenet et Alain Bashung. Sans lui, sans sa liberté, sans sa folie, il n'y a pas cette capacité qu'ont, aujourd'hui, les artistes français comme par exemple Feu! Chatterton, un des grands groupes du rock français d'aujourd'hui, à être totalement libérés. Charles Trenet avait libéré quelque chose et lui, il a libéré autre chose. C'est Charles Trenet, plus Mai 68.
Jacques Higelin avait d'ailleurs rendu hommage à Charles Trenet...
Alors qu'il avait plus de 50 ans, il avait fait un album hommage à Trenet. Mais, en fait, il avait commencé par Charles Trenet. Il avait 10 ans. Il habitait en banlieue parisienne, il avait un petit costume blanc et il montait sur scène en attraction dans les cinémas le dimanche après-midi pour chanter du Charles Trenet.
Qu'a-t-il gardé de Mai 68 ?
C'est lui, avec Brigitte Fontaine qui a été sa compagne et restée son amie, qui a déverrouillé quelque chose. Ça lui aurait plus à Jacques qu'on se remémore ce qui s'est passé, il y a 50 ans, parce que lui, il y était, à la fameuse occupation du théâtre l'Odéon par les artistes. Cette espèce de "jam session" qui a duré des jours et des jours et des semaines. Il était là. Il était au piano, il chantait, il improvisait. Champagne, c'est l'illustration de ça. C'est Charles Trenet plus une folie, plus une liberté, plus quelque chose de plus, plus une révolte. C'est pour cela qu'il avait signé des chansons totalement dans la tradition de la chanson française et quelque chose de tout à fait neuf. Une espèce de furie rock et rebelle comme Tête en l'air [album sorti en 1981].
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