Marché de la musique enregistrée : l'embellie se confirme en France en 2017
En 2016 l'industrie du disque avait amorcé une sortie de crise, en renouant avec la croissance après 15 années de baisse quasi constante. Une embellie qui s'est donc poursuivie en 2017.
Le chiffre d'affaires de la musique enregistrée en France (CD, vinyles, numérique) a affiché une hausse de 3,9%, a annoncé jeudi le Snep (Syndicat national de l'édition phonographique), principal syndicat des producteurs. Il atteint 583 millions d'euros contre 561 millions en 2016.
En incluant les droits voisins (revenus pour la diffusion de musique à la radio et à la télévision) et la synchronisation, qui englobe l'utilisation de musiques dans des publicités, films, jeux vidéo, le marché total s'élève à 723 millions d'euros.
"Les efforts déployés par les producteurs et toute la filière payent. Cette reprise est encourageante, mais elle est fragile. On commence à reconstituer une valeur, mais on est encore bien loin du pic atteint en 2002 (1,43 milliard d'euros). Cette croissance doit se confirmer sur la durée", a commenté le directeur général du Snep, Guillaume Leblanc.
Une production locale qui fonctionne bien
Dans un contexte d'effondrement du disque depuis la généralisation d'internet au début du millénaire, l'industrie musicale française n'avait connu qu'une embellie ponctuelle, en 2013 (+2,4%), due au succès inattendu d'artistes comme Stromae et Zaz.Ils avaient dépassé le million de ventes. Un niveau loin d'être atteint l'an dernier par l'Irlandais Ed Sheeran, dont "Divide" est en tête des meilleures ventes 2017 avec 588.000 albums écoulés. "L'Everest" de Soprano et "Commando" du rappeur Niska complètent ce podium, au sommet d'un top 20 occupé par 18 artistes français.
"On a une production locale qui fonctionne bien", se félicite Olivier Nusse, président d'Universal France, qui classe huit de ses artistes dans le top 20.
Le streaming véritable moteur de la croissance
Le véritable moteur de la croissance est le streaming, qui représente 41,6% des revenus du marché (37% en 2016), soient 243 millions d'euros. Au total, 42,5 milliards de titres ont été écoutés en 2017 (cinq fois plus qu'en 2013).Les revenus du streaming, en hausse de 23,1%, compensent le nouveau recul des ventes physiques (-4,7%). Néanmoins, "le physique" (CD, DVD, vinyles) reste majoritaire puisqu'il constitue 51,2% des revenus (298 millions d'euros).
La France compte désormais 4,4 millions d'abonnés (500.000 de plus en 2017) à un service de streaming de type Spotify, Apple Music, Deezer ou Napster. L'augmentation avait été plus spectaculaire en 2016 (+900.000).
Sa progression se poursuit donc à un rythme un peu moins soutenu, "mais cela est compensé par une part plus importante des abonnés payants", observe le syndicat qui réunit notamment les trois "majors" (Universal, Sony et Warner).
L'abonnement payant, effectivement en hausse de 21%, représente à lui seul 83% des revenus du streaming et 35% des revenus du marché.
Les Français encore attachés à l'objet disque
Seul résistant sur le marché physique, le vinyle, qui affiche une très bonne santé. Avec 3,1 millions d'exemplaires vendus, il affiche une hausse de 72% et représente aujourd'hui 12,2% du chiffre d'affaires du marché physique (7,3% l'an passé).La baisse structurelle du marché physique apparaît d'ailleurs moins forte sur les deux dernières années. "C'est une spécificité française", éclaire Guillaume Leblanc, qui rappelle qu'"avec 3800 points de vente de disques, ce marché reste déterminant dans l'Hexagone. Les Français sont encore attachés à l'objet disque".
Enfin, pour pérenniser la croissance, le Snep compte sur le maintien du crédit d'impôt à la production phonographique mis en place en 2006. Selon une récente étude xerfi, 1 euro de crédit d'impôt dépensé génère en moyenne 3 euros de recettes pour l'Etat.
Le Snep appelle en outre à renforcer la présence d'artistes dans les médias traditionnels, surtout en prime time à la télévision, et à renforcer la lutte contre le piratage, un usage illicite qui concerne 34% des Français.
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