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Les Rolling Stones : un demi-siècle de concerts

Le groupe de Mick Jagger célèbre ce jeudi les 50 ans de son tout premier concert, donné le 12 juillet 1962 au Marquee Club de Londres. Un jubilé d'or qui donne l'occasion de s'interroger : après un demi-siècle de tubes, d'excès, de gloire et de tournées mondiales, pourquoi les Stones sont-ils encore dans le jeu ? Réponse en 6 points.
Article rédigé par franceinfo
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1 - Un groupe de survivants 

Le soir de ce premier concert, le trio de base des Rolling Stones est
à peine majeur : 18 ans pour Jagger et Richards qui vivaient encore chez
leurs parents, 20 ans pour Brian Jones ( Bill Wyman , Ronnie Wood, ou Charlie
Watts ne sont pas encore là).

Á part Brian Jones, mort d'un malencontreux
dérapage dans une piscine sept ans plus tard, tous les Stones sont encore de ce
monde cinquante ans plus tard, de fringuants papys quasi sexagénaires qui ont résisté
au marathon tournées+groupies+drogues: "Ce qui ne te tue pas, te rend plus
fort"
, comme disait Nietzsche.

2 - Un groupe générationnel  

Si les Stones sont encore là, c'est aussi qu'ils incarnent,
depuis le début, une révolution musicale sans pareille. Leur premier concert au
Marquee Club s'est fait devant un public dédié au jazz, qui découvre avec
stupeur ces jeunes aux cheveux longs, adeptes des vieux standards blues.

Les
Stones incarnent pourtant avec panache les aspirations d'une nouvelle
génération, celle qui vivra le rock comme une libération, un art de vivre et qui
en fera une culture à part entière ; plus tard, ce sont les mêmes fans qui,
par identification, suivront le groupe dans les stades, et qui continueront d'acheter
des albums pourtant moins inspirés et novateurs.

3 - Le sens du spectacle 

"Sur scène, je suis Marilyn"  : voilà
le genre de remarque inspirée que peut faire Mick Jagger pour expliquer ses
célébrissimes déhanchements scéniques. A ses débuts, ses moues langoureuses,
ses tenues androgynes et sexy, donnent le ton : les Rolling Stones ne font
pas dans le politiquement correct.

Si en face, les Beatles jouent les gendres
idéaux (l'habit ne fait pas le moine), les Stones héritent de l'image des bad boys . "Laisseriez-vous votre fille sortir avec un Rolling Stone ? "  titre même un magazine de l'époque. La scène, pour le groupe, est le champs des
possibles : riffs, sueur, blues. Plus tard, toutes les extravagances
sont bonnes pour la tournée des stades (un pénis rose gonflable de 6m de haut en
1975 comme, plus tard, des lèvres carmin géantes et des effets pyrotechniques).

4 - Le piment de la légende

Drogues, sexe, frictions : les Rolling Stones ont su
entretenir une légende amorcée sur les chapeaux de roue. Aux excès des débuts, qui ont contribué à bâtir une image sulfureuse (wagons de groupies,
consommation record de stupéfiants - dont l'acmé sera la création de l'album "Exile
on Main Street"
), leurs rapports tendus avec les autorités (les différents
procès pour détention de stupéfiants intentés à Keith Richard, les poursuites
du fisc), les Stones ajoutent des amours tumultueuses à plusieurs ( avec
les groupies Anita Pallenberg ou Marianne Faihtfull ), des rumeurs d'homosexualité
(entre Jagger et Bowie) et des frictions à répétition.

"Life" , autobiographie
piquante de Keith Richards parue en 2010, révèle comment Jagger et Richards, dans
les années 80, donnaient des concerts ou enregistraient des disques sans
quasiment s'adresser la parole. Et surtout comment Keith Richards, après l'anoblissement
de Jagger par la Reine d'Angleterre, a fini par appeler le chanteur "Sa Majesté" ,
fatigué de ses caprices de diva.

5 - L'argent, nerf de la guerre

C'est l'un des ingrédients "moteur" du groupe, avec la
musique et l'alchimie magique capturée entre le charisme de Jagger et le talent
de Keith Richards. Dès leurs débuts, les Stones savent prendre la vague d'une
industrie en plein essor : ils font des tubes à l'époque où le secteur s'enrichit
sur les ventes d'albums, puis Jagger le cabotin convainc ses acolytes de céder
au diktat de l'image pour surfer, en même temps que Madonna ou Michael Jackson,
sur la vague des vidéo-clips lancé par MTV.

Enfin, quand les ventes de disques s'effondrent,
et que seuls les billets de concert assurent la survie des artistes, ils sont
encore parmi les premiers à remplir les stades (En 2007, la tournée "A
Bigger Bang"
a rapporté un demi-million de dollars de bénéfices).

6 - Hors des Rolling Stones, point de salut 

Les incartades de chacun, hors du groupe, sont des échecs. Les écarts disco de Jagger en solo au début des années 80 se
soldent par un bide et par les ricanements de ses acolytes. Une nouvelle
tentative récente avec un "super-group", Superheavy , est carrément
à oublier. Les albums solo de Keith Richards,  Ron Wood ou Charlie Watts (version jazz), bien
que de bonne facture, n'intéressent qu'une poignée de fans. Pour le meilleur,
et parfois pour le pire, c'est uniquement quand ils sont réunis que les Rolling
Stones peuvent retourner la planète.

A lire: "Les Rolling Stones, 50 ans de légende, le livre anniversaire" (Ed. Flammarion, 39,90 €)

 

 

 

 

 

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