Les Rolling Stones nous mettent le blues
Lundi 21 Novembre, quartier du Panthéon. Une dizaine de journalistes sont convoqués pour écouter en toute discrétion le nouvel album des Stones. Ce n’est pas Alcatraz, mais la privation des téléphones pour éviter tout piratage et la signature d'une déclaration d’embargo donne un petit air de secret au rendez-vous.
1ere raison: 1 er album studio depuis 2005.
Depuis Bigger Band, le 25e album studio sorti en 2005, ils ne s'étaient pas rassemblés en studio pour enregistrer. Pourquoi l’ont-ils fait, peut-on parfois se demander à l’écoute de cet opus blues ? Un désir de retrouver les frissons de l’adolescence sûrement. Quand on n’a plus d’inspiration, il faut revenir aux basiques instincts de la musique du Sud, bien sûr. Entre deux coups de gueule et acerbes remarques Mick and Keith se sont retrouvés, à l’ancienne, autour d’un micro et presqu’en une seule prise ont enregistrés 12 chansons. Une remarque : c'est de saison mais c'est bien le 3e homme, Charlie Watts, élégant et puissant, subtil patron du beat qui remporte la mise. Il est le meilleur de cette session, et c'est lui qui clôt l'album d'un cristallin coup de cymbale : la messe est dite.
2e raison : le blues, l’acte de naissance des Stones
1960 : Keith et Mick se retrouvent sur les quais de la gare de Darfort. Mick, sous le bras porte deux albums : un Chuck Berry et un Muddy Waters. Le destin des deux adolescents est scellé aux sillons des vinyles de Blues. Rollin’Stone, une chanson de Muddy deviendra le nom du groupe. Dans Blue and Lonesome, l’hommage est donc rendu aux ancêtres de cette musique. Eddy Taylor, Jimmy Reed, Wilie Dixon tous du Mississipi, et les accords glissants de Keith sonnent comme dans le Sud. Et quand Eric Clapton traverse le couloir du studio, où lui aussi enregistre, et rejoint le groupe, on les imagine retrouvant leurs airs de gamins fondus de cette musique.
3e raison : L’harmonica méritait cet hommage.
L’album s’appelle donc Blue and Lonesome. C’est le titre d’une chanson de Little Walter (1959). Le personnage de Little Walter ne peut que plaire à Mick Jagger. Little Walter est un musicien noir. Entre les années 30 et 60, il a deux qualités : il révolutionne l’harmonica et en joue comme un dieu, et c’est un bagarreur de renom si bien qu’il meurt en 1968 à l’issu d’une querelle. A l’écoute de l’album, si parfois on doute de la voix de Jagger, à l’harmonica il emporte l’album vers la Louisiane.
Conclusion : Un album à ranger dans sa collection de vinyles des Stones. Pour le marketing d'abord, la langue est devenue bleue sur la pochette de Blue and Lonesome, c'est une première et ce sera culte. Pour l'oreille, préférez Confessin' the blues par Little Walter en 1958 et pour l'avenir, patientons,les Stones ont promis une nouvelle tournée en 2017. Ils ont revisé avec cet album, leurs classiques.
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