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Les rebelles syriens ont leur chant : "Allez dégage Bachar"

"Yalla irhal ya Bachar" (Allez dégage Bachar), tel est le chant révolutionnaire, devenu hymne incontesté, des opposants au régime de Bachar Al Assad. On l'entend partout.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Manifestants syriens chantant des slogans anti-régime à Marea (nord), le 31 août 2012
 (Achilleas Zavallis / AFP)

Dans les zones contrôlées par les rebelles, ce refrain résonne à plein volume dans les minibus. Lors des marches rituelles contre le régime du président Bachar al-Assad, les militants le reprennent en choeur. Certains partisans de la révolution l'ont même adopté comme sonnerie de téléphone. Des combattants en font leur cri de guerre avant de quitter leur repaire pour une opération contre l'armée.

L'auteur de cet hymne, Ibrahim Qachouch, était un chanteur de la ville de Hama (centre), peu connu avant le début de la révolte en mars 2011. Quelques mois plus tard, son refrain entêtant a fait son apparition sur YouTube, connaissant un rapide succès.

"Tu as perdu ta légitimité / Tu paieras cher le sang des martyrs, Bachar / Toi et tes discours, que le diable t'emporte / La liberté est à nos portes", dit le chant, qui s'en prend également à Maher, frère cadet du président et perçu comme un des symboles de la répression. Quant au refrain, il assène et martèle "Yalla irhal ya Bachar", dont le rythme est calqué sur la "dabké", danse folklorique du Levant, pour laquelle les danseurs se tiennent la main et frappent le sol avec leurs pieds.


Le chant révolutionnaire hostile à Bachar Al Assad


L'auteur du chant a été assassiné
Ibrahim Qachouch a payé de sa vie sa chanson contestataire. En juillet 2011, Qachouch, surnommé "l'oiseau moqueur de la révolution", a été arrêté. Peu après, son corps a été retrouvé dans une rivière. Sa gorge avait été tranchée et ses cordes vocales arrachées, selon des militants qui y ont vu un message clair du régime.

"Ses paroles nous donnent du courage (...) Ibrahim Qachouch a une place spéciale dans le coeur des gens, je crois", confie à l'AFP l'un des organisateurs d'une manifestation récente à Marea, dans le nord-ouest de la Syrie. "On n'a pas beaucoup de héros mais on a notre ange gardien: Ibrahim Qachouch", explique ce jeune homme, qui se fait appeler Mohamed Qachouch.

Dans le quartier de Jdidé, à Alep (nord), Abou Mohammed, un commandant rebelle, aime narguer avec ce chant les soldats du régime, dont les positions sont parfois à une dizaine de mètres, c'est-à-dire à portée de voix. Il l'a enregistré sur son téléphone et, avec l'aide d'un haut-parleur, le fait résonner à plein volume. "Peut-être qu'ils ont trop peur pour faire défection, mais je suis sûr qu'ils apprécient", explique-t-il à l'AFP.

"Les paroles sont très simples. Je pense que tous les Syriens peuvent s'y retrouver. Le régime a des chars et beaucoup d'armes. Nous, nous avons cette musique, c'est pour ça qu'on la met pendant les combats", ajoute-t-il. Outre "Yalla irhal ya Bachar", beaucoup d'autres chansons anti-régime ont vu le jour.

D'autres chansons hostiles au régime fleurissent
Etendu sur un matelas de la maison abandonnée de son frère à Alep, Abdallah parcourt les chansons sur son ordinateur. "C'est le moment de la journée que je préfère", relate à l'AFP ce soldat rebelle de l'Armée syrienne libre (ASL). "Cette chanson me fait toujours pleurer", dit-il, en parlant de "Ya hef" (honte à vous), écrite par Sameh Choukeir, un célèbre chanteur exilé à Paris.

Un répertoire musical anti-régime très varié a fleuri sur la Toile, où les internautes peuvent trouver un remix rap de la chanson de Qachouch. La révolte a forcé les célébrités syriennes à choisir leur camp. C'est le cas de la chanteuse Assala Nasri qui a opté pour celui de la rébellion et fait le tour du monde pour rassembler des fonds en sa faveur. Une autre personnalité très populaire auprès des rebelles est Abdelbasset Al-Sarout, le gardien de but junior de l'équipe nationale qui a rejoint la lutte armée.

La blessure qu'il a reçue durant des affrontements avec l'armée pourrait menacer sa carrière, mais grâce à sa chanson "Haram aalék" (N'as-tu pas pitié), devenue un tube, il pourrait se reconvertir dans la musique. "Quand leurs lèvres ont été scellées pendant si longtemps, les gens veulent chanter", dit Abdallah. "Ils veulent crier."

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