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Streaming payant : dix millions de Français jouent le jeu, le marché de la musique reprend des couleurs

La population des abonnés au streaming se diversifie, favorisant la reprise du marché de la musique et annonçant, selon les spécialistes, un élargissement de l'offre.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le streaming musical continue à aller crescendo (LP/ MATTHIEU DE MARTIGNAC / MAXPPP)

Si le marché de la musique, en convalescence, affiche une croissance de 5,4% en 2019, il le doit surtout à un streaming payant qui va crescendo, et concerne désormais 9,4 millions de Français, selon les chiffres dévoilés mardi par le Syndicat national de l'édition phonographique (Snep).

C'est la quatrième année consécutive de reprise depuis le début de la crise, dans les années 2000. Pas de quoi crier victoire pour autant : avec 625 millions d'euros pour les ventes physiques et numériques, "le marché rattrape tout juste celui d'il y a dix ans (628 millions d'euros) et ne représente encore que 44% de celui de 2002 (1,4 milliard d'euros)", a noté Alexandre Lasch, directeur général du Snep, lors de la présentation des résultats à Paris.

Mais le niveau de croissance est comparable à celui de 2016 (+5,4%) après deux dernières années légèrement positives en 2017 (+3,9%) et 2018 (+1,8%). Ce "résultat encourageant est le fruit du dynamisme du streaming (59% des ventes)" et tout particulièrement des abonnements payants, "première source de revenus devant le CD, ils progressent de 18,5%", a ajouté le responsable. Le nombre d'abonnements numériques a sensiblement augmenté (+1,7 million) et franchi pour la première fois en 2019 le cap des 10%" de la population française. Ce sont désormais "avec les offres familles, 9,4 millions de Français qui écoutent la musique en streaming payant", a encore détaillé Alexandre Lasch.

Un quart des utilisateurs ont plus de 55 ans

Détail important : si 96% des 16-24 ans écoutent de la musique en streaming, un quart des utilisateurs ont plus de 55 ans, statistique qui bat en brèche un certain nombre d'idées reçues.

Par ailleurs, le Snep prédit un rééquilibrage à l'heure où les musiques urbaines ont la part belle en France (44% du Top 200 albums). "L'élargissement de la population des abonnés au streaming va progressivement corriger le phénomène de surexposition du répertoire rap, hip hop & R&B, réinstallant dans les classements une diversité plus conforme à la réalité de la consommation de musique, quelles que soient les générations", décrypte Alexandre Lasch.

A propos du streaming - "un usage assez récent et un bassin de consommateurs qui évolue" - Olivier Nusse, président du Snep (et président du directoire d'Universal France), a rappelé sa volonté de "trouver tout ce qui peut être profitable à une meilleure rémunération des artistes et à une diversité (des genres musicaux)". Les plateformes comme Deezer ou Spotify sont parfois accusées de privilégier les musiques urbaines et d'assécher les autres genres musicaux avec leurs playlists. "Le digital ne me rapporte rien", déplorait récemment Thomas Fersen dans Le Monde.

Les plateformes orientent-elles les choix des utilisateurs ?

Olivier Nusse en a appelé au CNM - Centre national de la musique, placé sous la tutelle du ministère de la Culture et qui doit soutenir la création musicale, en place depuis six semaines - pour "avoir accès aux données des différentes plateformes et les analyser".

Bertrand Burgalat, vice-président du Snep (et créateur du label Tricatel), s'est exprimé au nom "de la majorité des artistes, c'est-à-dire ceux qui ne passent jamais d'un Trianon à quatre Bercy dans toute une vie". Il a appelé de ses vœux à "anticiper les dévoiements" possibles de l'évolution de la consommation.

Le président du CNM, Jean-Philippe Thiellay, présent à la présentation des résultats, s'est engagé "à une analyse (du streaming) et un document public à l'été". Un des sujets du débat est : les plateformes, par le biais des playlists, orientent-elles les choix des utilisateurs ? Antoine Monin, un des dirigeants de Spotify France et vice-Président de l'ESML, syndicat des éditeurs de service de musique en ligne, lui aussi présent, s'en est défendu. "La grande majorité des écoutes se fait à la demande des utilisateurs. Il y a des plateformes éditorialisées, pour faire partager des nouveautés, ou des playlists algorithmiques, là encore pour faire découvrir, mais la majorité des playlists sont faites par les utilisateurs", a-t-il insisté.

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