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Le bagad de Lann Bihoué, l'arme secrète toute en musique de la Marine nationale

La seule formation professionnelle de ce type d'orchestre traditionnel breton représente la Marine nationale en France et à l'étranger depuis 1952.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
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Un musicien du bagad de Lann-Bihoué en Malaysie en avril 2018 à l'occasion du Le French Festival. (CHRIS JUNG / NURPHOTO)

"Quatre ans au sein du bagad, quatre ans de bonheur, au-delà de mes espérances !" A 25 ans, Baptiste Mebrouk garde un souvenir enthousiaste de son expérience de musicien au bagad de Lann Bihoué, ambassadeur de la Marine nationale et de la France.  Du Japon aux Etats-Unis, des Invalides aux Champs Elysées, mais aussi des festivals de l'été aux célébrations du 14 juillet dans des ambassades de France à l'étranger, le bagad est sur tous les fronts : 30 jeunes gens et jeunes femmes de 18 à 29 ans, engagés pour un an comme matelots, un contrat renouvelable quatre fois, soit cinq ans maximum.

Unique bagad professionnel, Lann Bihoué "respecte la répartition habituelle" des instruments dans les formations bretonnes de ce type en quatre pupitres : cornemuse écossaise (10), bombarde (12), caisse claire (5) et percussion (3). À ces éléments traditionnels s'ajoutent, selon le parcours des musiciens recrutés, d'autres instruments : saxo, clarinette, flûte irlandaise, percussions sud-américaines ou autres. "Le fond du répertoire, c'est toujours la musique traditionnelle bretonne", rappelle Pascal Olivier, le "Penn-Bagad" de la formation dont il est à la fois régisseur, logisticien et manager. "Mais le recours à d'autres instruments permet de moderniser le répertoire, de revisiter les morceaux, de dynamiser cette musique", souligne-t-il.

35.000 km par an 

Hébergé sur la base aéronavale de Lann-Bihoué, à Quéven, près de Lorient (Morbihan), "le bagad effectue en moyenne 70 prestations dans l'année en France et à l'étranger, entre début février et fin septembre", détaille Pascal Olivier. "Avec notre autobus, on fait 30 à 35.000 km par an. Sans compter les avions!". "Actuellement, on a déjà reçu 55 demandes (Irlande, Qatar, Roumanie, notamment) pour 2020", constate le responsable. "Si on est autant demandés, c'est bien parce qu'on connait notre niveau, notre professionnalisme. Et notre rigueur aussi, parce que nous sommes militaires quand même!".

Le bagad défile en 2017 à l'occasion du 47e festival interceltique de Lorient. (JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP)
Si le volet administratif est géré par Pascal Olivier, la responsabilité musicale revient au "Penn-soner", le chef de bagad, élu par tous les musiciens. Celui-ci choisit le répertoire en début de saison, organise les répétitions et prépare les sonneurs selon les prestations : défilé, concert, aubade, publics comme privés. Car les musiciens se produisent parfois à deux ou trois, et pas toujours en formation complète. Chaque année, 30% du bagad est renouvelé. Les candidatures sont attendues jusqu'à la mi-août et les auditions se déroulent un mois plus tard.

"Le vivier des Bagadou" 

"Je ne réclame pas de diplôme. Pour moi, la priorité, c'est d'être un très bon musicien", assure le Penn-Bagad. Mais, outre les qualités musicales, passées à la loupe lors des auditions, Pascal Olivier s'attache à cerner la personnalité. "Pour intégrer le bagad, il faut un état d'esprit, le goût du collectif. C'est hyper important", insiste-t-il, rappelant que ces jeunes, dont la moyenne d'âge est de 23 ans, vont "vivre ensemble 24h sur 24".

Deux coureurs cyclistes et le bagad de Lann-Bihoué lors du Tour de France 1968. (GEORGES HERNAD / INA)

La plupart des musiciens sont issus du même vivier, les bagadou de "première ou deuxième catégorie", à savoir le haut du panier de ces formations musicales bretonnes qui rassemblent plus de 8.000 sonneurs. Certains ont eu l'occasion de se croiser, voire de rivaliser lors des multiples compétitions entre bagadou, notamment lors du championnat annuel dont la finale se déroule en août, pendant le Festival Interceltique de Lorient.

"Ambassadeurs de la Marine"

Quand on quitte Lann-Bihoué, vient le retour à la vie civile que la Marine peut accompagner. Baptiste Mebrouk a bénéficié de cette aide à la reconversion. Engagé à 17 ans -"j'étais le plus jeune"- sans même attendre le bac, il est devenu animateur radio, un métier dont l'envie lui est venue pendant ses années au bagad. "Il a fallu revenir sur terre car au bagad, on est comme dans un cocon", dit-il.
Kevin Lossouarn, 27 ans, a choisi de n'y passer qu'un an, entre la fin de ses études et ses débuts professionnels. Son plus beau souvenir, "un concert dans une école coranique en Malaisie où les enfants avaient des étoiles dans les yeux...".

Un membre du bagad de Lann-Bihoué à Kuala Lumpur en Malaysie à l'occasion du Le French Festival en 2018. (CHRIS JUNG / NURPHOTO)
Menacé de suppression par l'Etat à plusieurs reprises depuis sa création en 1952, Lann Bihoué reste un emblème pour la Marine. Pour Pascal Olivier, "c'est une évidence: le bagad, reconnu nationalement et internationalement, est un ambassadeur de la Marine !".

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