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Une soirée de virtuoses du jazz manouche à Vienne en hommage à Django Reinhardt

Il y avait encore du beau monde ce mercredi sur la scène de Jazz à Vienne pour la soirée hommage à Django Reinhardt. Le théâtre antique a swingué avec certains des plus grands héritiers du maître du jazz manouche : Angelo Debarre et Marius Apostol d'abord puis The Amazing Keystone Big Band et ses prestigueux invités, Stochelo Rosenberg, Marian Badoï et James Carter.
Article rédigé par Marie Herenstein
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
The Amazing Keystone Big Band et les invités du final, Stochelo Rosenberg, Marian BadoÏ, James Carter et Angelo Debarre
 (MH)

Au dessus des gradins chauffés par le soleil, les notes s'égrennent, coulent, fluides et précises. Sur la scène du théâtre antique, Angelo Debarre offre un "Billet doux" en guise d'apéritif qui convient parfaitement à ce début de soirée très estivale.

L'âme du grand Django Reinhardt a plané toute la soirée sur Vienne ce mercredi 6 juillet. De la scène de Cybèle avec Minor Sing jusqu'au Club de Minuit avec le James Carter Trio ou sur la scène du théâtre antique, avec Angelo Debarre donc, puis The Amazing Keystone Big Band, les musiciens ont démontré l'étendue des possibilités dans l'interprétation du jazz manouche.

Gipsy Unity

Pour cet hommage à celui qu'il considère comme son "maître à penser", Angelo Debarre, 35 ans de métier qui font de lui l'un des plus talentueux musiciens du genre, est venu avec son Gipsy Unity. A ses côtés le violoniste roumain et "vieux" complice, Marius Apostol, autre virtuose avec lequel il a notamment enregistré "Complicité" en 2013.
Pour compléter le quintet, il s'est entouré de William Brunard à la contrebasse et des deux guitaristes, Tchavolo Hassan et Raangy Debarre, son fils de 20 ans, qui depuis deux ans maintenant l'accompagne régulièrement. 

 Tchavolo Hassan,Raangy Debarre, William Brunard, Angelo Debarre, Marius Apostol 
 (MH)
Depuis sa première prestation à Vienne en 2002 pour une mémorable Nuit Manouche, Angelo Debarre est revenu dans le cadre d'autres projets, comme en 2014, avec Thomas Dutronc.
Mais cette soirée 2016 est un peu différente. "C'est un grand honneur d'être là, avec notre formation, dit-il au public. C'est une formation avec laquelle on peut jouer tout ce qu'on aime !" 
Entre compositions personnelles et reprises de standards, les musiciens alternent swings entrainants - "Puttin' ont the Ritz" ou le "Swing de Samois" pour ne citer qu'eux - et ballades langoureuses dont cette "Danse norvégienne" de Grieg adaptée "à la Django".

Une technique ébourrifante

Ce qui fascine lorsqu'on observe Angelo Debarre, c'est l'impressionnante qualité de son jeu et la vitesse hallucinante avec laquelle ses doigts courent sur les cordes. A sa gauche, Marius Apostol répond à coups d'archets tout aussi bluffants. Un spectacle en soi. En face, le public ne s'y trompe pas qui applaudit à tout rompre.

 "Vous êtes un sacré public !" lance Angelo Debarre avant de terminer la partie avec "What is this thing called love". Si l'amour reste un mystère, le succès du Gipsy Unity n'en est pas, c'est sûr !
Angelo Debarre et Marius Apostol
 (MH)

Django version Big Band

Changement de sonorités dans la deuxième partie de soirée, avec les 17 musiciens de The Amazing Keystone Big Band. Créé il y a 6 ans, celui que certains définissent comme "l'orchestre maison de Jazz à Vienne", n'a de cesse de populariser le jazz auprès du plus grand nombre.
Après les succès des précédents projets, "Pierre et le loup... et le jazz" (en ouverture de Jazz à Vienne 2012) et "Le caraval jazz des animaux" (en ouverture du festival 2015), les musiciens reviennent avec "Djangovision", un répertoire en hommage à la légende du jazz manouche, créé pour le festival Django Reinhardt de Samois-sur-Seine en juin 2015.

On a eu envie de faire une version très cuivrée

Une "expérience formidable" ont raconté avant le début du concert Fred Nardin (piano), Jon Boutellier (saxo), David Enhco (trompette) et Bastien Ballaz (trombone), le quatuor qui assure la direction et les arrangements de l'orchestre. 
"On a eu envie de faire notre propre version de cette musique, de réactualiser Django avec une orchestration différente, très cuivrée. C'était un challenge mais on aime relever des challenge !"

CMS-ContentHasMedia_Pari réussi pour ces jeunes-gens à l'énergie communicative qui offrent donc, pour la première fois, une version big band du répertoire que l'on devrait retrouver bientôt sous forme de CD.

  (MH)

Pour leur concert à Vienne, The Amazing Keystone Big Band n'a pas fait les choses à moitié. Se sont ainsi succédés sur scène le guitariste Stochelo Rosenberg sur "Tears", "Manoir de mes rêves" ou "Belleville", puis l'accordéoniste Marian Badoï pour un arrangement de "Indifférence" de Tony Murena et "l'un des meilleurs saxophonistes au monde", l'américain James Carter, qui a commencé par "Rythme futur" et offert un incroyable solo.

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Que dans leur histoire personnelle coulent les rythmes manouches et tziganes ou pas, les trois musiciens ont fait la démonstration que ce genre là peut être réarrangé, qu'on peut se le réapproprier. "Le jazz est une musique complètement universelle et Django est le premier musicien à l'avoir montré" expliquaient en préambule les porte-parole de The Amazing Keystone Big Band. 

Le final avec un "Minor swing" endiablé en compagnie des trois invités, d'Angelo Debarre et du jeune tromboniste Odenson Laurent ne les a pas fait mentir. 

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