Sexe, mini-jupe... machines à laver : Mai 68, au cœur des métamorphoses d'une société
Mai 68 n'est pas tombé du ciel. La France s'ennuyait, Pierre Viansson-Ponté l'écrivait avec une pertinence quasi-divinatoire dans son célèbre article du Monde publié quelques semaines avant l'explosion de la contestation. Pourtant, tout en s'ennuyant, la France, et pas seulement elle, vivait une série d'événements que l'on peut considérer aujourd'hui sinon comme des prémisses, au moins comme des indices que tout se mettait en place pour créer les conditions d'une déflagration générale. L'examen a posteriori de la société française depuis le début de la décennie laisse percevoir ces signes qu'il est facile aujourd'hui de mettre en lien, mais qui paraissaient à l'époque sans rapport les uns avec les autres.
Affranchissement des préjugés
La jeunesse née dans l'immédiat après-guerre déferlait dans les universités et dans le monde du travail : des jeunes qui, depuis le début de la décennie, disposaient d'argent de poche et se reconnaissaient dans des musiques enfin composées pour eux et qui leur ressemblaient. Ces musiques étaient largement inspirées par l'usage des drogues psychédéliques, élément lui aussi déterminant dans la chute des inhibitions sociales.Les femmes bénéficiaient d'une liberté générée par des nouveautés bien diverses, comme la légalisation de la pilule anticonceptionnelle ou la généralisation de la machine à laver. Ce progrès technique, bien plus important qu'il n'y parait de prime abord, a libéré les femmes de cette énorme contrainte qui consistait à passer des heures à laver le linge de la famille. A l'unisson de celles de nombreux pays, la jeunesse française a fait franchir un pas de géant à l'évolution des moeurs. La décennie aura été celle du début de l'affranchissement des préjugés. Les acteurs ont pu croire que leur lutte avait préparé un avenir éternellement radieux. Macha Méril en a été le témoin actif. La comédienne nous a confié ses souvenirs de cette époque.
Reportage : D. Wolfromm / N. Hayter /JJ Buty /E. Rassat / M. Gioka
Cinquante années ont (déjà !) passé. Certains acquis de cette décennie prodigieuse se sont durablement installés. D'autres, qui paraissaient alors incontestables, sont grignotés par des masses frileuses et adeptes du "c'était quand même mieux avant". Les idéologies sont pour la plupart tombées aux oubliettes au profit d'une seule loi, celle justement du profit. En mai 1968, malgré les gaz lacrymogènes, l'air ambiant était enfin frais, certains ayant pris soin depuis quelques années d'ouvrir en grand les fenêtres d'un certain espoir.
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