Sébastien Paindestre entre New York et Paris
Atlantico est né de la rencontre entre le pianiste Sébastien Paindestre et le jazzman multi-instrumentiste new-yorkais Dave Schroeder. Leur complicité a abouti à la formation d'un quartet grâce au renfort du batteur Billy Drummond et du contrebassiste Martin Wind. Le quartet et son premier album, "En Rouge", enregistré à New York en février 2015, bénéficient du parrainage prestigieux du saxophoniste Joe Lovano : "Atlantico est plein de joie et d'inspiration. Morceau après morceau, ce quartet à l'esprit collectif raconte de belles histoires qui révèlent qui sont les musiciens, et ce par quoi ils sont passés", écrit-il en guise de présentation du disque.
L'Atlantico achève ce week-end en Île-de-France (Paris ce samedi soir, Bagneux dimanche après-midi) une mini-tournée qui est passée par Lyon.
Dès la mi-juin, le quartet franco-américain aura cédé la place au trio franco-français formé par Sébastien Paindestre avec le contrebassiste Jean-Claude Oleksiak et le batteur Antoine Paganotti. Leur disque "Paris", enrichi par l'apport d'un Fender Rhodes et des climats, du coup, plus électriques que dans leurs précédents opus plus acoustiques (le trio existe depuis 16 ans), sera présenté le 25 juin dans le club de jazz parisien Autour de Midi et Minuit.
- Culturebox : Racontez-moi la genèse de l'Atlantico, quartet transatlantique !
- Sébastien Paindestre : Le groupe s'est formé par le biais de la New York University (NYU), à Manhattan. J’ai eu la chance de participer à un concert dans le cadre d’un partenariat avec la Fondation Boris Vian. J’ai travaillé avec la coordinatrice de la culture, Raissa Lahcine, qui est musicienne et chanteuse. Elle fait des aller-retour entre la NYU et Paris. Elle m’a dit : "Un jour, il faudra que je te présente Dave Schroeder. C’est quelqu’un de super, vous vous entendrez bien." À l’époque, je cherchais à organiser un pilote pour une émission qui s’appellerait "Jazz Rendez-vous" et dont le principe serait de filmer un concert associant deux musiciens qui ne se connaissent pas. De fil en aiguille, j’ai pensé à Dave Schroeder. En 2012, la NYU a produit une partie du projet et a payé les billets pour qu’il vienne. Il existe une vidéo mais l’émission n’a pas pu se faire.
Par la suite, Dave Schroeder m’a dit : "Il faudra que tu viennes à New York !" J'ai répondu : "C’est mon rêve !" Il a dit : "Je te présenterai tout le monde." Effectivement, il est le directeur d’une des plus grandes écoles de jazz de Manhattan et il connaît tout le monde ! Il fait partie de l’histoire du jazz à Manhattan. Il a joué dans les plus grands orchestres, travaillé avec les plus grands, dont Teo Macero, illustre producteur de jazz et ingénieur du son. Quand je suis arrivé à New York, j’ai halluciné parce qu’il m’a vraiment présenté tout le monde en disant "C’est mon ami français !" Un an après, en 2013, il est revenu à Paris. On a rejoué ensemble. Il m’a dit : "Il faut que tu reviennes à New York pour enregistrer. On va faire un groupe ensemble." J’ai répondu : "Are you kidding me ?" (Tu plaisantes ?)
- C’est donc Dave Schroeder qui a lancé l’idée ?
- Oui. Il a vu aussi ce que ça représentait pour moi… Il a vu mon enthousiasme, tout ce que ça m’avait apporté de venir à New York la première fois. Alors il m’a proposé de venir enregistrer dans le studio de la NYU. On a commencé à parler des musiciens. Je lui ai dit que ce serait super si le disque pouvait se faire avec Billy Drummond, l’un des plus grands batteurs de jazz en activité, qui est professeur là-bas. Il a enregistré des centaines de disques, il a joué avec tout le monde. Comme dirait un ami, il a le CV aussi long que le pont de Brooklyn !
- Comment s’est constitué le répertoire de ce nouveau groupe ?
- On a décidé que l’Atlantico serait un projet main dans la main. Il est coproduit par Dave : il s’est occupé de la production à New York, je me suis chargé d’héberger l’album sur le label La Fabrica’son et de m’occuper de la fabrication du disque. On a fait la même chose pour la musique. On s’est partagé les compositions avec quatre ou cinq compositions chacun. C’est assez fou, tout s’est fait d’une manière naturelle avec ce côté un peu à l’Américaine : il ne s’est pas demandé d’où je viens, quel est mon pédigrée, tous ces trucs un peu étriqués... Ce genre de rencontre compte beaucoup dans une vie. Il n'avait rien à prouver, il aime la France, on avait du plaisir à jouer ensemble. Je lui ai amené mes compositions, il m'a dit qu'il avait beaucoup travaillé en amont de l'enregistrement, donc je pense que ça lui a amené une stimulation, un challenge dont il avait peut-être besoin à ce moment-là. Tout s'est fait sans se poser de questions, sans calcul ou arrière-pensée.
- Quelques souvenirs marquants de studio ?
- Ce groupe est très neuf. On commence seulement à faire les premiers concerts en France. Ça s'est fait très rapidement, on a monté le groupe, et comme on se connaît avec Dave, on a préparé de notre côté des choses, des arrangements, des compositions. Je suis arrivé à New York, on a répété le lundi, et le vendredi, on enregistrait sur une journée. C'est vraiment le truc à l'Américaine !
- Quelques mots sur "Paris", l'album que vous avez enregistré avec votre trio ?
- C'est le quatrième disque que nous enregistrons et le premier en studio depuis huit ans - on avait sorti un live en 2010. L'album comporte six titres originaux et deux reprises dont une chanson des Beatles. Le principal changement, c'est l'apport du Fender Rhodes. C'est Bojan Z qui m'avait incidé à m'équiper d'un vrai Rhodes pour l'Amnesiac Quartet. Il était même prêt à me prêter le sien ! L'idée a fait son chemin. J'ai récupéré celui d'Emmanuel Borghi, l'ancien claviériste de Magma. C'est un peu une relique ! Finalement, le Rhodes est un élément important du nouveau disque, il est présent sur pratiquement tous les morceaux. Ça change un peu la physionomie du trio. En termes d'esthétique et de sonorités, j'ai essayé de réunir les univers de l'Amnesiac Quartet, qui est forcément plus électrique, et celui du trio, historiquement acoustique. J'ai voulu décloisonner ces deux groupes qui évoluaient en parallèle depuis des années.
À la fin du disque, j'ai invité un saxophoniste classique, Nicolas Prost, sur une composition qu'il m'a commandée et que j'ai intitulée "Round' Radiohead" car elle s'inspire du monde du groupe britannique. Cette pièce a connu un certain succès au point d'être éditée par une grande maison d'édition classique, Billaudot, et d'être utilisée dans des concours. Pour moi, elle symbolise aussi ce décloisonnement entre les genres auquel j'aspire.
Atlantico en concert
Samedi 4 juin 2016, 21H
45° Jazz Club
5, place du Colonel-Fabien, 75010 Paris
Dimanche 5 juin 2016, 17H
Maison de la Musique et de la Danse
4, rue Étienne-Dolet, 92220 Bagneux
Tél : 01 71 10 71 90
Sébastien Paindestre : piano
Dave Schroeder : saxophone soprano, clarinette alto, flûte alto, harmonica
Billy Drummond : batterie
Martin Wind : contrebasse
Sébastien Paindestre Trio "Paris" en concert
Samedi 25 juin 2016
Autour de Midi et de Minuit
11, rue Lepic, 75018 Paris
Tél : 01 55 79 16 48
Sébastien Paindestre : piano, Fender Rhodes
Jean-Claude Oleksiak : contrebasse
Antoine Paganotti : batterie
> L'agenda-concert de Sébastien Paindestre
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