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Les Inrocks admettent leur une "contestable" sur Bertrand Cantat

Le magazine les Inrocks a reconnu mardi que sa une sur Bertrand Cantat était "contestable". Cette couverture a provoqué de vives réactions : un éditorial cinglant du magazine Elle consacré à la mémoire de son ex-compagne Marie Trintignant, morte sous ses coups, et l'indignation de Marlène Schiappa, la secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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"La souffrance qu'a pu engendrer cette couverture nous a profondément touchés", affirme l'hebdomadaire dans un édito intitulé "à nos lecteurs" mis et en ligne mardi, après les réactions indignées suscitées par sa couverture la semaine dernière. "Les réactions qui ont suivi (...) nous ont bouleversés. Tout cela nous engage et nous engagera à faire toujours preuve de vigilance dans notre façon de traiter et de mettre en scène les sujets que nous estimons importants. Pour un magazine comme Les Inrockuptibles, le retour de Bertrand Cantat à la musique en fut un", explique le magazine. 

Toutefois, "le mettre en couverture était contestable. A ceux qui se sont sentis blessés, nous exprimons nos sincères regrets", poursuit l'édito, révélant que le choix de cette une a suscité de nombreux débats en interne.

"Au nom de Marie" : la riposte de Elle 

Le magazine Elle avait, plus tôt, publié un éditorial dédié à l'actrice. "Marie Trintignant, on ne t'oublie pas. Il faudra davantage que la médiatisation obscène de Bertrand Cantat pour éteindre ta flamme", écrit la journaliste Dorothée Werner dans ce texte intitulé "Au nom de Marie" et posté sur les réseaux sociaux. "Une lumière ici requiert une ombre là-bas, écrit Virginia Woolf. Tu es à la fois cette ombre et cette lumière, cette douleur et cet espoir qu'un jour enfin cesse cette violence tout simplement inouïe", poursuit-elle.

"Avec cette grâce si singulière, son visage est devenu celui de toutes les femmes victimes de la violence des hommes. Le visage des 123 anonymes tuées par leur conjoint l'an dernier. Celui des 33 inconnues qui, chaque jour, dénoncent un viol en France. Celui des femmes harcelées ou agressées - 216.000 plaintes déposées en 2016", rappelle l'hebdomadaire féminin.

Colère de Marlène Schiappa, la secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité

La une du 11 octobre des Inrocks consacrée à l'ex-leader de Noir Désir Bertrand Cantat pour son premier disque solo à paraître "Amor Fati" a créé la polémique et a été fustigée par Marlène Schiappa, la secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes, ainsi que par l'ancienne ministre du Droit des femmes Laurence Rossignol.

Chaque réapparition artistique et médiatique de Bertrand Cantat, comme lors de son retour discographique en 2013 avec le groupe Détroit, suscite des réactions véhémentes depuis le drame de Vilnius à l'été 2003. Sa compagne d'alors, l'actrice Marie Trintignant avait succombé à ses coups après une violente dispute et Bertrand Cantat avait été condamné à huit ans de prison pour homicide. Il en a purgé quatre, dont un en Lituanie, avant de bénéficier d'une libération conditionnelle en 2007. Depuis juillet 2011, son contrôle judiciaire a pris fin. 

Extraits de la note aux lecteurs des Inrocks

Depuis une semaine, la couverture que nous avons consacrée à Bertrand Cantat suscite une vive polémique. Certains de nos lecteurs, des personnalités, des citoyens, des artistes ont exprimé publiquement, parfois de façon très virulente, leur désaccord face à ce parti pris éditorial qui a été celui de notre hebdomadaire. Nous avons également reçu, à titre personnel, des messages qui signifiaient leur désaccord, leur mécontentement, voire leur profonde déception. Ces messages nous ont touchés, parfois bouleversés. Face à certaines réactions, qui allaient du désarroi à la haine, nous avons éprouvé aux Inrockuptibles le besoin de nous rassembler, de parler, de débattre. Ensemble, en réunion générale et en plus petits comités, nous avons questionné cette couverture tout au long des jours qui se sont écoulés.

Certains nous demanderont alors comment il est concevable, sans faire preuve de schizophrénie, de consacrer une couverture à Bertrand Cantat ? La réponse est complexe. Pour certains, elle est même inaudible. Aux Inrockuptibles, nous faisons du journalisme. C’est notre métier, notre passion. Et le journalisme exige, parfois, d’aller questionner les zones d’ombre, d’aller au-delà des frontières et des évidences, quelles qu’elles soient. Le journalisme, ce n’est pas simplement une posture morale qui consiste à lever ou à baisser le pouce. L’histoire de Bertrand Cantat fait partie de celle des Inrockuptibles, depuis les années 1980. Noir Désir a été l’un des groupes qui ont construit l’identité de ce journal, à tel point que nous lui avions confié, en 1997, les rênes d’un numéro dont il était rédacteur en chef invité. Et c’est pour cela que nous nous sommes sentis légitimes, en 2013 déjà, à redonner la parole à Bertrand Cantat pour la toute première fois.

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