«Le Nouveau Dictionnaire du Jazz», des clés pour le jazz d’hier et d’aujourd’hui
Si vous êtes accro au web, «Le Nouveau dictionnaire du jazz» vous assène d'abord un rappel salutaire : il y a –toujours– une alternative à Wikipedia ! On ne sait pas forcément qui contribue aux encyclopédies en ligne... Mais on sait que notre dictionnaire très spécial a été réalisé sous la direction de trois passionnés de jazz : Philippe Carles, André Clergeat et Jean-Louis Comolli, journalistes, hommes de radio, mais aussi cinéaste pour le troisième, tous auteurs et co-auteurs d'ouvrages liés au jazz.
Que trouve-t-on dans le «Nouveau dictionnaire du jazz», genre musical aux filiations multiples, et dont l’acte de naissance est situé vers 1890 à la Nouvelle-Orléans ? De A à Z, on parcourt une mine d’informations sur les artistes, les ensembles, les styles, producteurs et maisons de disques, les lieux emblématiques, les instruments, le jargon… Pour chaque entrée, un texte inclut dates, précisions biographiques et s’enrichit d’un choix de disques jugés représentatifs, sortis jusqu’en 2010.
De jeunes musiciens ont fait leur entrée
La toute première édition du «Dictionnaire du jazz» remonte à 1988. Sorti dans la collection Bouquins créée par l’éditeur Guy Schoeller (1915-2001), l’ouvrage bénéficie aujourd’hui d’une version actualisée, ouverte au jazz contemporain et à certains de ses jeunes représentants comme le pianiste Tigran Hamasyan, 24 ans, ou la contrebassiste-chanteuse Esperanza Spalding, 27 ans. Désormais, le dictionnaire intègre 3.200 articles signés au fil des ans par une soixantaine de contributeurs : musicologues, journalistes, historiens, musiciens (chacun est présenté à la fin du livre). Ainsi, l’homme de presse –fou de jazz– Frank Ténot (1925-2004) avait signé l’article consacré au saxophoniste John Coltrane (1926-1967) dans la première édition, toujours disponible dans la dernière. Le dictionnaire est dédié à un autre illustre rédacteur, l’écrivain et critique Michel Boujut, disparu en 2011, qui fait l’objet d’une petite énigme dans les premières pages…
Quelques illustres absents
Le jazz est une musique aussi délicate à définir qu’impossible à enserrer dans un périmètre. Du coup, l’élaboration du dictionnaire n’a pas échappé au filtre subjectif des auteurs, tout comme les avis émis sur les artistes. Certains musiciens écopent d’articles moins flatteurs que d’autres… Sans parler de ceux qui brillent par leur absence. Les auteurs nous ont prévenus : «Ne sont accueillis ici que les musiciens ayant eu avec le jazz (sous toutes ses changeantes espèces) des relations significatives.» En guise de rattrapage, à la fin du dictionnaire, un index mentionne les pages dans lesquels les recalés sont, au mieux, cités. Parmi ces absents, figurent le contrebassiste Avishaï Cohen, la pianiste-chanteuse Eliane Elias, mais aussi Antônio Carlos Jobim (1927-1994). Etait-il pertinent de créer une entrée «Bossa nova» et de la refuser à son père fondateur ? A chacun de se faire son idée !
Ces partis pris n’ôtent rien aux qualités et aux richesses de ce dictionnaire, concentré indispensable d’histoire. Pour y évoluer totalement à l'aise, il est néanmoins nécessaire de maîtriser un minimum de vocabulaire musical.
«Le nouveau dictionnaire du jazz», Philippe Carles, André Clergeat, Jean-Louis Comoli
Collection Bouquins, édition Robert Laffont
1472 pages, 32 euros
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