La mort de la grande pianiste de jazz Geri Allen
Née le 12 juin 1957 à Pontiac, dans le Michigan, mais élevée et formée à la musique à Detroit, Geri Allen était l'une des plus brillantes femmes instrumentistes d'un genre musical, le jazz, qui en compte encore trop peu.
Artiste pétrie d'humilité, d'une grande timidité, cette artiste polyvalente s'était illustrée auprès de géants du jazz comme "Ornette Coleman, Steve Coleman [ndlr : ils n'ont pas de lien de parenté], Charles Lloyd, Charlie Haden et Paul Motian", comme le souligne Alex Dutilh, producteur de l'émission Open Jazz sur France Musique, dans un hommage émouvant posté sur son compte Facebook. "Récemment, on avait pu admirer son jeu audacieux avec Terri Lyne Carrington, Esperanza Spalding ou encore David Murray", se souvient-il.
Après des études de jazz à Wasington, puis à New York auprès du pianiste Kenny Barron, Geri Allen obtient un diplôme d'ethnomusicologie à Pittsburgh avant de repartir à New York en 1982 et tourner avec la chanteuse Mary Wilson et les Supremes.
Auprès du saxophoniste Steve Coleman, elle prend part à l'éclosion du mouvement collectif M-Base, laboratoire bouillonnant de nouvelles formes d'expressions et d'écritures jazzistiques lancé dans les années 80. Elle joue dans différents albums de Steve Coleman, dont le premier, "Motherland Pulse" (1985), auquel elle apporte une composition remarquée, "The Glide was in the Ride".
En 1988, sans cesser de multiplier les collaborations, elle sort "Etudes", un album réalisé collectivement avec le contrebassiste Charlie Haden et le batteur Paul Motian, et qui sera suivi par d'autres. Geri Allen s'associe aussi à divers projets de Haden et Motian.
En 1994, l'album "Twenty One" de Geri Allen, dans lequel la pianiste américaine a invité le contrebassiste Ron Carter et le batteur Tony Allen, lui vaut plusieurs distinctions.
Geri Allen accompagne ensuite le saxophoniste Ornette Coleman sur une suite de deux albums surtitrés "Sound Museum" et sortis en 1996.
En 2006, Geri Allen est mandatée pour composer une œuvre en hommage aux victimes de l'attentat du 11 septembre 2001, "For the Healing of the Nations", suite jazz sacrée pour voix. En 2010, son album solo "Flying towards the Sound" est salué par la presse jazz anglosaxonne.
En octobre dernier, Geri Allen avait sorti un disque en trio, "Perfection", avec le saxophoniste David Murray et la batteuse Terri Lyne Carrington.
Pédagogue dévouée à la transmission de son art
Parallèlement à sa carrière musicale, Geri Allen était également pédagogue. Dévouée à la transmission de son art, elle avait enseigné à l'Université du Michigan, mais aussi à New York, et travaillait ces derniers temps à l'université de Pittsburgh.En France, les habitués du festival parisien Jazz à La Villette avaient pu l'applaudir le 11 septembre 2016 lors d'un concert haut de gamme à la Philharmonie, lors duquel elle avait partagé l'affiche avec deux autres éminences du piano jazz, la légende McCoy Tyner et Craig Taborn, avec lesquels elle a joué ensuite en tournée en 2017.
Le 13 mai dernier, à Vincennes, Geri Allen avait formé un duo inédit avec le trompettiste italien Enrico Rava, dans le cadre du cycle Tempo Jazz de l'Espace Sorano.
Hommages
Depuis l'annonce de sa disparition, de nombreux artistes de jazz américains rendent hommage à Geri Allen, parmi lesquels Wayne Shorter et Christian McBride.https://twitter.com/amBROSEire/status/879707131263434752
https://twitter.com/yaronherman/status/879820529556967424
Quelques heures avant l'annonce de sa mort, des nouvelles alarmistes sur l'état de santé de Geri Allen avaient déjà provoqué l'inquiétude du monde du jazz.
https://twitter.com/vijayiyer/status/879532847526277120
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