Juan Rozzof destructure le funk à Jazz à Vienne
Lorsque le show de Juan Rozoff se termine, il reste toujours cette question : à quoi venons-nous d’assister ? Probablement à un spectacle qui ne rentre dans aucun moule, inclassable. Et tant mieux. Avec son énergie, son jeu de scène incroyable, Juan Rozoff étire les conventions du funk pour créer son propre univers. A la fois groovy, indéniablement sexy mais surtout original.
Juan Rozoff retourne la funk et la scène
Une véritable pile électrique. D’abord réticent, le public de Jazz à Vienne se laisse rapidement conquérir par le personnage. Juan Rozoff saute de partout, il crie, il chante, il joue de la guitare ou du synthétiseur. La force de Juan Rozoff est aussi de pouvoir faire intervenir plusieurs influences musicales dans ses productions. Il passe pendant plus d’une heure du rock, à la chanson française, tout en apportant des touches hispaniques ou africaines.Le "Prince français"
Celui qui portait un costume complet aux motifs léopard, est avant tout l’un des pionniers du funk en France dans les années 1990. Atypique, il ne s’est jamais plié aux carcans que l’industrie musicale a voulu lui imposer. C’est à la sortie de son premier album "Jam Sessions" qu’il hérite de son surnom. Et quand on se penche sur le phénomène, les ressemblances avec Prince sont criantes : deux artistes hypersensibles et créatifs, qui multiplient les expérimentations musicales pour proposer des shows incroyables.Parmi ces expérimentations, on retrouve aussi une forte propension à casser le rythme des chansons. Plusieurs fois, Juan Rozoff et ses musiciens s’amusent à s’arrêter de jouer. L’homme-félin en profite alors pour interpeller la foule qui scande son nom. De morceaux en morceaux, il s’improvise "escroc musical" et remercie chaleureusement son public. Parfois, il taquine les membres de son groupe. Son tromboniste en prend pour son grade lorsque Juan Rozoff affirme pouvoir se moquer de lui, "de toutes façons, il est Anglais, il ne comprend rien." Juan Rozoff, c’est avant tout un artiste qui ne se prend pas au sérieux et qui se veut résolument proche de ses fans, et des autres.
A son énergie débordante, le chanteur hispano-russe mêle aussi l’émotion. En toute fin de show, il pointe le doigt vers le ciel et crie "Sing it for Prince". Un hommage.
Lorsque j'ai entendu Prince pour la première fois, j'étais apprenti ébéniste. C'était sur une radio dans l'atelier. Je me suis dit : "je veux faire comme lui, mais en mieux !"
Juan Rozoff, quelques heures avant sa montée sur scèneLes paroles toujours plus extravagantes et dérangeantes fusent en même temps que ses vêtements tombent. Le "Kid de Minneapolis" aurait sûrement adoré son anticonformisme. Pour les spectateurs présents, la question ne se pose pas concernant celui qui a fondé la scène funk française. Ou bien celui qui la déstructure aujourd’hui.
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