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Jazz à Vienne : Bobby McFerrin "sings in the rain"

Bobby McFerrin est presque un habitué du théâtre antique. Le chanteur aux dix Grammy Awards est revenu à Vienne avec "Spirityouall", un dernier album profondément spirituel. Il a dû composer avec une météo particulièrement capricieuse qui n'a pas permis au public d'apprécier un concert de qualité dans les meilleures conditions.
Article rédigé par Marie Herenstein
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Marie Herenstein)

"I'm singin' in the rain, just singin' in the rain..." Assis derrière son piano, Bobby McFerrin, invité de la seconde partie de soirée de Jazz à Vienne ce mercredi, abandonne quelques minutes son répertoire pour entonner le célèbre refrain et improviser sur d'autres morceaux où il est question...  de la pluie. Cette invitée indésirable qui arrose les soirées viennoises depuis plusieurs jours déjà a malheureusement joué les trouble-fête dans les gradins du théâtre antique pour le concert de Bobby McFerrin et du Kenny Garrett quintet qui le précédait sur scène. 

Une invitée indésirable

"C'est que ça tombe vraiment !", s'exclame le chanteur à plusieurs reprises. "Vous êtes courageux d'être venus ! Je ne sais pas comment vous faites il fait vraiment très froid. Moi je suis abrité, mais j'ai froid !" Le public aussi. Emmitouflés dans leurs ponchos ruisselants, les spectateurs transis n'ont pas vraiment réussi à réchauffer l'ambiance.

"Can't find my way home", reprise de Steve Winwood

Difficile de faire claquer fort des doigts humides quand la choriste Madison, la fille de Bobby McFerrin, interprète le classique "Fever". La jeune fille à la voix prometteuse a mis de côté son groupe, Cosmodrome, pour rejoindre son père sur la tournée "Spirityouall" (titre du dernier album). Entre père et fille, la complicité est évidente: des regards, des rires et les yeux brillants de Bobby lorsqu'il s'efface pour laisser la place à Madison.

Madison et Bobby McFerrin, la complicité d'un père et de sa fille
 (Marie Herenstein)


"Fever", Madison McFerrin et Jeff Carney

Les applaudissements nourris et les bravos en fin de concert prouveront bien que cet habitué de Jazz à Vienne n'a pas déçu (de mémoire de spécialiste, c'était au moins son cinquième passage) mais cela ne suffira pas à obtenir un rappel digne de ce nom, laissant les spectateurs sur leur faim.

  (Marie Herenstein)

À l'issue d'un set parfaitement mené, Madison McFerrin, Gil Goldstein (accordéon, claviers), David Mansfied (guitare, mandonline, violon), Armand Hirsch (guitare), Jeff Carney (basse) et Louis Cato (guitare, batterie) saluent. Bobby McFerrin reviendra seul sur scène, après avoir enfilé un pull, faire un ultime et court pied de nez chantant au mauvais temps. Un dernier p'tit tour et puis s'en va... 

Recueillement

À la (petite) décharge de la pluie, les morceaux issus de Spirityouall n'aident pas non plus à créer une ambiance bouillonnante. Mélange de morceaux bluesy et de negro spirituals inspirés par ceux que lui chantait son père enfant (lui-même chanteur d'opéra), l'album incite davantage au recueillement, à la spiritualité (d'où son titre), qu'à des sautillements primesautiers.  

"Jesus makes it good", "Fix me Jesus", "25:15", "Woe" (inspirés par des psaumes)... Bobby McFerrin chante, assis la moitié du temps, une foi qui lui permet, dit-il, d'entreprendre tout ce qu'il fait : parler, marcher ou chanter. On l'écoute donc presque religieusement même si certains titres comme "Wishful thinking" donnent soudain l'envie de se lever et d'entrer dans la danse. La maîtrise de la voix est toujours là, les scats aussi quoique moins présents (il y aura trois "circle songs").

Inspiré par la foi

"Je n'essaye pas de faire des performances sur scène, explique-t-il dans la biographie à lire sur son site. J'essaye de chanter comme je chante dans ma cuisine, parce que je ne peux pas m’en empêcher. Et j'ai envie qu'une fois un concert terminé, les gens chantent aussi dans leur cuisine le lendemain matin. J'ai envie que le public accède à l'incroyable sentiment de joie et de liberté que je ressens quand je chante." Une joie que l'on a pu deviner à Vienne et qui aurait certainement été plus éclatante sous d'autres cieux.

  (Marie Herenstein)
  (Marie Herenstein)


 

 

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